Je suis bien loin des frontières
Que l'on vénère.
J'ai dépassé le stade où l'on peut
Encore aimer. Je sais vivre
Et j'apprends à mourir.

Les arbres immenses de la forêt
Ont reconnu ma sagesse.
Là aussi j'ai dépassé l'homme.

Les ruisseaux interminables
M'ont dédié leurs chants.
Là aussi j'ai dépassé l'homme.

Toute la nature s'agenouille
Devant moi : l'orage ne gronde pas
Plus fort que moi…
La mer n'est pas plus profonde
Que mes sentiments
Le ciel n'est pas plus méconnu
Que mon cœur…
Là aussi j'ai dépassé l'homme
Et je suis seule…
Les Muses sont si sévères !
J'ai dépassé les frontières
De la Sagesse,
J'ai humilié la grande Nature,
Vaincu les puissantes amours,
Inquiété les hommes…
Et je suis seule…
La nuit n'est pas plus profonde
Que mon désespoir.

Christine LARA
1^er Prix des Jeux Floraux de la Guadeloupe (1977)
Écu d’or de Nice

 Viré monté