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Petites décéptions… |
HUGO CHAVEZ
Les élections législatives se sont donc déroulées sans incident au Venezuela, le dimanche 26 septembre dernier. Le PSUV (Parti Socialiste Uni) du président Chavez a obtenu 98 sièges de député et l’opposition 65. Les medias étasuniens, britanniques, espagnols et français, qui traitent ce dernier de « dictateur » ou d’ «illuminé» à longueur de colonnes, n’ont pas eu un mot d’excuse à son endroit.
Rappelons que Chavez a déjà organisé 15 scrutins dont 6 référendums et trois élections présidentielles, selon les règles de la «démocratie occidentale», et n’a subi qu’une seule défaite. Qui dit mieux? Et c’est un véritable exploit que de conserver une telle popularité et de se maintenir au pouvoir dans un pays où la minorité «blanche» qui, jusque là, avait toujours dirigé le pays, ne cesse de fomenter des coups fourrés avec l’appui de la C.I.A. et du Mossad.
Cette minorité blanche qui, dans ses journaux, traite le métis Amérindo-nègre Chavez, le «zambo» Chavez, de «mono» ce qui veut dire… «singe».
LULA
La dauphine de Lula, Dilma Roussef, n’a donc pas réussi à se faire élire présidente du Brésil au premier tour alors même que son mentor jouit d’une stupéfiante popularité de 80% d’approbations. C’est une déception! Comme au Venezuela d’ailleurs où si Chavez a gagné, on ne peut pas dire que ce soit une victoire écrasante. A partir de là, moi, j’ai comme un problème. En effet, dans n’importe quel pays, les riches et les bourgeois sont toujours une minorité et dans des pays du Tiers-Monde comme le Venezuela ou le Brésil, une toute petite minorité. « Les masses populaires », selon l’expression consacrée constituent donc l’écrasante majorité de la population.
Mon problème: comment se fait-il que lorsque des présidents comme Chavez ou Lula se dévouent au services desdites masses, ils ne sont pas élus ou réélus à une écrasante majorité?
BARACK OBAMA
Le locataire du Bureau Ovale de la Maison Blanche doit se sentir de plus en plus seul. En effet, un à un, ses principaux conseillers ou collaborateurs – tous Blancs ou Israélites! – le quittent. Ceux qui ont porté littéralement Obama au pouvoir, organisant sa campagne, collectant des fonds pour un montant faramineux, le présentant comme le ravaleur de l’image de l’Amérique etc…se détournent à présent de lui. On notera qu’aucun Noir, Hispanique ou Asiatique de son gouvernement ou de son entourage ne fait partie de ces déserteurs.
Pourtant, Obama, si l’on en croit un Noam Chomsky ou un Mel Gibson, n’a guère chamboulé la société étasunienne, lui qui a certes réussi a faire voter l’assurance-maladie pour des millions de ses compatriotes mais qui dans le même temps a versé des millions à des banques prédatrices ; lui qui a entamé le retrait des troupes US en Irak mais qui dans le même temps permet à Nétanyahou, le premier ministre israélien, de poursuivre la colonisation de la Cisjordanie ; lui qui dénonce un prétendu génocide au Sud-Soudan et fait inculper le président Omar El-Béchir par le Tribunal Pénal International mais qui est muet devant les sauvages exactions chinoises au Tibet et au Turkestan oriental (dit «Xin-Kiang») etc…
Pouvait-il faire mieux? Il est permis d’en douter. Il restera dans l’histoire comme un John F. Kennedy noir (en espérant qu’il ne finira pas comme lui), ce qui est tout de même moins pire qu’un Reagan ou un Bush.
MON AUTONOMIE À MOI
En réclamant de nouvelle compétences pour la future collectivité de Martinique au nom du caractère prétendument « sui generis » de cette dernière, le PPM révèle son vrai visage. Plusieurs commentateurs s’étaient étonnés, lors des consultations référendaires de 2003 et 2010 qu’un parti qui prône l’autonomie depuis 50 ans ait par deux fois appelé à voter contre elle. Ce rejet de l’autonomie était d’autant plus incompréhensible (et scandaleux) que tous les partis indépendantistes, du moins ceux qui acceptent la voie électorale, avaient accepté un compromis historique: le MIM, le CNCP, le MODEMAS et le PALIMA avaient, en effet, au nom de l’intérêt supérieur de la Martinique, accepté de mettre en sourdine leur mot d’ordre d’indépendance pour faire un bout de chemin avec les autonomistes. On se souvient de l’acharnement que mis le PPM a dénaturer l’article 74, utilisant pour ce faire les arguments réactionnaires les plus éculés (aventurisme, perte des acquis sociaux et bla-bla-bla). Or, aujourd’hui, passant outre le vote de 80% des Martiniquais qui le 10 janvier 2010 avaient rejeté l’autonomie, voici que ces messieurs-dames du PPM cherchent à nous fourguer une version-balisier de l’autonomie avec la complicité de Sarkozy.
Il est donc clair que ce que le PPM a rejeté par deux fois, ce n’est pas l’autonomie, mais une autonomie qui ne serait pas dirigée par eux! Quitte à faire perdre à la Martinique des années et des années, ce parti a tout fait pour obtenir «Mon autonomie à moi». Et pour ça, il fallait évacuer les gêneurs: d’abord, l’indépendantiste Marie-Jeanne; puis, en 2011, à l’occasion des élections cantonales, l’autonomiste Claude Lise. Pendant ce temps, la crise économique et sociale s’accentue dans notre pays, la jeunesse est aux abois, nos terres agricoles partent à vau-l’eau, notre langue et notre culture se délitent inexorablement. Tout ça n’empêche pas ces messieurs-dames de l’Ancien Réservoir de Trénelle de dormir. Tout ce qui les intéresse, c’est d’avoir le pouvoir, tout le pouvoir, à n’importe quel prix et en prenant tout le temps qu’il faudra!
EL DIABLO
Près de 300 Martiniquaises déchaînées de (20 à 70 ans) ont donc accueilli à l’aéroport du Lamentin, «le beau brun aux yeux bleus» qu’est El Diablo, vedette d’une telenovela qui connaît un énorme succès dans notre île. C’est une claque à un double niveau:
- au niveau du combat contre la vie chère car la place de concert d’El Diablo (il en a fait trois!) coûtait…50 euros. Autrement dit la prime de vie chère est allée direct dans les poches d’un bellâtre. Encore qu’un humoriste local ait déclaré qu’il s’agissait d’un prix BCBA…la culotte.
- au niveau du combat pour la Négritude car dans un pays où les gens n’ont que le mot «Neg» à la bouche, ça la fout mal de voir cette hystérie féminine (pardon pour la tautologie!) à propos d’un type dont on ne peut pas vraiment dire qu’il ait l’air d’être originaire de Bobo-Dioulasso.
AIX-EN-PROVENCE
Un dentiste d’Aix-en-Provence a donc refusé de soigner une fillette de six ans accompagnée par son père en leur lançant «Je ne soigne pas des sales Arabes» et en les flanquant dehors de son cabinet (info donnée par Radio Monte-Carlo). Il y a exactement 40 ans (en 1970 donc), je débarquais dans cette même ville pour y faire Sciences Po. Le lendemain de mon arrivée, sur le Cour Mirabeau, artère principale d’Aix-en-Provence, je m’assieds imprudemment dans un café dénommé «Les Deux Garçons». Je commence à lire «Le Monde», attendant que les trois garçons qui virevoltent autour des tables viennent prendre ma commande. Je lis trois pages, dix pages, trente pages. Toujours rien. Trois quarts d’heures s’écoulent, puis une heure! Pourtant, ils servent tous ceux qui sont assis autour de moi. J’ai beau lever la main, leur faire signe, les garçons m’ignorent. Jusqu’à ce que l’un d’eux, par charité chrétienne, je suppose, s’approche de ma table et me lance
«Le café pour les Arabes, c’est tout en bas! Ca s’appelle «La Mondiale»…»
Raphaël Confiant
Octobre 2010