Kaz | Enfo | Ayiti | Litérati | KAPES | Kont | Fowòm | Lyannaj | Pwèm | Plan |
Accueil | Actualité | Haïti | Bibliographie | CAPES | Contes | Forum | Liens | Poèmes | Sommaire |
Au tour des morts à Chambeau N. Ottawa-Gatineau, 03 octobre 2022 Plaque à l'angle d'un immeuble de Charenton commémorant Paul Éluard. Photo: Groume. |
J’ai ouvert les yeux les yeux fertiles de Paul Eluard à me demander où sont les nègres d’antan de Vertières dirigés par les obus du soir les cartouches d’un matin les barricades de l’après-midi d’une pauvre famille de rebelles
J’ai menti à l’enfant celui d’une des cousines que la vie n’est pas provisoire si la lignée des gènes voyage aux anecdotes des fleurs
Sans égards ni lettres de créance auprès de la gouttière des mots le papyrus tétanisé vers l’autiste ukrainien le marchand de Bagdad le poète fou de Tripoli
Ces morts que nous avons vifs sous les yeux n’ont pas reconnu le voisin d’à côté la fille du berger ni la femme du boulanger
Ces herbes folles du cimetière ont tout oublié le braconnier le jardinier le normalien comme l’avocat du quartier le médecin et l’épicier du village
Mais j’ai rêvé de la liberté des couples de la fraternité des peuples de l’architecture des frontières des enfants mêlés par adoption
De ces îles à pécheurs
De ces caravanes bouddhistes balayant le vent
De ces femmes musulmanes caressant l’enfant
De ces filles ottomanes amoureuses de l’amant
De ces amérindiennes fessées et nues sous les nuages
De fêter le temps des vivants au tour des morts
*