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Poème pour le Brésil

Ernest Pépin

Amérindienne Cabloco. © Karim Sahai

Voici venu le temps de l’ombre
Les nuages s’amoncellent sur le dos
Des libertés
Les rivières des peuples annoncent des désastres
Des nappes sombres ont recouvert la table
L’espoir s’échappe telle une rosée
Une poudre éphémère
Un rêve déjà oublié
Voici venu le temps du plomb
L’extrême-droite déferle sur nos épaules
Et nous laisse transis comme des bonhommes
De neige
Où irons-nous cueillir la liberté
Ce possible que chantent les démocraties
Les drapeaux sont en berne
Le soleil a honte
Et l’humanisme n’est plus
Peuple ne vois-tu pas
Qu’un bateau fait naufrage
Que les yeux des enfants ne savent plus rêver
Que le monde s’ensauvage
Déjà nous avons peur de respirer
Déjà l’obscurité nous enveloppe
Déjà nous n’appartenons plus à l’espèce humaine
Il fait nuit noire sur nos désirs
Et nous allons aveuglés d’ombre
Pareils à des chauves-souris
Perdus pour la lumière
Les yeux crevés d’avoir cru
A la sagesse des peuples
Et sous nos pas s’ouvrent les abimes
Qu’on n’attendait plus
Les fosses des fossoyeurs
Voici venu le temps des ombres frauduleuses

ERNEST PEPIN
31 Octobre 2018

boule

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