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Paul LARAQUE ou l’âme noire

Saint-John Kauss

Paul Laraque (pseudonyme: Jacques Lenoir), né à Jérémie (Haïti) le 21 septembre 1920. Études élémentaires et secondaires chez les Frères de l’instruction chrétienne et au lycée Nord Alexis de cette ville. Diplômé de l’Académie militaire d’Haïti en 1941. Ancien assistant-chef d’état major des Forces armées d’Haïti, il fut mis à la retraite en novembre 1960 au cours de la grève des étudiants. Il dut quitter Haïti pour l’exil le 5 mars 1961. Vit, retraité de son poste de professeur depuis 1984, à New York. Il fut en 1964 destitué de sa nationalité haïtienne par Duvalier, père.

Paul Laraque a publié plusieurs ouvrages de poésie dont Ce qui demeure (1973), écrit aux alentours de 1945, Fistibal (1974), Les armes quotidiennes / Poésie quotidienne (1979), Solda mawon (1987), Camourade (1988), Le vieux nègre et l’exil (1988), Œuvres incomplètes (1998), Lespwa (2001). Il a également collaboré à la revue Optique (1954-1956). 

Quelques-uns de ses poèmes sont traduits en anglais, en espagnol et en italien. Paul Laraque a obtenu en 1979 le “prix de poésie Casa de las Américas” (Cuba). Il est décédé le 8 mars 2007, à New York.

 

 

                                              BALADE DE L’EXIL

                                                    « C’est un dur métier que l’exil. »
                                                                              (Nazim Hikmet)

                                                        pour nos enfants

 

homme de neige
et de fleurs
vivant selon l’instant
et jouant sur le temps
homme de toutes les saisons
et surtout de printemps
et d’herbe verte
comme l’enfance
ou la terre natale
ou le désir qui fait flamber l’amour
comme le four
où cuit le pain du jour
homme de neige
et de fleurs
l’exil est ta prison
femme-enfant
femme de tête et de cœur
ange gardien des invalides
petite fée des laboratoires
princesse du royaume des livres
femme libre des temps nouveaux
fille de la légende
qui enfante l’histoire
enfant de l’espoir
enfant que l’amour invente
différente
mais souveraine de toi-même
femme-enfant
femme de tête et de cœur
l’exil est ta prison

(…)

 

fille de haute lignée
dont la mère aux yeux verts comme la mer
a toujours gardé son regard de clarté
épouse prise dans les flammes du désir
épouse aux doigts de fée
mère transfigurée par le feu de l’amour
mère miraculeuse
tu donnas la vie
aux trois que voilà
et redonnas la vie
à celui-là
qui pour la vie t’aimera
pris dans les flammes de la douleur
transfigurés par la lumière de l’amour
l’exil est notre prison

                         (Les armes quotidiennes)

 

 

  • LARAQUE (Paul): «André Breton en Haïti», in Nouvelle Optique, Montréal, vol. 1, nos 2-3, mai 1971; Ce qui demeure, Nouvelle Optique, Montréal, 1973; Œuvres incomplètes, CIDIHCA, Montréal, 1999.

 

4.1.2012

Viré monté