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Cent ans de solitude et de tristesse:
Merci, Gabo !

Raphaël Confiant

 

17. avril 2014

 

J’ai appris tellement de choses de vous autres, les humains… J’ai appris que tout le monde voulait vivre dans le sommet de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur est dans la façon d’escalader. J’ai appris que lorsqu’un nouveau-né serre avec son petit poing, pour la première fois le doigt de son père, il l’a attrapé pour toujours. J’ai appris qu’un homme a le droit de regarder un autre d’en haut seulement lorsqu’il va l’aider à se mettre debout. Dis toujours ce que tu ressens et fais ce que tu penses. - Gabriel García Márquez

 

Cien anos de soledad

Gabriel Garcia Marquez vient de décéder à Mexico à l’âge de 87 ans. L’auteur de «Cent ans de solitude» plonge tous ses lecteurs, ses millions de lecteurs à travers le monde, dans cent ans de tristesse. C’est que nous avions fini par le croire immortel, sans doute parce que la grâce qui imprègne son écriture avait ce pouvoir mystérieux de nous transporter dans cette région de l’âme où l’on cesse de douter de l’être humain. Certes, bandits de grands chemin, caudillos, voleurs à la tire ou femmes de rue peuplent les livres de Gabo mais son génie était de pouvoir nous donner à voir la face lumineuse de chacun d’eux. Et bien sûr aussi la face sombre des personnages sérieux, apparemment honnêtes ou confits en dévotion.

On a parlé de «réalisme magique» pour qualifier la manière d’écrire de Gabo lorsqu’il s’est imposé avec fracas sur la scène littéraire mondiale, inaugurant ce qu’on appellerait plus tard le «boom latino-américain». En réalité, il fut le premier auteur à avoir su donner vie à ce chaos lyrique au quotidien qu’est la vie en Caraïbe, natif de Baranquilla qu’il était, à cet emmêlement inouï d’odeurs amérindiennes, de rythmes africains et de frénésie hispanique, le tout mâtiné de rouerie levantine. Il ne s’était pas senti à l’aise à Bogota lorsqu’il y était étudiant dans les années 50, centre du monde andin et farouchement euro-centré et il y a gros à parier qu’il en eut été de même s’il avait vécu dans le Choco, cette province de la côte Pacifique presque africaine ou dans les régions amérindiennes de son pays. Gabo était l’homme du «mestizaje» sud-américain, mais dans le bon sens du terme c’est-à-dire à la fois, blanc, nègre, amérindien et «turco» (levantin).

Outre, son chef d’œuvre, «Cent ans de solitude», il nous lègue des textes d’une force incomparable tels que «L’amour au temps du choléra» et «L’Automne du patriarche». Incomparables parce qu’on les porte en soi des années durant et que vient le moment où nait en nous le besoin irrépressible de les relire. Et le miracle de se reproduire! Et l’enchantement de faire à nouveau son effet, mais pas de la même façon que la toute première fois. Que pensait Gabo du déclin actuel de la littérature? Comment, dans son vieil âge, a-t-il supporté de voir que le silence (car la lecture n’est que silence) être progressivement supplanté par le bruit et la fureur de l’Internet? Il n’était pas homme à théoriser sur ces sujets, aux antipodes de l’Argentin Borges par exemple, peut-être parce que pour lui la littérature n’était pas uniquement un moyen de dire le monde, mais aussi de le transformer. D’où son amitié irréfragable avec Fidel Castro, cela en dépit de certaines dérives de la Révolution cubaine.

Merci, Gabo! Merci pour Macondo, ce petit village colombien, symbole de notre Amérique multiple, mosaïque, créole pour tout dire! Merci pour chacun de tes personnages, mêmes ceux qui tiennent un rôle secondaire, parce qu’en nous, tes lecteurs, au plus profond de nous, ils continuent à nous habiter et à influer sur tant nos rêves que nos actes quotidiens! Merci pour tes histoires si magnifiquement entrelacées dont on ressort à chaque fois ébloui!

Au moment où Gabo tire sa révérence, on apprend aussi le décès dans un accident de voiture du célèbre chanteur de salsa portoricain Cheo Feliciano. Carajo!

Raphaël Confiant


Il treno corre forte si divora la foresta
Ay madre! Esta llegando un tren de extranos pasajeros
Il circo arriva in piazza ed il villaggio si risveglia.
Y todo el mundo sale para dal la bienvenida

Arcadio e Pablo Marquez sono in fila dai tatuaggi,
e il piccolo Buendia è sul vagone con il ghiaccio.
Hay magos, hay acrobates, hay juventud rebelde
Fucili muti, amigos, non si spara sui pagliacci.

Non spari comandante, non mi spari presidente.
Non s'immischi trafficante, sta arrivando la feria
con il Macondo express oh oh oh oh oh oh...

Del expreso del Hielo saliron los equipos
Signori su il sipario, il sogno folle ha preso vita.
Soné que la neve ardia y el fuego se helaba
Il drago sputa fuoco sull'America perdida.

La fiesta è cominciata coi tamburi e le chitarre,
il carro dei gitani porta ghiaccio, note e fiamme.
Como me desperte mi sueno estaba realizado
Fucili muti, amigos, non si spara sui pagliacci.

Non spari comandante, non mi spari presidente.
Non s'immischi trafficante, sta arrivando la feria
con il Macondo express...

boule

 Viré monté