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La diva, ses musiciens et
le virtuose partagent
le même trône

le temps de la
célébration de la maternité

Émeline Michel en spectacle

 

par Marie flore Domond

 

 

 

 

Emeline. © matinikphoto.com

Emeline
Plus d’une heure de retard! S’en était déroutant. L’idée de l’étalage de notre indiscipline viscérale tenait de moins en moins. L’inquiétude semblait gagner  du terrain. Les spectateurs commençaient à appréhender sérieusement la possibilité d’un inconvénient majeur auquel les organisateurs devaient faire face. Mais au bout de cette interminable attente, une réjouissance triomphale allait se pointer. Car la chanteuse, Émeline Michel entendait célébrer la fête des mères  en déployant tout son charme. D’ailleurs l’honorable député du comté de Viau, Emmanuel Dubourd qui était présent a succombé sans résistance sous le poids de cette séduction typiquement créole.

Une artiste accomplie

En vérité, la reine de cœur a conservé jalousement au cours de sa carrière la boussole de sa dynastie patriotique. Quelle soit notre idole ou pas, personne ne peut nier  la maturité de son inspiration qui a longtemps atteint un niveau de spiritualité hors du commun. Pour ainsi dire, plusieurs de ses compositions s’expriment comme des prières sur des mélodies infernales. Sous le thème de la Foi, l’artiste accomplie, Émeline Michel a  dégagé une énergie digne d’une femme de conviction. Dans son répertoire, elle a puisé: Beni yo, Pè étènèl, le classique Misè a fini pou nou et Marie Sella entre autres.

De surprise en surprise

Alors que les spectateurs attendaient l’apparition de la Diva directement sur la scène, un coup de théâtre s’est produit. La reine de cœur est arrivée à la porte principale, de sa voix retentissante forçant l’assistance à faire demi tour de leur siège pour la regarder s’approcher dans l’allée avec son tcha tcha en main et le micro à la portée de sa bouche.

Décor simple,  parure de luxe

Le charme de la vedette ne s’arrêtait pas à la limite de sa voix, mais aussi par son allure quasi excentrique. Vêtue d’un ensemble trois pièces de couleur flamboyante : d’un jaune citron, d’une  teinte rouge fuchsia exotique et d’un motif  rose bohémien. Ce dernier tissu vaporeux couvrait la robe de gala de deux tons. La finition était assortie d’un vèvè en forme de cœur et autres configurations. Le schéma représentait sans nul doute le symbole de la déesse de l’amour, ma maîtresse Erzulie Fréda. Progressivement, au cours du spectacle, la tunique et le foulard ne faisaient plus partie du décor.

Prestations de qualité

Au milieu du spectacle, un des invités spéciaux s’étaient manifesté. A l’une des pièces qu’il  exécutait avec les musiciens de la chanteuse, on aurait dit que Daniel Bernard Roumain, DRB, virtuose du violon s’était aventuré au cœur d’une forêt sauvage et qu’il entendait apprivoiser les créatures avoisinantes. Cependant, le cri strident  d’un oiseau de proie revenait momentanément revendiquer la suprématie de son territoire. Et là, chaque musicien était maître de son instrument.

Sur un autre élan musical, Toto Laraque  a brandi de sa chaise pour se mesurer d’égal à égal  accordant ainsi sa guitare en notes majeures avec l’instrument du violoniste de renom qui lui tenait tête. Cette scène spectaculaire a soulevé l’enthousiasme du public en délire. Soudain, instinct maternel de la hôte s’était aussitôt manifesté afin de protéger son aîné de sa propre désinvolture, en raison que ce dernier a été victime d’un accident qui l’empêchait de trop bouger et de se déhancher comme à la coutumée.

La troupe EKSPRESYON quant à elle  a agi comme des bulbes qui font pétiller le champagne. Toujours fidèle à la tendance spirituelle déjà propagée dans l’enceinte, la prestation  très éloquente d’une danse favorite d’un dieu ancestral: le samba a été offerte au public. Et bien que cette  expression soit réputée pour son déhanchement osé, les artistes l’ont exprimée avec élégance et grâce pareille à l’allure prestigieuse de la boisson.

Témoignage  fraternel de reine de cœur

Émeline en a profité pour rendre un vibrant hommage à ses parents, sa famille, son fils Julien y compris. Elle a particulièrement encensé  sa sœur Émeraude Michel  pour son support, son dévouement, son Amour inconditionnel à son égard. L’artiste a déclaré que sa sœur représentait véritablement pour elle une pierre précieuse qui décore joliment et agréablement sa vie de tous les jours. C’est une façon de dire que sa famille est tricotée serrée. Dautres preuves de reconnaissance ont été dirigées vers Ralph Boncy, pour son implication dans sa vie artistique, Nancy Roc, pour son esprit de l’initiative, Maguy Métellus, pour sa chaleur, Henri Salgado, pour ses inspirations et sa générosité. Maggy et Henri qui ont d’ailleurs assuré l’ouverture du spectacle en affichant tant de désinvolture…

L’humour de la diva

L’interaction entre la chanteuse et le public a suscité quelques répliques bien senties de la part de cette dernière. Ce fut un humour mordant qui exprimait le genre politiquement incorrect. Comme l’interaction était palpable entre l’artiste et son public, elle a eu l’idée de  demander à l’assistance quelle est la chanson qu’elle voudrait entendre. Bien entendu, chacun dictait sa préférence dans une telle cohue que l’artiste rétorqua: «Je réclame silence dans la salle s’il vous plait. Et si je n’obtiens pas satisfaction, je sors une arme, je tire en l’air.» Voilà le fin fond de l’histoire!

Emeline

Viré monté