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Le racisme du bureau

Saint-John Kauss

Avez-vous déjà vu un couple blanc sortir d’une église locale haïtienne? Avez-vous aperçu une famille noire sortir d’une église protestante blanche? Le père de famille noire qui conduit ses enfants ainsi que sa femme dans une église locale blanche, vient d’une lignée de noirs à problèmes, selon certains. Il semblerait plutôt vouloir se démarquer des autres compatriotes par l’échelon social. Le Noir qui fréquente plutôt le Blanc est de coutume un individu qui a honte de sa race ou de son milieu. Il se sent tellement malaisé qu’il n’habite pas le quartier noir, qu’il ne sorte pas les filles noires, qu’il ne danse pas la musique noire. Il préfère Presley à Bob Marley ou B.B. King, et ne visite pas les villes noires. Atlanta ne lui plaît guère. Il ne se sent à son aise qu’à Anaheim (Los Angeles) où le Noir est toujours policier et le  Mexicain cireur de bottes ou dame à tout faire.

Le Noir, dans les églises locales, est très conciliant. C’est un charmeur bien taillé, couvert de belles filles, aspirantes au mariage en Christ. Ne vous démêlez pas messieurs, les meilleures femmes noires se trouvent dans les églises, pour le moment. Voilà pourquoi il y a tant de conversions d’anciennes filles de joie. Ont-elles vraiment laissé le grand monde pour le pauvre Jésus? Certaines, positif; mais d’autres pensent tromper le Christ en faisant marcher leurs mecs à leur guise. Car «chassé le naturel, il revient (souvent) au galop.» Ces filles ou femmes désormais, si elles se marient grâce à Dieu et restent à l’église, ce n’est pas pour les beaux  yeux de Jésus. Elles continuent en cachette le train-train quotidien qui est d’entretenir d’autres relations parallèles (amants) et contingentes (mambos) à l’insu de leurs maris, pasteurs de demain.  D’autres refusent carrément à leurs maris la conversion. Pourquoi deux convertis  à la maison, rouspètent-elles? Tout simplement pour mieux fonctionner en dehors du mariage et dans l’église.

Le Noir débrouillard, cherchant du travail à faire, se fait commerçant dans l’église, crachant prédications à droite et bénédictions à gauche, sifflant à tout ce qui bouge que le Seigneur a mis sur son cœur des versets et autres révélations qui annoncent une demeure à tous pour l’éternité. Bourrés de problèmes (femmes battues, maris délaissés, amants en cavale, filles-danseuses-nues, cousines aux abois d‘un fiancé récalcitrant, tantes atteintes de maladies mentales, voisins agités d’un fils emprisonné pour possession de drogues, mères âgées au superlatif, etc.), les fidèles ou l’assemblée de l’église se gavent davantage chaque jour de ces fantaisies d’inspiration mythique, et le tour est joué. Le Malin rit des pasteurs, grands théoriciens devant l’Éternel, sans aucune goutte d’autres connaissances que les phrases répétitives de la Bible. Bien entendu, nous connaissons des pasteurs, sans aucun savoir de mystification et d’injustification. Mais ils ne font aussi que répéter comme des jacquots pieds noirs ou bruns, et sont très complexés puisque retardés. De plus, il faut être bon comédien pour être un bon pasteur.

Dans les églises locales, il y a aussi les grosses dames d’un poids lourd et démesuré. Ce sont les anciennes qui deviennent dames-missionnaires et de chorale. Malheur à quiconque se laisse découvrir ou recouvrir par ces dames! Elles parlent,  de mauvaise langue, comme elles ont vécu à la vitesse de l’éclair,  prenant homme à droite et à gauche, pour la plupart. Fatiguées des forfaits, elles prennent aujourd’hui du bon repos sur le dos du Christ. Nous n’avons pas de problèmes si elles sont sincères, puisque notre destinée et la critique n’appartiennent qu’à Dieu. Jésus est là pour porter sa Croix. Mais combien de fois la plupart de ces dames, à ce moment même, ont-elles attristé l’Esprit-Saint?

Il est vrai que la vocation chrétienne est l’une des plus nobles et des plus énergisantes. Mais pour l’avoir ouverte à tout le monde, comme l’a voulu John Wesley, nombreuses sont les chaînes du désespoir à encaisser et à nourrir. Le loup et l’agneau se sont retrouvés dans le même pâturage. Nous avons discuté avec des baptisés de longue date à savoir que l’église actuelle mérite un réaménagement à la hausse, un renouvellement des pasteurs à neuf, une rénovation même du décor des membres de conseils et de comités. Certains ont passé leur vie au même endroit et au même poste; et puisqu’ils sont au service de Dieu, se prennent vraiment pour le Fils de Dieu à les entendre parler et prier. Mais on est tous des enfants de Dieu. De plus, les églises locales semblent s’enfoncer sous le poids de tous ces pasteurs-docteurs.

C’est Voltaire qui avait raison quand il disait que «si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer». Il surenchérissait que «la religion est l’opium du peuple». Et à Sartre de s’énerver: «Quand Dieu se tait, on peut lui faire dire ce que l’on veut.»

 

Viré monté