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Le prix Nobel de la paix 2009 envoie 12 Décembre 2009 |
Ne vous laissez pas abuser! On vous dit ces jours-ci que Barack Obama a décidé d’envoyer 30.000 soldats supplémentaires en Afghanistan, c’est vrai, mais à la condition qu’il soit précisé immédiatement qu’il avait déjà envoyé exactement le même contingent après son élection. Eh oui, quand Obama entre à la Maison Blanche, il y avait 31.000 soldats en Afghanistan, quatre mois après il y en a eu 60.000 et très bientôt donc, il y en aura 90.000.
Autrement dit Obama a triplé le nombre de soldats impérialistes yankees dans ce pays qui n’a jamais (tout comme l’Irak) déclaré la guerre aux Etats-Unis. Le même Obama à qui le jury du Nobel a décerné cette année le Prix Nobel de la…paix. Interdit de rire! Il serait temps qu’on remette en question, soit dit entre parenthèse, l’autorité morale et scientifique des académies de Suède et de Norvège qui décernent cette récompense portant le nom de l’inventeur de la dynamite. De quel droit ces pays géopolitiquement insignifiants se permettent-ils, par exemple, d’écarter du Prix Nobel de littérature les écrivains qui écrivent en hindi, en tamoul, en indonésien, en philippin, en malgache, en ourdou, en pachtoune etc…, langues parlées par des centaines de millions de locuteurs, pour privilégier quasi-exclusivement les écrivains utilisant les langues européennes? Bref…
Revenons à Obama. Je ne vais pas m’appesantir sur ce nouvel envoi de soldats. L’Occident mène une croisade contre le monde arabo-musulman et sa décision s’inscrit parfaitement dans ce cadre. Rien de bien extraordinaire. Cela me donne par contre l’occasion de revenir sur un article que j’avais publié sur mon site-web, Montray Kréyol, quelques jours après la victoire d’Obama: «L’Obamania ou la maladie infantile du noirisme». J’’y avais pointé du doigt l’incongruité qu’il y avait à célébrer l’élection d’un président yankee uniquement parce qu’il est noir. J’avais déclaré avoir été choqué par les manifestants qui, dans la ville de Saint-Anne (Martinique), dirigée par un indépendantiste, avaient, au soir de l’élection, dansé dans les rues en brandissant le drapeau yankee et le drapeau martiniquais rouge-vert-noir. J’avais surtout osé annoncer que rien, absolument rien ne changerait suite à l’élection d’Obama sauf pour une seule et unique catégorie de gens : les Noirs américains. Je persiste et signe.
OBAMANIA
Or, à l’époque, noiristes, négristes, négritudinistes et autres afrocentristes m’étaient tombé sur le dos à bras raccourcis m’accusant d’être «anti-nègre»!!! A leurs yeux, le Grand Satan Yankee était soudainement devenu fréquentable – et même admirable – du fait qu’il avait placé un Noir à sa tête. Un médecin Françafricain installé de longue date en Martinique m’avait même adressé une lettre ouverte sur l’Internet me clouant au pilori (explication lexicale: un «Françafricain» est quelqu’un d’origine africaine vivant aux Antilles qui ne veut absolument pas que celles-ci deviennent indépendantes. Il se réjouit que son Sénégal ou sa Côte d’Ivoire le soit, mais il ne veut surtout pas que la Martinique suive le même chemin, notre homme y jouissant évidemment des bienfaits du colonialisme français). Pour ma part, je n’ai jamais confondu les Africains, qui sont les bienvenus en Martinique, avec les Françafricains qui ne sont des Caldoches basanés. Mais continuons… Une fois Obama aux commandes et qu’il a:
- refusé de signer la convention d’Istanbul déclarant que le droit à l’eau potable est un droit de l’homme (pour protéger les grosses compagnies capitalistes de distribution d’eau)
- baissé son pantalon devant Israël (territoire grand comme trois quartiers de New-York) et son premier ministre extrémiste Netanyahou en leur permettant de continuer impunément la colonisation en Cisjordanie
- installé sept bases yankees en Colombie soi-disant pour contrôler le trafic anti-drogue mais en réalité pour surveiller le Venezuela d’Hugo Chavez et l’ALBA (Alliance Bolivarienne pour les Amériques)
- permis le renversement de Zelaya, le président du Honduras
- ignoré les massacres de Tibétains par les Chinois à Lhassa (le Tibet n’a pas de pétrole et la Chine finance le déficit étasunien)
- ignoré les massacres de Tamouls au Sri-Lanka etc… etc…
Une fois tout ça devenu clair et évident, nos noiristes et afrocentristes ont disparu de la circulation! On ne les voit plus, on ne les entend plus. Les hymnes à la gloire d’Obama se sont tus et les drapeaux yankees ont été rangés dans les placards. Je ne vais pas les accabler davantage. Je leur laisse avec leur seule conscience. Simplement, je vais leur faire une petite explication de texte de mon fameux article sur l’Obamania, maladie infantile du noirisme. Qu’avais-je voulu dire par là? Quelque chose de très simple : il faut que tous les Nègres arrêtent de croire que le président des Etats-Unis est «leur» président. Le croire c’est être infantile. Mais, peut-être que des contre-exemples expliqueront mieux mon propos:
- Carlos Menem devient président de l’Argentine en juillet 1989: personne n’a exulté dans les rues de Damas et la presse syrienne n’a pas fait grand cas de cet événement. Pourtant, l’Argentine (2 millions 700.000km2) ce n’est pas rien comparé à la Syrie (184.000km2). 15 fois plus vaste et plus riche (PIB annuel par tête d’habitant-Argentine : 6.500 dollars/PIB annuel par tête d’habitant-Syrie: 4.300 dollars)! Au fait, je n’ai perçu non plus aucun signe d’excitation à la rue François Arago, à Fort-de-France, dite «rue des Syriens».
- Albert Fujimori devient président du Pérou en juillet 1990: il n’y a eu que dix lignes en page 3 du plus grand quotidien japonais l’ «Asahi Shimbum» et personne n’a dansé dans les rues de Tokyo ou de Kobé. Pourtant, le Pérou, contrairement au Japon, est bourré de ressources minières et en ce moment les grandes puissances en ont faim!
- Cheddi Jagan devient président du Guyana en 1992: cela n’a provoqué aucun enthousiasme particulier en Inde, pays qui n’a jamais eu de grands découvreurs et donc pas de colonies et qui aurait pu légitimement se réjouir que l’un des siens soit le dirigeant en chef d’un pays situé jusqu’aux Amériques.
- Sonia Gandhi, après avoir failli devenir premier ministre de l’Inde, est présidente du plus grand parti de ce pays, le parti du Congrès à partir de 1998, et fait donc la pluie et le beau temps dans la politique indienne : personne en Italie n’a hurlé de joie de voir une compatriote diriger 1 milliard d’individus. Diriger «la plus grande démocratie du monde» selon l’expression consacrée…
- Nicolas Sarkozy devient président de la république française en 2007: on n’a pas souvenir de manifestations de joie dans les rues de Budapest ni d’aucune autre ville de Hongrie. Pourtant, la Hongrie post-communiste a besoin d’aides massives pour se reconstruire et éviter de devenir définitivement le lupanar de l’Europe de l’Ouest.
Toutes ces personnes ont un point commun: Menem, Jagan, Fujimori, Gandhi et Sarkozy sont des fils d’immigrés de la première génération. Leurs parents étaient donc arrivés en tant qu’étrangers dans le pays dont leurs rejetons sont devenus les chefs! Pourtant, dans le pays de leurs parents, tout chefs que lesdits rejetons soient devenus, ça ne fait ni chaud ni froid à personne. Conclusion: Japonais, Syriens, Italiens, Hongrois et Indiens sont des peuples adultes. Non infantiles, je veux dire. Le Nègre, lui, il suffit qu’une Martiniquaise devienne sous-ministre en Norvège pour qu’il se mette en transe. Qu’une Haïtienne devienne gouverneur général du Canada pour qu’il tombe en pâmoison. Et au Kenya, on a exulté durant des jours et des jours suite à l’élection d’Obama (laquelle n’a strictement rien changé à la misère dans laquelle croupit une bonne partie de la population). D’accord, on me dira qu’il y a «la grande blessure nègre», le traumatisme de la Traite et de l’esclavage, le discours raciste de Gobineau plaçant le Nègre au plus bas de l’échelle de sa classification des «races humaines» et tout ça. OK ! OK ! C’est vrai, tout à fait vrai. Mais il faudrait qu’on apprenne aussi à grandir un peu, merde!
Et d’ailleurs, il existe un peuple qui s’est arrogé le monopole de la douleur, qui a érigé sa souffrance en souffrance suprême, en plus grande souffrance de tous les temps, disposant pour cela d’impressionnants relais dans les medias, l’intelligentsia, l’université etc. et les Nègres auront beau essayer de jouer la même carte, ils seront battus d’avance.
Donc, bon, Obama est juste un énième président impérialiste yankee. Certes, plus beau, plus intelligent, plus «cool» que ses prédécesseurs, mais impérialiste tout de même. Qu’il soit nègre ou demi-nègre, on n’en a rien à cirer !
Raphaël Confiant