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Des emmerdeurs de tous poils

par Saint-John Kauss

Le grand triage des emmerdeurs et immigrants noirs se fait ici. À tour de rôle. L’ami d’hier n’y est plus. Puisque la concurrence sur le marché du travail doit commencer quelque part, il faut désaturer cette saturation dans les collèges de Noirs à n’en plus finir. Les filles noires bossent le plus souvent mieux que les hommes. Mais ceux qui ont pu arriver jusqu’au CÉGEP, les hommes noirs, ce ne sont pas des enfants de chœur. Ce sont des rescapés de la grande purge au secondaire. Enfants, ils rêvaient d’être médecins, avocats, économistes, banquiers, ingénieurs. Les grandes professions les attiraient. Mais il leur faudrait des moyennes d’excellence. Il existe des cours, dirait-on, qui sont faits pour couler quiconque. Les Maths 101, la Chimie organique, la Chimie des solutions, pour ne citer que ceux-là,  sont des palliatifs à l’échec, sans aucune forme de procès. Et plus tard, à l’université, les Cours de mathématiques avancés (Advanced Maths for Engineers), de Statique, et de Résistance des matériaux. Le professeur raciste n’a qu’à attendre le moment opportun pour saisir sa proie sans la toucher. Il faudrait à un moment donné que ces professeurs jurent comme les médecins (serment d’Hippocrate). Au Québec, Haïtiens, Vietnamiens, Cambodgiens, Espagnols (parlant la langue) et Arabes, sont dans le même bateau. Les premiers arrivés, les Québécois, sont sur des gardes à longueur de journée. Par hypocrisie, ils vous invitent à dîner ou souper au restaurant, mais pas chez eux. Car les parents, de très anciens immigrés, se sentent envahis. Les devoirs en groupe au Collège ou Cégep, il faut choisir un autre immigrant en tant qu’immigrant comme coéquipier. Si l’un d’entre eux accepte que vous soyez du groupe, attendez-vous à des surprises, comme par exemple que votre nom ne figure point dans le TP en question. Et les professeurs ne réagissent guère à cet état de fait. Au contraire, ils s’enorgueillissent. Serait-ce un complot? Comment le prouver?

C’est au Collège aussi que les petits Blancs les moins racistes rêvent de sortir une Noire. Une déesse. Sa déesse. Visionnant trop de films sur Alexandre-le-Grand ou sur la Rome antique, ils fantasment depuis la rentrée au secondaire de posséder une noire. Est-ce par réflexe de colon? Oh! Non. Ils les gâtent. Mais c’est la femme noire qui ne comprend pas ce qu’il fait avec elle. Cet homme blanc est alors sujet à la désobéissance de son amante ou de sa future femme.

Le contraire est aussi vrai quand le petit Noir rêve de posséder une proie blanche. Réussite sociale, prédit-il. Dès lors, il ne fréquente plus les clubs noirs et les femmes noires. Il parle avec accent et ne discute que de Champlain et de Jacques Cartier. Il grandit, va à l’université avec eux, et se fait accepter par la troupe. Relation d’amitié oblige. Mais le divorce viendra frapper à sa porte parce qu’il a perdu son travail. Récession oblige, il sera le premier à être mis à la porte. Depuis ce malheureux événement, il visitera Haïti à deux ou trois reprises et ne parlera que de Dessalines-le-Grand.

Ce retour à la source n’est pas chose fortuite. Des fois, le sang appelle le sang pour des raisons anonymes et inconnues. Le pays, Haïti, a besoin de tous ses fils, anciens et nouveaux de l’après-Duvalier. Et depuis le tremblement de terre que l’on connaît, qui ne reviendrait pas, même partiellement, à l’Alma Mater? Qui ne saurait réfléchir, dans tous les domaines, aux besoins de ce lopin de terre? Oui, que vive HAITI!


 Viré monté