Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Rencontre avec la responsable
du Site internet Kapes Kreyol

- parue dans la revue martiniquaise Antilla N° 1086, 14 avril 2004

Photo Tony Mardaye

Karet

C'est aux pieds des Alpes suisses que, par la magie de la cybernétique, Antilla s'est téléportée pour vous.

But: révéler à nos lecteurs l'immense travail d'une suissesse italophone à qui la créolité doit un fier service.

La Signora Francesca Palli se passionne en effet, depuis sa région de lacs et de montagnes ensoleillées, pour la mise en ligne de ressources sur les créoles et sur la culture des îles.

Karet

Antilla : Madame Francesca Palli, vous êtes la responsable du site internet Kapes Kreyol. Vous êtes de Suisse, de quelle région? Quelle est votre profession ? Avez-vous une famille?

Francesca Palli : J’habite aux sud des Alpes, dans le seul canton suisse complètement italophone, le Tessin (Ticino). Je suis diplômée en biochimie, j’enseigne la chimie et la biologie dans un lycée. Mon mari Franco est enseignant de mathématiques et sciences naturelles au niveau secondaire. J’ai trois enfants : Luca ingénieur en informatique, Laura bientôt infirmière, et Pietro qui va passer le bac au mois de juin 2004.

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser au monde tropical ? Est-ce par le biais de la biologie végétale?

En 1996, après 20 ans d’enseignement, j’ai eu droit à quatre semaines de congé supplémentaire, et j’en ai profité pour visiter des pays tropicaux où l’on parle français, langue que j’ai apprise à l’école. Je désirais particulièrement voir de mes yeux la forêt hygrophile et les barrières coralligènes. J’ai choisi donc de passer deux semaines en randonnée à la Réunion et deux semaines, une de randonnée et une de plongée, à la Martinique.

Et c’est ainsi que vous avez fait connaissance avec notre culture?

En Martinique, j’ai rencontré un guide de randonnée, qui est devenu vite un ami. Son activité est présentée sur le site Natiyabel. Cette rencontre m’a permis d’apprécier l’hospitalité créole, et c’est encore aujourd’hui un de mes meilleur amis martiniquais. Pour lui et ses collègues, j’ai préparé un petit cours de botanique que j’ai mis en ligne et que je leur ai présenté au mois de mars 2003, lors de ma troisième visite de la Martinique.

Comment ce cours a-t-il été donné, reçu?

Je l’ai donné dans un salle de l’UCPA à Saint-Pierre. Les thèmes en sont les cycles reproductifs des principaux groupes végétaux (mousses, fougères, conifères et plantes à fleurs) et les critères pour identifier les familles des plantes tropicales les plus courantes. On m’a posé des questions sur d’autres sujets, par exemple: comment distinguer les fleurs mâles des bégonias des femelles? Ou bien si la poudre jaune qui se trouve au dessous des feuilles de certaines petites fougères qui poussent en montagne est constituée de spores !

Puisque je n’avais jamais vu ces fougères, je n’ai pas su tout de suite répondre. Quelque jours après, je suis montée à la Pelée en compagnie d’une des participantes au cours, qui m’a montré cette fougère. La poudre jaune ne pouvait pas être constituée de spores, après plusieurs recherches, j’ai trouvé qu’il s’agit d’une protection protéique contre le froid. On m’a raconté que les enfants martiniquais aiment s’appliquer ces feuilles sur la peau pour obtenir des images jaunes.

Comment avez-vous entendu parler du monde créole? Qu’est-ce qui vous a attiré?

Lors de mon premier jour en Martinique, j’ai conversé avec un jeune homme qui était à la plage avec sa fille de trois ans. Je ne sais pas grand-chose de lui, sinon qu’il travaillait à la réception de la résidence où j’ai passé mes premières journées en Martinique. Il m’a parlé du créole et de son emploi, le soir il m’a donné deux fiches d’introduction à cette langue. Une sur les mets créoles, l’autre avec quelques petites phrases utiles. Après cela, j’ai entendu beaucoup de gens parler créole.

Puis vous êtes rentrée au Ticino. Ensuite?

Alors que je préparais une introduction à la nature de la Martinique pour les journées autogérées de nos étudiants, j’ai signalé l’importance de leur donner aussi des informations sur l’histoire et la culture martiniquaises ! J’ai commencé à faire des recherches sur le web, car chez nous, il était très difficile d’avoir accès à la bibliographie dédiée à la culture créole.

Comment avez-vous rencontré le site Kapes Kréyol? Quels ont été vos échanges avec ceux qui l’ont créé?

Ainsi, j’ai découvert un site très intéressant, Potomitan de Jean-Pierre Lauhon, alias «Kounta» qui très gentiment a répondu à fond à mes questions. Mais des nouveaux doutes m’assaillaient continuellement, spécialement à propos de l'emploi du créole à l’école. A ce point, Kounta m’a invité à consulter le site Kapes Kreyol, que j’ai tout de suite trouvé très riche de documents sur la langue et la culture créoles.

Malheureusement, il y avait tant de problèmes techniques sur ce site…Par exemple, les lignes des textes qui dépassaient la largeur de l’écran, ou des liens qui ne pointaient pas correctement...

Comment avez-vous connu l’internet?

En 1988, j’ai suivi une formation pour animer des cours d’introduction à l’informatique, ensuite, j’ai toujours fréquenté des journées d’approfondissement. C’est ainsi que j’ai connu l’internet tout aux débuts de sa diffusion. En 1995, j’ai eu ma première adresse électronique, qui ne m’a pas été très utile vu que pour l’utiliser je devais me déplacer jusqu’au centre de calcul de la confédération situé à 50 minutes de voiture. Peu après, notre école à été connectée, j’ai alors commencé à m’occuper du site de la Société tessinoise des Sciences naturelles.

Vous vous occupez du site Kapes Kreyol depuis combien d’années? Comment cela a-t-il commencé ?

Ma collaboration à la gestion de Kapes Kreyol a commencé lorsque, en mars 2002, Jean-Pierre Lauhon, alias «Kounta» m’a donné le mot de passe pour améliorer la mise en page de documents qui m’intéressaient. J’ai alors commencé à régler la largeur, les liens qui ne fonctionnaient pas, à mettre de l’ordre dans les diverses rubriques… Plus tard, j’ai ajouté des documents que j’avais produits, par ex. une liste de tous les arbres qui poussent en Martinique, ou des extraits du texte «Eloge de la diversité» d’Albert Jacquard...

Après des mois de travail en solitaire, alors que je commençais à douter que quelqu’un s’intéressait encore au site, Jean-Pierre/Kounta m’a envoyé de nouveaux documents à mettre en ligne. J’ai ensuite reçu beaucoup de textes de M. Raphaël Confiant, puis d’autres chercheurs créolistes ou anthropologues.

Dans le même temps, Jean-Samuel Sahaï, professeur d’anglais guadeloupéen, auteur d’un site très connu des anglicistes français qui préparent l’agrégation d’anglais commençait à m’aider à améliorer la présentation graphique, l’ordre, le contenu et l’esthétique du site Kapes Kréyol. Nous avons consacré, et je consacre encore, tout à fait bénévolement, de très nombreuses heures à faire de KK une «niche-sur-toile» attrayante, actuelle, et utile.

Jean-S. Sahaï a permis à Kapes Kreyol de disposer d’une si riche banque de données sur la question de l’indianité en Martinique et en Guadeloupe, ressource très appréciée par les internautes. Ceci en faisant appel à des travaux de bonne qualité, comme ceux des chercheures martiniquaises Geneviève Léti, Jacqueline Amon-Sméralda, ou de Philippe Pratx du site Indes Réunionnaises et bien d’autres... Ensemble, nous avons pu mesurer combien cela comblait un trou, une lacune. Car grande reste l’ignorance de la riche contribution de la présence indienne dans les sociétés créoles chez les antillais, surtout chez la majorité des antillais d’origine indienne eux-mêmes ! Nombreux sont ceux qui nous écrivent en nous remerciant pour ces pages.

Avez-vous l’impression que les amitiés liées par e-mail sont vraies, ne risque-t-il pas d’y avoir des «qui pro quo» ou des malentendus dans une communication où on ne voit que des lettres de l’alphabet?

Par e-mail on peut bâtir une relation de travail ou d’amitié même très profonde, mais cela n’est pas facile, il faut avoir beaucoup de patience, accepter les réticences de l’autre, ne pas se faire trop de souci. Cette communication virtuelle est incomplète et ne véhicule pas tout. Elle peut donner lieu à des malentendus. En tout cas, si l’amitié est réelle, on a un grand désir de rencontrer l’ami, ce qui n’est pas facile si on est à l’autre bout du monde.

Et petit à petit vous êtes devenue la principale responsable du site Kapes Kreyol?

Oui, en effet, presque sans m’en apercevoir, je me suis liée au site toujours plus ! Je n’aurais jamais supposé continuer si longtemps, et en devenir l’unique webmaster. Dans le futur, je souhaiterais redonner la gestion du site à un créolophone, qui pourrait s’en occuper mieux que moi.

Quel intérêt vous a poussé?

Le désir d’aider un ami, Kounta, qui à cause de ses études n’avait plus le temps de s’occuper à fond de Kapes Kreyol, a été ma motivation principale.

Le site a beaucoup évolué depuis?

Il est en perpétuelle évolution. Avec l’aide de créolistes de tout pays, comme Emmanuel W. Védrine, prolifique chercheur linguiste haïtien, j''ajoute toujours plus d’images, j'améliore l’aspect esthétique, je crée de nouvelles rubriques, des dossiers sur des nouveaux thèmes,…

Les «150 ans de présence indienne en Guadeloupe et en Martinique» ont été l’occasion de construire un nouveau et passionnant secteur d’information. Madame Diana Ramassamy, chercheure guadeloupéenne chargée de cours au Campus de Schœlcher m’a permis d’ouvrir la rubrique du GEREC-l’Ewop, où l’on trouve des articles qui vont du statut de la langue française au Bénin jusqu’au «Cordel», une expression littéraire du Nordeste brésilien.

Je l’ai dit, Emmanuel W. Védrine, linguiste et poète haïtien qui vit à Boston, m’a aidé à produire une très riche section dédiée à la culture créole haïtienne, qui est en rapide évolution.

Quels sont vos rapports avec l’université? Avec le GEREC-F?

Une grande partie des documents présents sur le site viennent d’universitaires et de chercheurs du GEREC-F.

Par exemple, le chercheur indianiste Gerry L’Etang nous a donné une surprenante analyse antropologique de la chanson créole «Vini wè kouli-a» et des insinuations malsaines qu’elle véhicule à l’égard d’une partie de la population martiniquaise. M. Jean Bernabé explique «la problématique de la graphie des créoles à l'heure de leur institutionnalisation dans le système scolaire». Raphaël Confiant offre en ligne un cours de dissertation créole pour les candidats au CAPES. Pierre Pinalie examine «la proverbialité créole dans l'œuvre de Lafcadio Hearn». Serge Colot décrit comment l’expansion lexicale du créole se produit soit par l’emprunt à d’autres langues, soit par la génération de néologismes.

Je veille à ce que Kapes Kreyol ne s’éloigne pas de son but originel. Le risque est qu’il devienne trop ample, trop indéfini. Pour qu’il maintienne sa fonction première, j’ai très besoin de la collaboration de tous les créolophones des Antilles, de la Guyane, de l’Océan Indien, mais aussi de ceux qui vivent un peu partout dans le monde. Mais… vivez Kapes Kréyol à fond, visitez le richissime sommaire – vous ne le regretterez pas!

Quel est le rapport du site avec le Concours appelé CAPES de Créole?

Le site KK devrait être une base d’information pour ceux qui désirent passer ce difficile concours de recrutement des enseignant du créole au lycée, actuellement il est a sa troisième session. J’admire, je dois dire, le courage de ceux qui choisissent de l’affronter, sachant le petit nombre des places mis en concours, cette année seulement quatre!..

Rencontrez-vous des difficultés familiales, ou financières, pour continuer votre travail sur le site?

Le travail bénévole sur le site est devenu une charge qui m’occupe, au moins, trois bonnes heures par jour en moyenne. Cela a beaucoup changé ma vie, j’ai du renoncer à un tas d’autres activités, je ne regarde pratiquement jamais la télévision, je ne lis presque plus des revues scientifiques, je ne vais que très rarement au cinéma, aux concerts, j’ai réduit mes randonnées dans la nature...

Des fois, je reçois en un seul coup une série de documents à publier rapidement, ce qui n’est pas toujours simple à concilier avec ma vie privée et scolaire ! Heureusement mes enfants sont grands, et je ne travaille qu’à mi-temps.

Un de ces cas a été l’occasion des 90 ans d’Aimé Césaire. Pour mettre en ligne ce dossier avant la date de son anniversaire, j’ai dû m’engager bien plus que d’habitude. Sur ces pages j’ai laissé des traces de merveilles naturelles martiniquaises qui m’ont touché particulièrement, par exemple une photo d’un balisier rouge, flanqué d’un extrait de la préface d’André Breton au «Cahier d'un Retour au Pays Natal», où cette fleur est célébrée. Revoir les balisiers fleuris au milieu des la forêt est l’une des attractions qui me poussent à désirer retourner aux Antilles.

Comment encore, depuis la Suisse, trouvez-vous tous ces matériaux pour mettre le site à jour?

Avant tout, vous l’avez compris, il est indispensable d’avoir sur place des informateurs. Heureusement, leur nombre continue à augmenter. Cela est très important afin que Kapes Kreyol puisse donner des informations toujours actualisées.

Il y a aussi des webmasters de sites amis qui fournissent des informations ou donnent l’autorisation d’utiliser leurs images. Je citerai parmi eux Philippe Pratx du site Indes Réunionnaises, Harry Constant de Guadeloupe-Panorama.com, le webmaster de Zananas-Martinique, ou le conteur guyanais Frank Compper, alias Tijé, webmaster du site Krakémanto.

J’ai aussi appris à rechercher sur le web tout ce qui pourrait être mis à disposition de nos visiteurs : par exemple les rapports du jury du CAPES, les dates des épreuves du CAPES, le nouveaux Guides du CAPES,...

Faites-vous connaître chez vous la culture créole?

Au mois de mai 2003, deux jeunes doctorants de l’université UAG déjà cités, Diana Ramassamy et Serge Colot, ont passé quelques jour chez moi ici au Tessin, en Suisse italophone. A cette occasion, ils ont présenté aux étudiants de mon lycée la langue et la culture créole ! Serge Colot a parlé de l’origine du créole, montré comment sont structurées les phrases. Diana Ramassamy a parlé de l’importance de l’oraliture dans les sociétés créoles, et donc du conte, et des conteurs…

Les étudiants, qui ignoraient complètement l’existence du créole, ont été très attentifs. Chez nous, les petites Antilles sont connues comme des lieux aux plages paradisiaques, où la vie est très enviable. On ne sait presque rien des Kalinagos, de l’esclavage, des engagés indiens, des békés, du statut politique des îles… Mes collègues ont regretté de n’avoir pas su profiter davantage de la présence de Diana et Serge - ils n’avaient pas prévu un tel impact sur nos jeunes ! Ils m’ont confié qu’en conversant avec leurs classes après les deux exposés, ils ont été étonnés de la compréhension des élèves !

Depuis deux ans, je tiens aussi, sur le site de notre société des sciences, une rubrique mensuelle dédiée aux devinettes créoles, avec lien vers Kapes Kreyol, pour donner la possibilité au créole d’être mieux connu chez nous. Sur les pages web de l’école où j’enseigne, j’ai offert une introduction à la Martinique !

Comment voyez-vous l’avenir de la langue créole?

Il y a beaucoup de gens qui s’occupent d’étudier et de promouvoir cette culture créole, parfois avec zèle et passion… Malheureusement, j’ai pu constater avec déception qu’il y a aussi beaucoup de malentendus, et tant de rancunes entre eux! Ceci, à mon avis, reste préjudiciable à une reconnaissance constructive du créole. Le fait que le nombre de postes ouverts au concours CAPES de langues régionales soit en forte diminution est aussi très préoccupant. Mais l’important pour sauvegarder une langue n’est-elle pas que les parents la parlent à leurs enfants? Or, de cela on peut avoir des doutes, même chez les créolistes, ou créolophiles entre eux !

Qu’aimeriez-vous dire pour terminer?

Ce travail, énorme, m’a coûté beaucoup de temps et d’énergie! Certes, il m’a permis d’apprendre énormément, tant sur le créole et sa culture que sur les îles et leurs peuples. Mes échanges par e-mail ont été extrêmement enrichissants, tant sur la maîtrise technique de l’internet et la mise à niveau du site, que sur une foule de sujets, depuis le créole jusqu’à l’indianité des îles. Je suis reconnaissante aussi d’avoir pu échanger personnellement avec des spécialistes des cultures créoles. J’ai pu ainsi vivre en direct bien des chaudes péripéties de la filière créolité, et découvrir la grande susceptibilité de certains créoles!

Je souhaite que le site Kapes Kreyol reste une source d’information correcte, équilibrée, multiforme. Il est vital pour un webmaster que les visiteurs daignent exprimer leur satisfaction, leurs suggestions, ou leurs encouragements, sur le livre d’or ou directement par

Mieux encore, je reste ouverte aux contributions de toute forme de ceux ou celles qui souhaitent enrichir et soutenir ce site largement ouvert aux cultures créoles. Ce sera toujours vivement apprécié!

Merci, Madame Francesca Palli de tout ce que vous faites, pour une culture que vous avez découverte il y a tout juste quelques années!…
 

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Entrevue parue sur le site web Guadeloupe-Initiatives

Juillet 2007

Vue

Vue depuis la maison Palli à Orselina dans le Tessin, direction Sud-Est. Photo Francesca Palli.

Qu'est-ce qui, au départ, vous a amené à gérer le site kapes kréyol?

En 1996, j’ai visité pendant quinze jours l’île de la Réunion, j’étais dans un groupe presque entièrement constitué par des parisiens, qui faisaient de la randonnée découverte.

Le guide, qui nous accompagnait, nous avait raconté un peu de sa culture créole. Pour la première fois, j’ai débuté à comprendre quoi signifie le terme créole.

L’année suivante, de nouveau en groupe, j’ai été en Martinique. De nouveau, j’ai entendu des gens dialoguer entre eux en créole, plusieurs m’ont donné des informations sur l’origine et sur l’usage du créole. Entendre que les enfants n’avaient pas le droit de s’adresser à leur parents en créole, même si les parents parlaient entre eux en créole, m’avais bouleversée.

Rentrée chez moi, j’ai commencé à rechercher des informations sur la langue créole, le web m’a permis d’en trouver beaucoup mais pas suffisamment pour satisfaire toutes mes doutes. A ce point, j’avais contacté par email Kounta, responsable d’un site Potomitan, très bien fait. Après quelques échanges fructueux, il m’avait invitée à consulter le site Kapes Kréyol, dont il était webmaster.

Le site était déjà très riche en documents, mais il y avait assez de problèmes techniques. Kounta m’avait alors donné les coordonnées d’accès pour que je puisse résoudre ces problèmes.

Bref, depuis ce moment, je n’ai plus arrêté de m’en occuper et pour une série de raisons, j’ai fini par rester la seule webmaster.

Pourquoi avoir changé le nom Kapes kréyol en Potomitan?

Au début, Kapes Kréyol était hébergé sur un serveur, que, pour des raisons jamais éclairées, n’a plus accepté mes données d’accès, j’ai du donc chercher un autre serveur, après deux tentatives, j’avais enfin choisi de placer KK sous le domaine www.palli.ch. Le site est resté là entre 2002 et fin janvier 2007.

L’idée de changer le nom du site me questionnait depuis longtemps, le site avait tellement grandi que la partie dédiée au CAPES de créole, n’était plus que secondaire, le nom du site ne représentait donc plus son contenu. Beaucoup me demandaient quoi signifiait ce nom, qui ne leur disait rien, il faut considérer qu’une grande partie des créolophones ne sont pas français.

Il fallait aussi rendre plus indépendant le site, lui donnant un url qui ne contienne pas le nom de ma famille et qui soit plus simple. Enfin, ça aurait été aussi l’occasion de donner un aspect plus moderne et pratique au site.

Quel est l'objectif de Potomitan?

Être un centre de rencontre et promotion de toutes les cultures et les langues créoles.

Le contenu de Potomitan est très riche. Comment arrivez-vous à gérer tout cela?

J‘y arrive avec toujours plus d’essoufflement, en lui dédiant au moins 3-4 heures par jour, je n’arrête jamais, sinon trop de documents s’entasseraient et après il serait difficile choisir des priorités.

Vous vous occupez également du site de l'IOCP; Pouvez-vous nous parlez de cette organisation?

L’IOCP (Organisation internationale des peules créoles) a été fondé lors d’une rencontre tenu à Las Vegas en mai 2005, les  principaux objectifs de cette organisation sont:

  • Promouvoir la culture créole à travers le monde
  • Encourager les interactions au sein des groupes et associations aux niveaux  régional et international
  • Coordonner les efforts visant à la construction identitaire
  • Fournir une assistance technique si nécessaire
  • Organiser un symposium international annuel avec l’aide des groupes des différentes régions

Pour rejoindre ces objectifs, il avait été proposé de :

  • Passer en revue les organisations et autres ressources du monde créole et de ses diasporas
  • Compiler les sites Internet sur le créole
  • Créer un site web pour l’IOCP
  • Etablir un répertoire du monde créole
  • Ouvrir un institut international de recherche

Avant la rencontre fondatrice de Las Vegas, un des fondateurs de l’IOCP, George Delamare, rodriguais vivant en Australie, m’avait contactée pour savoir comment faire pour connaître l’histoire des peuples créoles de la Caraïbe.

Pour commencer, je lui avais proposé la lecture de quelques articles de Raphaël Confiant et de Gerry Letang, qui se trouvaient sur KK. Puis George m’avait demandé de le mettre un contact avec Confiant.

Quand l’IOCP était née, on m’a demandé de participer à la création de son site web, j’avais contribué à la conception du logo et en préparant des dossiers sur les divers pays créolophones.
Puis à un certain moment, je suis restée pour la deuxième fois la seule webmaster d’un site créole. Il faut dire que je ne m’occupe pas de l’hébergement du site de l’IOCP comme j’avais du faire pour Kapes Kréyol.

L’IOCP a déjà réussi à organiser deux vidéoconférences, avec la participation de créoles de pays très différents et éloignés :

  1. Rapprochement des peuples créoles (2006)
     
  2. Trouver les outils pour rassembler et unifier les peuples et la jeunesse des territoires d’origine et des diasporas, en une seule force créole? Téléconference 2007 (2007)

L’IOCP devrait pouvoir permettre aux jeunes créoles de la Caraïbe, de l’Océan Indien et des diasporas de se connaître, de découvrir la langue et la culture qui les unis, de renforcer leur esprit d’appartenance et leur envie de promotion.

Quel regard portez-vous sur le créole et plus généralement sur la culture créole?

Il s’agit d’une culture très intéressante qui mérite d’être connue davantage, même beaucoup de créoles doivent encore découvrir l’origine de leur langue et culture.

On m’a durement critiquée, moi suisse, de m’occuper de ce que je ne connais pas, il y a qui me dit que, si les créoles ne trouvent personne pour s’occuper de sites comme Potomitan.info (ex Kapes Kréyol), il n’y a pas de sens qu’une suisse le fasse à leur place.

Comment voyez-vous l'avenir du créole?

Si l’esprit de l’IOCP se maintiendra vif, l’avenir est prometteur, malheureusement, trop souvent, les créoles oublient la forte liaison due à leur passé, qui devrait les pousser à s’unir, à se respecter pour un demain meilleur.

Je vous remercie

Merci à vous de m’avoir offert l’opportunité de m’exprimer à propos de ce qui a si profondément bouleversé ma vie.

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Kréyolomaj ba Francesca ba Jid.

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