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Nos impasses… |
TOURISME
À en croire les responsables du tourisme martiniquais, la presse hexagonale en ferait trop sur la question du chlordécone, empoisonnant l’image de notre belle île et dissuadant du coup les touristes d’y venir. Un récent reportage de TF1 est à l’origine de cet émoi qui, pour ma part, me fait sourire. Car enfin, le scandale de l’empoisonnement de nos terres, rivières, nappes phréatiques, rivages etc… par ce dangereux pesticide n’a véritablement éclaté qu’en 2007 c’est-à-dire il y a 3 ans alors que notre tourisme, lui, est en panne depuis… 30 ans au moins.
Avant le chlordécone, ces responsables utilisaient un autre argument: le trop grand nombre de grèves. Et avant le trop grand nombre de grèves: le manque d’amabilité des Martiniquais (chose qui n’est pas, il est vrai, totalement infondée). Bref, régulièrement, pour justifier leur incurie, ces messieurs-dames nous sortent un lapin de leur chapeau.
La prochaine excuse ce sera quoi?
GRAND-FOND
En parlant de tourisme justement, il y a ce projet de transformation de la magnifique plaine de Grand-Fond au Marin en parcours de golf. Il parait, à entendre ses promoteurs, que ce sera là un formidable moyen de booster ladite activité. Aux opposants (notamment l’ASSAUPAMAR) qui cherchent à empêcher la destruction de ces terres agricoles, il est répondu que Barbade est plus petite que la Martinique et que pourtant, elle possède trois golfs. Certes, mais on peut rétorquer deux choses à cet argument:
- la Martinique possède déjà un golf à Trois-Ilets dont on ne peut pas vraiment dire qu’il attire une foule de touristes;
- les trois golfs de Barbade sont, par contre, toujours pleins.
Notre problème n’est donc visiblement pas tant un problème d’infrastructures qu’un problème d’attractivité de notre île d’une part et de desserte aérienne de l’autre. S’il faut sacrifier les terres, jadis à cannes, de Grand-Fond pour construire une structure qui demeurera elle aussi vide, est-ce qu’on ne commet pas un crime contre les générations futures?
PETITS PLANTEURS
En parlant de canne à sucre justement cela fait des années que près de 200 petits et moyens planteurs crient à l’aide. Dans l’indifférence la plus totale! La Martinique entière est d’accord pour se mobiliser pour faire baisser le prix du savon ou du steack haché importé de France ou des pièces automobiles importées d’Allemagne ou du Japon, mais personne n’est prêt à tout bloquer pour une activité qui pourtant est l’une des dernières activités productives de notre île. Victimes des aléas climatiques et de l’augmentation du prix des intrants, entre autres, nos petits planteurs sont en passe de mettre la clef sous la porte. Dans peu de temps, leurs terres seront vendues et livrées à la spéculation immobilière et à la bétonisation. Notre Martinique, qui perd déjà 1.500 hectares de terres agricoles chaque année, marche-t-elle sur la tête?
Dans une Martinique qui aurait voté pour l’article 74, il aurait fallu créer un «impôt-canne» pour mettre définitivement à l’abri cette culture qui peut parfaitement retrouver son importance d’antan, avec notamment la bagasse pour fabriquer de l’électricité et l’éthanol pour faire rouler les véhicules automobiles. Evidemment, cela impliquerait non pas une diminution, comme c’est le cas actuellement, des surfaces plantées mais au contraire un doublement de celles-ci. Ce n’est pas une chimère : il reste encore de nombreuses terres en friches partout à travers la Martinique. Toujours dans une Martinique autonome, il aurait fallu ôter des mains des maires cette arme de destruction massive qu’est le permis de construire et la confier à une autorité unique.
Mais, bon, la Martinique a voté à 80% contre l’article 74…
TROSTKYSME TROPICAL
Edouard Delépine, fondateur, dans les années 70, du GRS, groupe d’obédience trotskyste, est donc venu témoigner en faveur du Béké Alain Huyghes-Despointes lors du procès de ce dernier pour «apologie de crime contre l’humanité», la semaine passée. Pourquoi jeter la pierre à notre cher professeur d’histoire du lycée Schoelcher? Ses camarades du GRS n’ont-ils pas, pour la plupart, effectué le même virage à 380°? Celui devenant chef de tel grand établissement de l’Éducation nationale «fouançaise» ou tel autre chef de tel grand établissement de Santé tout aussi «fouançaise»? Le journal du PPM, «Le Progressiste», s’est moqué du premier l’autre jour, dans sa rubrique «Kout Zépon», en déclarant qu’on ne peut pas servir deux maîtres à la fois: la Révolution permanente et le Ministère de l’Education Nationale de la doulce France.
C’est trop de méchanceté! En effet, seuls les imbéciles ne changent pas, affirme le dicton. Nos trotskystes sont donc des gens très intelligents.
TIGER WOODS
À en croire la presse étasunienne, l’épouse du célèbre golfeur afro-américano-thailandais Tiger Woods obtiendrait entre 100 et 500 millions de dollars suite au divorce du couple, divorce survenu à cause de la découverte des «infidélités» de Tiger lesquelles se monteraient au chiffre de…120. Ceci aux dires des dames – toutes blanches et blondes! – qui ont (ou auraient) joué à la bête à deux dos avec lui. C’est à qui fera les déclarations les plus croustillantes aux médias!
Dans ce genre d’affaire (qui a frappé aussi d’autres personnages célèbres comme Bill Clinton ou Dominique Strauss-Kahn), les moralisateurs de tous poils et les féministes ont tendance à crier à «la femme bafouée», au «mépris de la femme» et bla-bla-bla. Sauf que ni Tiger ni Bill ni Dominique n’ont fauté avec des poupées gonflables, semble-t-il.
Mais avec des…femmes.
R.I.P.
En parlant d’État-Unis justement, c’est quoi cette nouvelle manie d’écrire «R.I.P.», dans la presse et surtout sur Internet, lorsque quelqu’un de célèbre décède? On a vu fleurir ça sur bon nombre de sites-web antillais lors de la disparition du regretté Patrick Saint-Eloi. Renseignement pris, ç’est de l’anglo-ricain et ça veut dire «Rest In Peace» ou, en français, «Repose En Paix». C’est comme quand vous allez dans un anniversaire et que les invités commencent à entonner sur un ton bovin leur «Happy birthday to you» à la con. Heureusement, le créole a su tourner ça en dérision: «Apré bef-la, sé wou!». Il est temps qu’il en fasse de même pour «R.I.P.».
Marre de l’anglo-ricain!
Raphaël Confiant