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La Petite Fille aux Gros Cheveux

Date de parution 12 Décembre 2012

 

 

 

La Petite Fille aux Gros Cheveux, Marie-Chantal BERNARD FRANCILLETTE •
Caraibeditions • ISBN • Décembre 2012 • €.

La Petite Fille aux Gros Cheveux

Biographie de l'auteur Marie-Chantal BERNARD FRANCILLETTE

Marie-Chantal BERNARD FRANCILLETTE

Passionnée de lecture depuis l’enfance, Marie-Chantal BERNARD FRANCILLETTE a trois enfants qui sont sa principale source d’inspiration. Elle a de nombreux centres d’intérêt mais est particulièrement sensible aux relations interpersonnelles, aux comportements des individus et à l’influence de la société sur leur construction.

Née en Guadeloupe, son enfance s’est partagée entre Paris et son île natale. Son adolescence, elle l’a passée à Toulouse, y a commencé ses études qu’elle a poursuivies à Paris. Ce sont ces différentes histoires de vie qui l’ont sensibilisée aux problématiques liées au métissage et à la différence. Installée en Guadeloupe depuis plusieurs années, elle continue d’être questionnée par ce qu’elle considère au final comme des comportements universels. Après un parcours professionnel éclectique, elle est actuellement Directrice des affaires culturelles et touristiques de la ville du Gosier.

Bruno COIFFARD l'illustrateur

Bruno COIFFARD

C’est un artiste autodidacte devenu graphiste. Il est passionné par les arts et l’écriture. Il est devenu guadeloupéen de cœur il y a quelques années.

Entrevue de l'auteur

«La Petite Fille aux Gros Cheveux», une bien jolie histoire. Ça sent le vécu n’est-ce pas?

Eh bien moi, je suis comme Lia. Petite, mes cheveux ne m’ont jamais posé de problèmes. Mais par contre, ma fille dont on dit qu’elle a de très beaux cheveux (ce qui veut dire aux Antilles qu’elle a des cheveux souples, assez fins et longs) poussait des cris d’orfraie quand je la coiffais alors que j’ai la réputation d’être la reine du coiffage des chevelures coriaces et emmêlées sur des têtes sensibles. Et puis dans mon entourage proche, il y a plusieurs enfants métissés qui me doivent d’avoir gardé leurs cheveux. Leur mère, à l’instar de celle de Lia, n’arrivaient pas à en venir à bout. Je leur ai appris à les coiffer.

D’où vient le terme «Gros cheveux»?

Gros cheveux, c’est un créolisme traduction de «gwo chivé» qui qualifie les cheveux qui ont une texture très épaisse et qui forment une masse compacte. En réalité, je doute qu’une petite fille métisse puisse avoir une texture comparable à celle des «gros cheveux» auxquels on se réfère, même si les lois qui régissent le métissage semblent bien surprenantes parfois. Mais…bon, j’aimais bien ce terme…

L’idée d’en faire un album pour enfant était-elle une évidence pour vous?

En fait, je n’ai pas écrit cette histoire pour ensuite penser à en faire un album. Je l’ai écrite pour qu’elle soit un album. En effet, je l’ai écrite pour participer à un concours d’écriture d’album de jeunesse.

À qui s’adresse cette publication?

J’avoue ne pas l’avoir écrite pour une cible définie. Je pense qu’elle peut s’adresser à des enfants du primaire, du collège et même à des adultes par les questionnements qu’elle soulève. De plus, je pars du principe que, surtout quand les enfants sont petits, les histoires doivent servir à leur apprentissage de la vie et par conséquent doivent être lues avec les enfants.

La Petite Fille aux Gros Cheveux

Est-ce votre première publication?

Il s’agit en effet d’une première édition. J’ai signé deux contrats pour deux autres manuscrit, un album enfant et un roman jeunesse chez un éditeur il y a maintenant un temps certain. Cependant, malheureusement, les livres n’ont toujours pas été publiés. Bah, je ne désespère pas. Peut-être que maintenant, ma carrière d’auteur jeunesse va démarrer, et que j’aurai de nouvelles propositions. Qui sait? Avec mon nouvel éditeur!

Quel est votre métier «de tous les jours»? Est-il en rapport avec votre passion de l’écriture?

Actuellement, je suis Directrice de la culture et du tourisme au Gosier depuis 3 ans, mais j’étais auparavant chargée de la communication et des animations de la médiathèque de la ville. Bien sûr que mes activités professionnelles ont à voir avec l’écriture, mais force est de constater que dans le quotidien, l’on écrit beaucoup de projets, de synthèses, de notes, mais dans la pratique, l’on n’a pas vraiment l’occasion d’écrire autre chose que cela même si l’on met constamment en place des ateliers, des animations autour du livre afin d’œuvrer pour le développement de la lecture publique. Je dirais cependant que ma passion de l’écriture est liée à ma passion de la lecture et qu’elle est également très primesautière. J’ai besoin d’avoir l’esprit tranquille pour écrire. Si j’ai beaucoup de travail, un chantier important, un examen à préparer, je ne lis ni n’écris. Je peux rester plusieurs mois sans écrire et puis, un jour, quelque chose s’impose comme une évidence au détour d’une conversation, d’une situation...

Avez-vous trouvé l’illustrateur aux Antilles?

Bruno Coiffard, l’illustrateur, est un ami. J’ai fait sa connaissance, il y a plusieurs années quand j’étais encore à la médiathèque. J’organisais une exposition d’artistes amateurs et étais à la recherche d’artistes novateurs. Un ami m’a recommandé Bruno, je suis allée voir ce qu’il faisait et je suis tombée sous le charme de ses dessins de couleurs vives, réalisés à l’ordinateur et imprimés sur des bâches.

Pour moi, qui suis toujours à la recherche d’originalité, il était le fleuron de mon exposition. Son travail pouvait choquer certaines personnes, mais j’aime bien certaines fois choquer… un peu… Depuis, nous sommes restés en contact d’autant qu’il est infographiste et évolue dans un milieu professionnel proche de celui de mon mari. Quand j’ai voulu participer à ce concours, je cherchais un illustrateur et je me suis adressée à lui. Il n’avait jamais fait cela mais a accepté gracieusement de se prêter au jeu. Je crois que je voulais d’autant plus que ce livre soit édité que je me sentais redevable envers lui. Nous n’avions pas gagné le concours. Aussi, j’ai proposé l’ouvrage à trois éditeurs, je crois, sans lui en parler d’abord, espérant pouvoir lui faire une bonne surprise. Sitôt que j’ai reçu l’appel de M. Charbonnier de Caraïbéditions, je me suis précipitée sur le téléphone pour lui annoncer la nouvelle.

Comment avez-vous travaillé ensemble?

En fait, on ne peut pas dire que l’on a vraiment «travaillé ensemble». Je lui ai d’abord envoyé le texte pour qu’il me dise s’il lui parlait. Et, il a fait les illustrations. Je n’ai rien vu avant qu’il ait fini. Et, quand j’ai vu, j’ai adhéré de suite. Je trouvais son travail tellement différent, tellement sortant des sentiers battus. Et puis je me délecte des chocs de couleurs. En peinture, j’adore le fauvisme!

Comment s’est passé votre collaboration avec Caraïbéditions qui vous publie?

Une collaboration cordiale, agréable, entièrement par téléphone et par mail! M. Charbonnier est un peu comme Charlie dans «Drôles de dames», on l’entend sans vraiment le voir. Et…on attend ses appels avec chaque fois la même impatience! C’est vrai, même si j’en plaisante. Il n’en reste pas moins que son travail est professionnel, sérieux et respectueux. J’espère vivement qu’il s’agit du début d’une grande aventure éditoriale. J’aime bien l’idée d’avoir un éditeur attitré!

Vous voyez-vous essentiellement comme un auteur jeunesse ou écrivez-vous également pour le tout public?

Adolescente, j’écrivais des poèmes. Ce n’était que des choses mélancoliques et torturées à la Beaudelaire ou Rimbaud - avec moins de brio, bien sûr. Maintenant, je n’écris jamais de poèmes et je ne souhaite écrire que des histoires pour les enfants et les adolescents. Je ne veux rien écrire de triste, ni d’angoissant non plus. Je veux écrire des histoires qui aident à voir et à comprendre le monde (surtout les gens) et je laisse à d’autres le soin d’écrire les livres que je lis, comme les thrillers psychologiques et les romans policiers.

Est-ce difficile de trouver un éditeur pour un auteur des Antilles?

Difficile? Je ne sais pas. La plupart des choses que j’ai écrites sont couchées dans un tiroir chez moi ou dans le disque dur d’un ordinateur. La première fois que j’ai présenté deux histoires à un éditeur, j’ai signé deux contrats. La deuxième fois, c’est pour cet album que j’ai envoyé à trois éditeurs. Deux m’ont répondu qu’il ne correspondait pas à leur ligne éditoriale, le troisième, m’a dit qu’il souhaitait le publier. Il s’agissait de Caraïbeditions. Alors, je dirais que je n’ai pas vraiment effectué un parcours du combattant. J’ai sans doute eu beaucoup de chance…ou…je suis très douée! Je pense néanmoins que pour un auteur antillais, il doit être plus difficile de se faire éditer par un éditeur de l’hexagone. Le travail d’un auteur est influencé par le milieu dans lequel il évolue et le travail d’un auteur antillais est souvent trop connoté pour plaire ailleurs ou plutôt pour être vendable dans les proportions attendues par les éditeurs. Je sais en tous cas que l’édition n’est pas un domaine facile, et il est sans doute encore plus difficile d’être éditeur aux Antilles.

Une suite est-elle prévue ou un autre album pour enfant?

Une suite à cet album? Je ne sais pas, je ne pense pas. Mais d’autres histoires de cheveux, oui! J’en ai une déjà écrite, un roman jeunesse. Mais j’ai aussi d’autres histoires, un roman jeunesse qui raconte l’histoire d’une petite fille qui se découvre une fratrie paternelle ou l’histoire d’un «ravet» nommé M. Léopold! J’en ai aussi que j’ai entamées sans les achever. Mais je pense que j’aurai toujours quelque chose à écrire parce que mon cerveau est rempli d’histoires qui me viennent en observant les gens qui m’entourent. Et même si je ne les écris pas tout de suite elles font leur chemin dans ma tête et ressortent sur le papier quand vient leur heure!

 

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