Publications

On ne naît pas Noir, on le devient

par Jean-Louis Sagot-Duvauroux

2004 - Éd. Albin Michel
 

On ne naît pas Noir, on le devient

 
Aucun enfant ne naît noir et il faut plusieurs jours pour que la peau se pigmente. L'«identité» des jeunes Noirs de France elle non plus n'a rien d'immédiat. Elle est une construction culturelle traversée de confusions où se mêlent idéologie biologisante de la race, mémoires douloureuses ou mutilées, racisme réel ou fantasmé, bonnes ou moins bonnes intentions de la société «blanche». Jean-Louis Sagot-Duvauroux connaît ces situations de l'intérieur. Très impliqué dans la vie artistique du Mali, il s'est marié dans ce pays et son fils a la double nationalité. À la suite d'actions éducatives menées en banlieue parisienne, il tente ici de démêler l'écheveau.

Comment se construit-on quand la langue de la crèche et de l'école n'est pas celle qu'on entend à la maison ? Quel regard les enfants français de parents africains portent-ils sur le «bled», sur la culture de leurs parents, sur la France, sur eux-mêmes ? Filles ou garçons, originaires d'Afrique mais aussi des Antilles, bons ou mauvais sujets, français par choix ou parce que c'est comme ça, ils font partie de notre jeunesse. La société française est-elle prête à les reconnaître comme ses enfants ?

À partir d'exemples vécus, ce texte décape avec vigueur les termes obligés des politiques dites d'«intégration» : origine, communauté, métissage, cultures… Mais il a surtout vocation à être utile. Utile aux éducateurs, aux élus, aux responsables de collectivités à qui il permettra d'éviter bien des pièges. Utile aux jeunes souvent perdus dans les confusions identitaires. Utile aux parents africains d'enfants français qui aimeraient leur faire comprendre l'Afrique. Utile à la société française qui doit apprendre à aimer sa jeunesse sous tous ses visages.
 

On ne naît pas Noir, on le devient, Jean-Louis Sagot-Duvauroux. 2004. ISBN : 2226151613, éd. Albin Michel.

 

Citation du livre

L'empreinte de l'esclavage sur la société des Antilles est là dans la dévalorisation de la langue créole, dévalorisation voulue par le centralisme français, mais intériorisée par tous ceux des Antillais qui la qualifient spontanément de dialecte, voire de patois. Et nous passons tous à côté d'une richesse majeure pour le patrimoine culturel mondial: une langue dont on a vu l'accouchement en direct, une langue juvénile dont la mère est toujours vivante.

La France connaît sa langue mère, le latin, d'où le français est sorti, mais cette langue est morte. Latin : langue des maîtres romains «créolisée» par un peuple celtique. Nous avons aussi la chance très rare de disposer d'une langue, le créole, qui est pour beaucoup sortie du français et qui, mâtinée de syntaxes africaines, a donné un idiome nouveau. Il y aurait un intérêt pédagogique évident à ce que l'école enseigne à tous au moins quelques rudiments de latin et de créole et fasse ainsi comprendre les liens entre la langue et l'histoire.

Il y aurait un intérêt historique et philosophique évident à étudier la façon dont un peuple voué sous les cris au silence de Babel répond d'emblée à cette oppression en parlant quand même, crée en quelques décennies ce que les autres ont mit des millénaires à construire: une langue nouvelle, une langue commune. Dans la vaste constellation des Nègres telle que l'histoire de la domination blanche version française l'a déterminée dans l'enfer de son ciel, les Antillais sont l'étoile Polaire.
 


 
  On ne naît pas noir, on le devient : écho d’une lecture passionnée par Claudie Guichard, enseignante, et Serge Guichard, membre de la direction nationale du PCF.
 
 
 
Pour la gratuité, édité en 1995 par Desclée de Brouwer et aujourd'hui épuisé, est en diffusion "gratuite" sur le net, grâce à plusieurs sites, notamment l'excellente cyber revue Périphéries.
 
 
 
 
 
Intervention de J. Sagot-Duvauroux, Philosophe, Séminaire «Individualisme et Solidarité» , 16 septembre 2003, Nantes.
 
  L'Humanité : L'invité de la semaine.