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Ton silence était fête à joanie
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mon amour
s’il faut aimer dans la nuit
s’il faut mourir au jour le jour
des errances du terroir
s’il faut à jamais s’agenouiller la main sur la poitrine
les doigts sur le cœur et dire merci aux pissenlits
aux fleurs des dix heures
aux bougainvillées aux camélias aux arachides amers
dans la détresse des rues et des fillettes amputées
deux par deux
et s’abandonner à la multitude de cris d’hommes et de femmes
éparpillés d’entre soupirs
Ô mon amour
de mes amours de celles qui disent
tout haut ma désolation ma déraison
infinie des fleurs de l’ancrage
je te regarde aujourd’hui
avec émerveillement
depuis nocturnes
tes yeux de salamandre
qui environnent ma foi au récif
de l’exil
déchiffre madame déchiffre
ce cœur qui soupire au passage
des trépassés
ces feuilles qui saluent l’arrivée du soleil
ces doigts qui paginent ta lettre lue
en chemin
mon amour pour toi
rejoint les premiers temps de l’ébène
un cœur saigné à blanc comme une offrande
ton amour de jeunesse
jeté dans le silence d’autrefois
refleurit comme le lierre des dernières amarres
dans la fraîcheur et le bonheur des derniers danseurs
bénies ces nuits
où je fus dans le secret des feuilles
dans le sommeil de la corolle
dans le songe des morts toujours des morts
de mon printemps jusqu’à l’hiver de nos poèmes
si lointains et si simples
comme tu as maigri avec le temps
depuis les apocryphes de mon cœur droit
nocturnes
l’été de nos vingt ans
magnificence de tant de vers à réciter et à écrire
nous parlerons les langues humaines
la langue aimée des coccinelles
nous irons habiter nus dans les voiles
femmes de partout et ma neutralité
mon aimée
de mes amours à uriner dans le lis
des rivières des canaux des trottoirs
et dans ton lit où j’écoute à peine un poème
je me moque de tes yeux râpés
ma bien-aimée
guédé de ce mariage à contrecœur
ô douce de mes territoires
égarée dans les brises où mon nom
est inscrit
ouvre ta bouche mon adorée
et parle la langue de chaque homme
de chaque femme que l’on n’a pas connue
je t’ai attendue dans le souvenir des ports
dans la souffrance des tiges nouvelles
à chaque brassée de vin blanc
dis mon amour
s’il faut t’aimer au milieu de la vie
s’il faut écrire encore des vers
à toi la sentinelle
aimée de mes amours
safran de mes cahiers d’exil
je me jetterai alors dans la solitude
du voyageur égaré à nos frais
car ton silence était une fête
et mon absence un souhait
ô mon amie
ô ma mine d’or
Washington, NJ, 15 février 2010