Potomitan

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À la mémoire de mon  frère trop tôt disparu

À
Jean-Pierre

Christine Lara

Temps d’enfance, temps de rires et temps de pleurs
Liés toi et moi par tant de joies innocentes.
Tant de rêves et de souvenirs rieurs glissent dans ton regard farceur.
Elle, dont j’inventais le nom pour que tes rêves, elle hante
Avec son bandeau illusoire et nos chansons bêtes  d’enfants esseulés.
Toi et ton vélo rouge qui s’envolait dans les allées du Raizet.
Tes farces et mes blagues que les plages entendent encor
Les vagues submergent nos jeux et notre recherche de trésor.
Temps d’enfance, temps de rires et temps de pleurs.
Liés toi et moi par tant de joies innocentes.
Tant de jeux, tant d’éclats  et tant de joies évidentes.
Tant de rêves et de souvenirs rieurs glissent dans ton regard farceur.
Combien de fois avons-nous ri sur ces sables du Moule ?
Combien de fois avons-nous couru dans les mangroves  soûles
De l’Anse Mitan ? Combien de fois avons-nous descendu ce morne triste
Qui nous conduisait à l’école de Fort de France ? C’était notre piste,
Notre route et nos souvenirs ! Que savions-nous alors de cet injuste monde
Où la mort cueille les meilleurs et plonge les autres dans un chagrin immonde ?
Insurmontable peine, revivant sans cesse les souvenirs heureux pour fuir de notre mieux
La folie de la peine qui détruit tout en nous. Sur ce chemin malheureux
Comment vais-je continuer sans toi. Nulle joie ne m’habitera encore.
J’aurais dû envahir tes moments de présence, forcer ta solitude et m’imposer encore.
Que tu cèdes enfin et quittes cette région qui t’a finalement enlevé à nous.
J’ai vécu le passé à tes côtés, mon frère, et j’imaginais deux vieux qui se le ressasseraient.
T’arrachant aux tiens, le temps et ce chauffeur maudit ont joué contre nous.
Nul secret n’est demeuré dans les marécages du Raizet
Où nos aventures s’enchaînaient.        
Temps d’enfance, temps de rires et temps de pleurs
Liés toi et moi par tant de joies innocentes.
Tant de jeux, tant d’éclats  et tant de joies évidentes.
Tant de rêves et de souvenirs rieurs glissent dans ton regard farceur.
Ce mardi soir, hélas, le chauffeur maudit des astres et des ondes, a volé ta vie.
Les vagues ne pourront jamais éteindre cette haine qui  brûle en moi désormais.
Ce mardi soir, sur cette route,  tu es parti vers la lumière ravie.
Et les anges t’on accueilli dans cet abri où les larmes et les peines n’entrent jamais.
Mais je reste, immobile au creux de ce passé que nous avons partagé, je reste immobile
Au creux ce présent qui est dorénavant si gris, si fade, si vide et si futile.
Je te promets de te rejoindre enfin, quand de ce monde que j’abhorre,
Je fermerai la porte. Je revis en mémoire toutes nos larmes d’enfants, tous nos rires
Cristallins, toutes mes blagues et toutes les tiennes sans rien proscrire.
C’est ce souvenir qui demeure et malgré tout, ce passé que j’adore.
Les crabes aux pinces rouges et noires, la mer bleue de la baie, Saint-Denis, la batterie, 
Terre Sainville, Trénelle, la Redoute tous ces lieux de notre vie.
Tu es parti si loin et je ne sais plus vivre.
Je fais semblant de rire et je marche courbée.
Tu as emporté, avec toi, une part de moi.
Et sans toi, je ne sais comment continuer, brisée.                                                           
Temps d’enfance, temps de rires et temps de pleurs.
Liés toi et moi par tant de joies innocentes.
Tant de jeux, tant d’éclats  et tant de joies évidentes.
Tant d’illusions et de souvenirs rieurs glissaient dans ton regard farceur.
Jean-Pierre, mon grand frère au regard si doux que les anges ont reconnu un des leurs.
Tant d’enfance, tant de rires, tant de pleurs et encore tant de douleurs.

Christine LARA

boule

 Viré monté