Potomitan

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L'onde et l'or

Didier Destouches

Me voici parvenu dans ces coteaux de fer
Où les pensées ont abandonné la lumière
Le triste abîme de solitude s’épanche
Et les fumées s’étalent, morbides tranches

Les splendeurs agonisent ici bas dans l’ombre
Entraînant les jours dans les eaux sombres
Et j’entends la pluie vorace sur les forêts lasses
Murmures liquides des valeurs qui trépassent

C’est une brume chancelante qui se ballade
Au gré des amertumes d’une pâle limonade
Et d’une gorgée d’absinthe digne des bas fonds
D’une ville anglaise aux murs dénués de balcons

Les jardins d’indolences aux tulipes mulâtresses
Abritent les derniers soupirs de festins de paresses
Et les idoles de pierre et de lait sont endormies
Là se terrent, désertés, des rêves d’étendard fleuries

Je chante pourtant encore les hymnes luminaires
Invaincu en mon chemin tourbillonnant et solitaire
Je grave sur ces murs les arabesques luisants
Et les forges de la terre brûlent les continents

Vois en ces feux antiques de la jeune création
Les offrandes que font les vivants au cruel Hypérion
Qui dans le tumulte des abysses ouvre un oeil
Tandis que les nymphes, du printemps font leur deuil

Je vais implorer les dieux qui ne voient plus l’aurore
D’écouter la joie de l’Eau et de sa fille l’Onde
Et je dirai au ciel l’amour des vallées profondes
Et la danse des rivières qui illumine l’éclat de l’or

Où es-tu divine Cassandre pour dire l’inéluctable
Tu es incomparable quand vient l’heure inévitable
La parole devient froide et au loin la tempête avance
Quand la nuit et le jour nous délivrent leurs sentences

*

 Viré monté