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par Saint-John Kauss |
La violence sourde et le racisme au beurre noir sont monnaie courante dans les centres de recherche québécois. Nous les avons connus à l’hôpital Notre-Dame, à l’hôpital Sainte-Justine, et surtout à l’hôpital Louis-Hyppolite Lafontaine. Au Centre de recherche de l’hôpital Notre-Dame, aucune bourse n’était encore, vers les années 1980, octroyée à un immigrant. Il nous a fallu l’aide du docteur Eugenio Rasio pour arracher une pitance de ce Centre. À l’hôpital Sainte-Justine, le racisme provenait plutôt des techniciens «pure laine» jaloux de notre savoir. Ils faisaient disparaître tout échantillon des biopsies d’une expérimentation. Le problème n’était pas notre couleur, mais plutôt notre statut de doctorant. Il ne fallait pas que les expériences marchent. Il faudrait alors les retarder coûte que coûte; et s’il le faut, nous décourager dans notre ambition d’être un jour patron de thèse ou de laboratoire. Le troupeau était au courant des coups-bas, mais personne ne savait rien de rien. Et si la victime essayait n’importe quoi en termes de plainte et de justice, elle aurait affaire à la troupe prête à bondir et à l’accuser de troubleur de l’ordre scientifique. Pourtant le racisme y est, fraîchement monopolisé dans les laboratoires et dans les salles de cours. Nous étions de la seconde génération de chercheurs à subir ces offenses à cause de notre statut de minorité visible.
Violence et minorités semblent s’accorder à merveille. Au Moyen Age, les lépreux, juifs, musulmans, ont subi tant de railleries et préjudices, croisades et massacres en Aragon (Espagne, 1320) de la part des chrétiens qui les considéraient comme des ennemis naturels. Cette violence sacrée atteindra son paroxysme au XXe siècle, avec Hitler et tous les centres de concentration que l’on sait. Depuis 1492, avec Colomb, les Amérindiens ont été traités comme des sous-hommes et sont jusqu’à maintenant parqués dans des réserves. La loi de la majorité tend à réduire le potentiel de toute minorité.
Haïtien, nous voulions, après notre licence en Biologie expérimentale à et de l’UQAM, débuter une maîtrise en sciences cliniques. Nous nous sommes inscrits à l’université de Montréal et nous avons rencontré le docteur Gaston de Lamirande, lequel nous avait signifié que le dossier était incomplet. Nous devrions avoir trois lettres de recommandation dans ce dossier, et nous n’y avions que deux. Demandé en grâce et par grâce, monsieur de Lamirande, gentiment, nous avait fait venir dans son bureau pour nous dévoiler laquelle des trois lettres manquait. Notre propre patron de stage en immunologie après notre licence à l’UQAM, ne nous avait pas envoyé sa lettre de recommandation, par exprès. C’était en 1984, et le SIDA faisait rage. Il nous avait un jour expliqué que, scientifiquement, à cause de cette maladie, le peuple haitien était condamné à disparaître. Mais le professeur Lamirande, comprenant le geste de son confrère Michel Fournier, nous recommanda le docteur Eugenio Rasio en tant que futur patron de thèse. En notre présence, il l’appela, et ce fut réglé pour les cours de maîtrise.
Deux ans et demi plus tard, nous voilà à l’hôpital Sainte-Justine pour notre doctorat en recherche. De tous faits évoqués, nous avons été obligés de lire le jour, d’expérimenter dans l’après-midi et la nuit, et de traduire les résultats le lendemain. Donc, nous avons travaillé à l’hôpital Sainte-Justine non pas 8 heures par jour comme tout employé, mais 16 heures pour pourvoir à cette chance de posséder ce doctorat de 3e cycle tant convoité. Une fois terminé, personne ne voulait venir à notre soutenance organisée à l’hôpital Notre-Dame. Nous avons eu l’honneur d’avoir le célèbre docteur Patrick Vinay comme président du Jury. Tout le laboratoire, notre laboratoire a été forcé par le docteur Ijaz Aslam Qureshi d’y être présent, et une petite fête, en notre honneur, a été organisée à l’hôpital Sainte-Justine le lendemain de notre soutenance.
Nous avons été plus tard (1993) accueilli royalement à l’hôpital Louis-Hyppolite Lafontaine par le docteur Guy Chouinard. Par ce fait même, nous avons failli être «déjoués» par des comploteurs et kabbalistes de haute gamme. Le professeur RT, raciste de hauts poils, ne comprenait même pas ce que nous y faisions. Une subvention d’un million de dollars nous a fait sortir du Centre de recherche Fernand Seguin (CRFS). Arrivé avec son équipe au Centre, muni de son million, il avait signifié au docteur Hugues Cormier le désir d’avoir notre bureau. Sinon, il serait parti comme il était venu. Le professeur HC devrait s’arranger pour nous pousser le dos malgré les promesses du début (1993), c’est-à-dire de signer et de signifier pour notre nomination en tant que professeur et chercheur-adjoint au Centre de recherche Fernand Seguin (1997). Et ce fut ainsi que toute une batterie de plaintes et de sottises ont été planifiées et exécutées contre nous. Nous avons laissé le CRFS les larmes aux yeux, mais nous ne savons pas comment les docteurs HC et RT l’ont quitté eux-mêmes. Les journaux, sept ans plus tard, jour pour jour, nous ont renseigné que le docteur HC fut pris en flagrant délit avec des femmes psychotiques qu’il couchait. Que son âme et son sexe reposent en paix!