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Ils se moquent de nous... |
Irak
Les Etats-Unis ont donc mis en scène, dans le plus pur style hollywoodien, le «départ de leurs dernières troupes combattantes en Irak». Finie la guerre, si l’on en croit la Maison Blanche! Sauf que les Yankees quittent un pays à feu et à sang, qu’ils ont illégalement envahi il y a sept ans, dont ils ont kidnappé le président et condamné celui-ci à mort et qu’ils quadrillent désormais grâce à des milices privées composées de mercenaires grassement rémunérés.
Cette guerre d’agression a déjà fait 1 million de morts parmi les civils irakiens, tout cela sur une population qui se monte à 15 millions d’habitants. Dans n’importe quel pays occidental, ceci serait considéré comme un génocide, comme un crime de guerre en tout cas, passible du Tribunal Pénal International. Comme l’Irak est peuplée de bougnoules, pardon de «sand niggers» («négros des sables») comme disent si bien les soldats US, ce n’est pas grave.
En tout cas, Bush-père, Bill Clinton, Bush-fils et Barack Obama sont directement responsables de la mort d’1 million de civils irakiens. À comparer avec les 4.000 morts des tours jumelles du World Trade Center. Comparaison macabre, s’indigneront les pseudo-humanistes. Bof!
Les crimes de l’impérialisme yankee doivent, en tout cas, être quantifiés. Et avec précision…
Colombie
On ne sait pas s’il faut se tordre de rire ou se mettre à pleurer à chaudes larmes: Alvaro Uribe, l’ex-président de la Colombie, le caniche des Yankees, celui qui a permis à ces derniers de construire 14 bases militaires dans son pays au motif de surveiller le narcotrafic, (mais en réalité pour contenir la révolution bolivarienne au Venezuela, en, Equateur et en Bolivie), vient d’être nommé, par l’ONU, président de la Commission d’Enquête Internationale sur l’attaque de la flottille humanitaire turque destinée au bantoustan de Gaza. On se souvient, en effet, que le mois dernier, la marine israélienne avait sauvagement attaqué ce convoi, faisant 9 morts parmi les militants pacifistes turcs. Cette agression s’était déroulée dans…les eaux internationales!!! En haute mer, quoi! Là où l’océan n’appartient à personne, à aucun pays et où tout le monde à le droit de naviguer.
Comment Uribe, seul et unique soutien d’Israël en Amérique du Sud, pourrait-il faire preuve du minimum d’impartialité qu’exige semblable enquête? Représentant de la minuscule minorité «blanche», descendante directe des conquistadors espagnols, Uribe, dans son propre pays et en Amérique du Sud, fait figure de Béké réactionnaire face au mulâtre Chavez, à l’Amérindien Evo Morales et au «mestizo» Rafael Correa.
Confier cette enquête à un tel homme revient tout simplement à insulter le peuple palestinien.
Roms
Il ne fait donc pas bon de s’appeler «Sarkozÿe» en Hongrie lorsqu’on est Rom, vient-on d’apprendre. Certains Roms préfèrent même abandonner ce patronyme afin de ne plus être stigmatisés! Là encore, il y aurait de quoi se tordre de rire, sauf qu’en faisant rafler les gens du voyage et en les expulsant hors de France, le président français est en contradiction totale avec ce qu’il aime à appeler «les racines chrétiennes de l’Europe». D’abord, les Roms sont Européens depuis 2.000 ans; ensuite, ils sont chrétiens tout ce qu’il y a de plus chrétiens.
Mais au fait, c’est quoi les racines chrétiennes de l’Europe? Jésus est-il né sur les bords de la Seine ou de la Tamise? Le Jourdain est-il un affluent du Rhin? L’araméen était-elle une langue européenne? Bethléem se trouve-t-elle à quelques kilomètres de Carcassonne? Monsieur Sarkozy oublie que le christianisme est une religion orientale et que les Romains jetaient les premiers chrétiens dans des fosses aux lions. La religion des Européens, n’est-ce pas Zeus/Jupiter, Junon, Aphrodite etc…? Divinités plutôt sympathiques au demeurant.
Le christianisme n’est, en réalité, qu’un butin de guerre. Exactement comme l’algèbre piquée aux Arabes, le papier et la boussole à la Chine, la pomme de terre à l’Amérique du Sud, le café à l’Afrique et j’en passe.
Haïti
Il faut lire sur le site-web MEETAW la lettre ouverte de l’intellectuel haïtien Alfred Valentin à propos de la candidature du chanteur de rap haïtiano-américain Wyclef Jean à la prochaine élection présidentielle de la première république noire du monde moderne. C’est la réflexion la plus intelligente et surtout la plus courageuse que j’ai pu lire jusqu’à présent sur cette comédie. Courageuse parce que les intellectuels et les politiques de ce pays semblent tétanisés devant la morgue du rappeur qui ne sait parler ni créole ni français (et dont l’anglais, lors de l’annonce de sa candidature sur…CNN, laisse – et c’est le moins qu’on puisse dire – à désirer). Parti d’Haïti à l’âge de neuf ans comme les 2 millions d’émigrés qui vivent aux Etats-Unis et au Canada, W. Jean a fait carrière dans le rap. Une brillante carrière. Mais cela l’autorise-t-il pour autant à vouloir diriger un pays qu’il ne connaît pratiquement pas? Un pays dont il ne connaît ni l’histoire ni la littérature ni la peinture ni même les traditions populaires (faut-il rappeler que la musique haïtienne est aux antipodes du rap?). Certes, il a beau jeu de dénoncer l’exploitation bi-séculaire des masses haïtiennes par une micro-élite prédatrice, mais dispose-t-il d’un programme politique et économique sérieux permettant de changer le cours des choses? Alfred Valentin démontre magistralement que ce n’est absolument pas le cas. En réalité, le rappeur veut tout simplement transformer son pays en dominion yankee avec, bien sûr, la bénédiction de Washington. Lequel Washington n’accepterait jamais qu’un Snoop Dog ou un Puff Dady s’installent un jour dans le Bureau ovale.
À quand une candidature de Joe Starr ou de Doc Gynéco à la présidence du Conseil régional de la Martinique?
Martinique
Loin de moi l’idée de distribuer des bons et des mauvais point à l’actuelle présidence de notre Conseil régional justement, mais il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que le nouveau projet de reconstruction du lycée Schœlcher est bien meilleur que celui de l’ancienne mandature. Comment, en effet, a pu germer dans l’esprit d’indépendantistes le désir de construire une barre affreuse rappelant les pires bâtiments de Sarcelles ou de Garges-les-Gonesses? Je me le demande encore. S’agissait-il d’un désir inconscient de raser un bâtiment qui symbolise «l’esprit mulâtre» ou «l’esprit petit-bourgeois»? Si c’était le cas, eh bien au moins aurait-il fallu reconstruire quelque chose qui représente «l’esprit nègre» ou «l’esprit populaire».
Par contre, les travaux de La Savane semblent avoir repris après des mois et des mois de stand-by. Sauf que je suis de ceux qui ont dû mal à accepter que le tiers de cette magnifique place, qui est le poumon vert de notre capitale, soit consacré à un…parking. Certes, cela rapporte de l’argent, mais enfin est-ce la bonne manière de lutter contre le tout-automobile au moment même où le projet de TSCP est en voie de réalisation? Toutes les villes du monde se font fort de limiter l’accès des voitures à leur centre et évitent donc de multiplier les parkings, sauf Fort-de-France apparemment. Il y a sans doute là une volonté, louable, de réanimer une ville qui ne cesse de péricliter, d’y attirer le maximum de clients pour ses magasins et ses restaurants, mais on peut douter que donner la priorité aux quatre-roues soit la meilleure des solutions.
Haïti/Martinique
Quelqu’un me faisait remarquer l’autre jour que le tremblement de terre en Haïti n’a éliminé que 4% de la population de ce pays alors que l’éruption de la montagne Pelée en Martinique a éliminé… 30% de notre population. Je n’ai pas vérifié ces statistiques, mais elles sont probablement exactes. Sauf que la «pensée-statistique» (ou la « pensée-pourcentage») qui gouverne notre monde depuis le milieu du XXe siècle peut être trompeuse. Elle met, en effet, de côté la notion de valeur absolue. Statistiques ou pas, 250.000 morts (Port-au-Prince) est quand même une tragédie d’une toute autre nature que 28.000 morts (Saint-Pierre).
Et puis, une vie humaine est quelque chose de bien trop précieux pour être réduit à une statistique laquelle convient, par contre bien, aux animaux ou aux objets (marchandises). Les chiffres absolus sont toujours plus parlants quand il s’agit d’êtres humains.
Raphaël Confiant
Août 2010