Potomitan

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Neiges

à Elsie Suréna

 «neige; calligraphie du silence…»
(Marie Uguay)

Saint-John Kauss
 

morte la mer et ses pieds nus dans la neige l’odeur des tambours et des poètes parfaits délinquants et rebelles des mots

 

d’une fine pluie blanche d’émaux et camées j’ai tracé l’avenir des tourterelles des pignons et des fagots éparpillés autour de mille étoiles

 

et j’eus souvenance de tous les souvenirs aux mannes vides                femmes pleines d’une insoucieuse enfance        flocons de joie des badauds sans-abri       serpentins d’étincelles à la risée du poème

 

Ô neige ô manne du ciel tombé amante de tant d’avatars
je t’offre chrysanthèmes et farandoles de nuit
nuits de Noël et ses déjoués enfants
rires insensibles des paroles de la fleur ingénue
vent brutal dans le partage des jouets

 

morte la mer / la fille du poète saccadé de tant de pleurs de tant de traits d’union qu’incarnent les sermons de tout dire à quiconque camelots des jours et des rues oubliés dans les marelles                          journaliers sans lendemains jusqu’aux serrements des mains

 

mais pour qui sont ces noëls de pleine neige sans confettis ni navires au port sans lunes rouges au vif d’argent

 

un abri une mère face contre mer demeure des pauvres ayant bu la nausée des vagues 
nos secrets nos amours sans clairs de lune
de neige fondante jusqu’à la chair des matelots
 

la rosée des neiges qui pleurent le désoeuvrement des nègres égarés dans la brutalité des villes sans sommeils des rues de neige sans fin
le fanal du mage qui traîne des chrysalides au loin des bauges du soleil

 

si proche des ramures et troubadours de la joie
d’un coquillage trouvé dans la neige
va jusqu’à la hauteur des sources
     jusqu’à l’épuisement de la terre
     jusqu’à la démesure de l’homme

                                                                     Sainte-Thérèse, fin octobre 2009

Viré monté