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Anthologie de lectures

Anthony Phelps, un Nègre spécial

Saint-John Kauss

Photo Jacob1988
This work has been released into the public domain by its author.

Anthony PHELPS, né à Port-au-Prince en 1928, de famille mulâtresse et bourgeoise. Principal animateur du groupe Haïti-Littéraire, dont faisaient partie Davertige, Serge Legagneur, Roland Morisseau et quelques satellites. Il fonda la revue Semences, mit sur pied et anima le groupe de comédiens Prisme. Après un séjour dans les pénibles geôles du Dr François Duvalier, il fut contraint de quitter le pays, s’établit à Montréal dès mai 1964.

Il a généralement publié: Été, poésie, Port-au-Prince, 1960; Présence, poésie, Port-au-Prince, 1961; Éclats de silence, poésie, Port-au-Prince, 1962; Points cardinaux, poésie, Éditions Holt Rinehart et Winston, Montréal, 1967; Mon pays que voici (suivi de) Les dits du fou-aux-cailloux, poésie, Éditions P. J. Oswald, Paris, 1968; Le conditionnel, théâtre, Holt Rinehart et Winston, Montréal, 1968; Et moi je suis une ile, contes, Éditions Leméac, Montréal, 1973; Moins l’infini, roman, Éditeurs Français Réunis, Paris, 1973; Éditions du CIDIHCA, Montréal, 2001; Motifs pour le temps saisonnier, poésie, P. J. Oswald, Paris, 1976; La bélière caraïbe, poésie, Éditions Nouvelle Optique, Montréal, 1980; Orchidée nègre, poésie, Éditions Triptyque, Montréal, 1985; Même le soleil est nu, poésie, Éditions Nouvelle Optique, Montréal, 1987; Les doubles quatrains mauves, poésie, Éditions Mémoire, Port-au-Prince, 1995; Immobile voyageuse de Picas, poésie, La Rosa Éditrice, Torino, 2000; Immobile voyageuse de Picas et autres silences, poésie, Éditions du CIDIHCA, Montréal, 2000; Mémoire  en colin-maillard, roman, Éditions du CIDIHCA, Montréal, 2001.  Anthony Phelps est également photographe et chimiste.

Sept incarnats pour Magloire Saint-Aude

I
Sur la clôture de l’année
l’insecte au chrysanthème
écrit son nom avec mes mots
et moi
pape des dits rouillés
sérieux
guetteur du rêve au bois de juin
je m’ouvre à l’araignée chiromancienne
mains en chinoises sur ma femme

II    
Secourable
l’homme au grenier
qui dessine l’enfance
à lente craie
Initiative à main levée
les murs s’écartent                                     
et le toit se soulève
pour m’irriguer d’un chant de sein
moi
navigateur aveugle
la nuit en marelle au cou
sans pion

III
Esthète blasé
enroulé dans sa manche
filant
vané
sur l’aromate de peau
va le Poète idoine
au lieu creux dit du vent

Taches de veille
en kérosène ignare
la suie le romarin
sacrent le sphinx
sans rémission

O idole dévoyée
les pieds peuplés de dos
au revers des paroles de bénitier
veille
barême
ta fêlure en losange

IV   
Au seuil du rien
mon sexe songeur et couturier
ce long navire sans boussole
enfonce dieux et tabous

Un rire de femme
au revers du macadam
lève la cabale en demi-teinte
ô retombées
où l’acte de mourir est exorcisme
où le passé
dans son relent de dentelles incongrues
quête encore un bourgeon
un supplément de sève en parapluie
(…)

                            (Motifs pour le temps saisonnier)

 

*

 Viré monté