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Sailles

Christian PRESENT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sailles, Christian Présent • 2014 •

Sailles

Préface

Saillies, l’interminable duel entre le poète et son double

[…] Si vous rêvez d’être artiste, apprenez à douter du succès et l’opportunité de créer sera fidèle à vos aptitudes comme une récompense, et non par excès. […] 

«Je fouille mille corps; 
Mille ruelles; 
Sous les mille réverbères 
De ma tendre et pleine lune.»

Le temps d’écrire est la fumée qui survole l’herbe, on l’attrape il s’évapore, on le cherche il se distille, pareil aux silences embrassant le vide. Le poète suit son élan, tandis que la littérature ne s’intéresse qu’aux verbes tintés de perles et de velours ; les plus choquants s’il le faut. Avec un corps éperdument héroïque qui nous permet d’entrer dans l’Art par effet de sanction ou de contradiction.  Saillies, nous ouvre les yeux sur la rigueur de la poésie classique et la beauté de la poésie moderne qui fait usage poétique du langage. 

Écrire c’est se cloner, s’éloigner, s’étrangler d’émotion pour que l’on puisse transmettre quelque chose, une sorte d’exorcisme pour se reconstituer. Aussi introverti que l’on est, on a des regrets et des jouissances pour épuiser nos sensations. Je vis dans ce lointain / Qui rumine encore l’autre ici. Impossible de se connaitre sans passer par la découverte de l’autre ; une conclusion de Tzvetan Todorov dans le livre: «La Conquête de l'Amérique: La Question de l'autre» sans faire appel à une science particulière pour étudier l’importance de l’autre dans les textes littéraires, on a découvert que certains fragments sont partagés entre déception et contemplation.

«On m’a dit qu’elle serait là
Blottie dans l’ombre, 
A côtés de corps sans aurores»

Elle n’avait rien promis, peut-être qu’on allait la surprendre ou du moins quelqu’un a été chargé de surveiller ses moindres gestes. On oublie trop souvent que les miroirs ne font pas de production, mais de reproduction, ils reflètent sans donner leurs avis. L’acte de se contempler vient de l’intérieur, et l’ombre est le miroir qui nous aide à épuiser notre existence. De ce fait, s’il faut écrire pour vaincre ses blessures, se faire soigner n’est pas une obligation. Mais apprendre à dorloter sa souffrance et à cajoler ses peines sont sans doute les exercices qui harmonisent corps et âme.

Ce recueil avance et recule en même temps, un véritable alliage entre la douceur et la violence. Difficile à claquemurer la métamorphose des rimes et des rythmes traversant la fresque de ces vers sans se retrouver dans un labyrinthe.  En ce sens, il faut dire que ce livre est fait d’une matière vibrante: le déchirement qui existe entre l’auteur et son double. Deux mondes qui se heurtent dans un seul corps, et le combat n'est jamais fini.

Quand Baudelaire à ébouqueté les fleurs du mal, ce n’était que pour inviter d’autres créateurs à participer à la cueillette. L’important aujourd’hui est de savoir que l’œuvre d’un poète est un parcours à suivre. Donc, Christian Présent n’a pas encore tout dévoilé il y aura d’autres Saillies pour justifier sa force poétique.

Anderson Dovilas, Haitian Poète.   

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