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Interdit de rire... Novembre 2010 |
SARAZZIN
Un Allemand dénommé Sarazzin a publié récemment un ouvrage intitulé «Deutschland schafft sich ab» autrement dit «L’Allemagne se détruit». Ce monsieur, qui fut ancien sénateur social-démocrate de Berlin et membre de la Bindesbank, y décrit «une Allemagne future complètement dominée par les musulmans à cause de leur natalité galopante». Fin de citation.
Déjà 700.000 exemplaires vendus et 54% des Allemands qui approuvent cette thèse.
Au fait, Sarazzin, t’a bien vérifié que ton nom n’est pas métèque? Normalement, «Sarasin», dans toutes les langues européennes, signifie… «Arabe». Dans ce cas, tu serais la preuve vivante et la préfiguration de la catastrophe que tu prédis. Ha-ha-ha!
(Cela nous rappelle que «Sarkozÿ» était le nom d’un grand chef Rom qui, au début du XXe siècle, en Hongrie et en Pologne, défendit avec succès les droits de son peuple).
PERE DE LA NATION
Il semblerait, aux yeux du PPM, que la question la plus cruciale en ce moment en Martinique soit de trouver un «Père de la Nation». On croyait pourtant que ces histoires de «Petit père des peuples», «Grand Timonier», «Lider maximo» et autre «Nègre fondamental» relevait des vieilleries du siècle passé. On croyait aussi qu’Aimé Césaire avait été sacré, à sa mort, comme notre géniteur à tous.
En réalité, ce dont la Martinique a grandement besoin depuis un demi-siècle, c’est d’un dirigeant de parti politique qui ait suffisamment de «graines» pour lui dire ses quatre vérités. À savoir:
- la situation actuelle de biberonnage franco-européen ne durera pas éternellement et qu’elle risque même de finir brutalement un jour (comme le Mur de Berlin dont aucun éminent politologue n’avait prévu la chute!).
- la destruction systématique de notre patrimoine agricole est non seulement une défiguration de notre pays (et de nos paysages, donc un sabotage du tourisme), mais surtout un crime contre les générations futures à l’heure où l’humanité est confrontée à de graves crises alimentaires.
- la lente mais inexorable dégénérescence de notre langue et notre culture créoles conduit à la dissolution de notre identité martiniquaise (et à notre transformation en «Blacks», c’est-à-dire en Français noirs ou Euroblacks).
- un peuple n’est pas une association de consommateurs (et donc qu’il faut arrêter de toujours se focaliser sur le prix du tube de pâte dentifrice et se fixer des idéaux).
Mais bon, il faut comprendre aussi qu’un homme politique qui tiendrait pareil discours risquerait de perdre son poste à la prochaine élection.
OCCOLIER
Selon un site-web local, le maire du Vauclin, Raymond Occolier, aurait déclaré:
«Le mal de ce pays, c’est la connerie.»
Je ne sais pas si l’information est vraie ou fausse, en tout cas, elle ne nous apprend rien de nouveau. Aimé Césaire avait déjà parlé:
«…d’âmes de morue».
Au fait, Occolier, attention à ne pas te faire virer par tes électeurs, mon cher! Car être franc du collier, ça a un coup.
JOURNEE INTERNATIONALE DU CREOLE
En parlant d’identité justement, nous venons de vivre la «Semaine du créole» qui a été clôturée par la «Journée internationale du créole», le 28 octobre dernier, journée fêtée dans tous les pays créolophones du monde. Rappelons que c’est l’île de la Dominique qui, la première, avait instauré ces célébrations en 1988. Depuis, elle en a fait un vrai argument touristique sans pour autant dénaturer l’objectif premier qui était de consolider l’identité dominiquaise. À l’autre bout du monde, aux Seychelles, le «Festival Kreol» est un moment fort de l’année avec l’implication de toutes les forces vives du pays, à commencer par le président de la république, comme j’ai pu le constater lors des deux occasions qui me furent données d’y participer.
Dans nos dernières colonies françaises d’Amérique, par contre, cette semaine du créole est juste un faire-valoir pour certains politiciens, guère différente à leurs yeux de la semaine des personnages âgés ou la semaine de protection des crabes-mantous. Ceci dit, cela ne remet pas du tout en cause l’important travail effectué par tous les militants du créole dans l’abnégation la plus totale depuis des décennies. Le «Mois du Créole» organisé par le Conseil général de la Guadeloupe et le Festival «Rabouraj» de Trinité (Martinique), sous la houlette de Claude Marlin, en sont la preuve.
Honneur et respect pour eux !
FINKIELKRAUT
Il en a de la chance que «les Nègres ne lisent pas», comme l’affirme un texte douteux qui circule sur l’Internet depuis des années. En effet, exactement la même semaine où le sieur Guerlain a prononcé sa connerie à la télé, lui, Finkielkraut écrivait froidement dans l’hebdomadaire «MARIANNE»:
«Quant au lien établi aujourd’hui entre l’esclavage et la colonisation, il est absurde. L’un des motifs – et peut-être aussi des prétextes – de la colonisation, c’était justement de mettre fin à l’esclavage.»
Oui, l’agrégé de philosophie, ancien de Normal Sup’ et auteur d’une dizaine de bouquins de haut niveau a osé écrire ça et aucun «Nègre» n’a réagi !!! Or, non seulement le propos de Finkie est pire que celui du parfumeur octogénaire, mais il est mille fois plus dangereux car plus subtil et enrobé de scientificité. Tout le monde est tombé à bras raccourcis sur ce bac moins 7 de Guerlain comme si les propos d’un analphabète avaient la moindre importance. Un syndicat guadeloupéen a même pondu un texte traitant les intellectuels antillais de «larbins du pouvoir» et s’indignant qu’ils n’aient pas répondu à Guerlain. Je dis à ce syndicat d’aller se faire voir! Je n’ai pas à dialoguer avec un analphabète dont les propos seront oubliés dès la semaine prochaine. Le devoir d’un intellectuel antillais, par contre, est de combattre les intellectuels franco-européens et étasuniens qui subtilement réhabilitent la colonisation et instaurent une forme subtile de négationnisme à son sujet.
Démolir Guerlain c’est se donner bonne conscience à peu de frais, se faire mousser en sortant des niaiseries du genre «Nègre je suis, nègre je resterai». Car enfin, quelle est la pertinence pour un homme de petite taille (ou de grande taille) de clamer «Petit, je suis, petit je resterai» (ou «Grand je suis…»)? On a le droit d’être fier de ce que l’on a «fait» de sa vie, pas de ce que la Nature ou le hasard a fait de vous. Fier d’être un grand pianiste, un grand philosophe, un grand mathématicien, là oui! Mais fier d’être beau, nègre, petit, grand ou roux alors qu’on n’y est pour rien, là, j’ai dû mal à comprendre.
Bon, il y a deux ans, j’avais déjà répondu à Finkielkraut lorsqu’il avait déclaré au journal israélien «HAARETZ» que «l’équipe de France de football n’est pas black-blanc-beur, mais black-black-black». Là, je passe mon tour! À d’autres intellectuels de répondre. Qu’ils arrêtent de regarder la télé un peu, ce qui leur évitera de se focaliser sur des stupidités à la Guerlain et les obligera à faire ce pour quoi ils sont payés: la production de savoir et la critique du pouvoir (politique, syndical, social, culturel, religieux etc.).
Quelqu’un doit répondre à Finkielkraut!
Raphaël Confiant