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La FLA renaît peu à peu de ses cendres

Valéry DAUDIER
Source: Le Nouvelliste

La FLA renaît peu à peu de ses cendres

Des étudiants de la FLA survécus du drame assistent aux cours le jeudi 17 juin 2010.
Photo Moranvil Mercidieu.

Effondrée comme un château de cartes durant la catastrophe du 12 janvier, la Faculté de linguistique appliquée (FLA), la plus touchée des entités de l'Université d'État d'Haïti (UEH), essaie de se remettre de ses maux, cinq mois après le drame. Les cours théoriques pour les étudiants survivants, dont certains sont amputés de jambes et de bras, ont débuté le mardi 15 juin 2010 sur les ruines de cette faculté, où quatre professeurs et près de 200 étudiants ont péri.

Après deux semaines de séances d'activités psychosociales en appui aux étudiants, les cours théoriques ont finalement repris le mardi 15 juin 2010 à la Faculté de Linguistique appliquée. Cependant, très peu d'étudiants marquent déjà de leur présence dans les quatre salles de classe aménagées à cet effet. Les raisons en sont multiples. Certains étudiants ne sont pas encore guéris de leurs graves blessures et d'autres, traumatisés quand ils se présentent sur les ruines de la FLA, ne sont pas encore prêts à suivre des cours.

«Jusqu'à aujourd'hui, chaque fois que je me présente sur les ruines de la faculté, le drame du 12 janvier me vient encore en tête, indique un étudiant de niveau III de la FLA, extrait des décombres pendant huit heures après la catastrophe. J'ai vu des amis souffrir à côté de moi et je ne pouvais rien faire pour les secourir. C'est très choquant et sincèrement je ne suis pas encore disposé à suivre des cours sur le site de la faculté», ajoute-t-il.

Dorine Jeanty, une étudiante en première année, quant à elle, ne saurait oublier de si tôt le drame. Retirée des décombres de la FLA, où elle suivait un cours avec le doyen de la faculté, l'éminent professeur de linguistique, Pierre Vernet, tué sur le coup. Avec la colonne vertébrale déformée, elle ne peut pas encore reprendre ses cours cette semaine.

L'un de ses souvenirs douloureux est peut-être la mort du professeur Vernet juste à ses côtés. «Lors des premières secousses, tous les étudiants étaient paniqués, raconte Dorine. Je me rappelle le doyen nous criant: Du calme! Du calme! C'était son dernier mot. Quand le bâtiment s'est écroulé, il était tout près de moi. Coincée sous les décombres, j'ai pu délier sa cravate et enlevé ses lunettes, il n'a pas bougé. Je m'étais rendue compte qu'il était mort aussitôt», confie la jeune étudiante habitant à Carrefour-Feuilles.

En dépit de tout, les responsables de la Faculté de linguistique appliquée font état d'une certaine motivation manifestée par les 364 étudiants confirmés être vivants sur un total de 597, de reprendre leurs activités académiques. Les rescapés n'ont pas cessé en effet de s'informer de la date de reprise des cours théoriques. Même si plusieurs cas d'amputation ont été recensés. Cinq cas ont déjà été recensés par une commission interne de la FLA. Et dans les prochains jours, d'autres cas d'opérations chirurgicales suivront.

«Ce qui est sûr, il y a une certaine motivation chez les étudiants ainsi que les professeurs, a rassuré le vice-doyen à la recherche de la faculté, le professeur Louines Volny. Même si beaucoup d'entre eux ne viennent pas encore assister aux cours, cette reprise est quand même un grand pas», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, mise à part la mort des étudiants, du doyen Pierre Vernet, du vice-doyen aux affaires académiques Wesner Mérant, du professeur Yves Alvarez et du jeune professeur stagiaire Jean Félix Nelson, les pertes du point de vue matériel sont énormes. Il n'y a que le terrain qui reste à la FLA après l'épouvantable catastrophe. Les laboratoires de langues et d'informatique, la bibliothèque contenant quelque 5 000 ouvrages ainsi que les mobiliers ont été détruits.

«Ce qui nous a le plus préoccupé les premiers jours de la catastrophe, c'est d'essayer de sauver des vies», a fait savoir le professeur Rogéda Dorcé Dorcil, l'un des plus anciens professeurs de l'institution qui souhaite retrouver d'autres étudiants non recensés et qui seraient encore vivants.

En effet, l'une des pertes énormes à la FLA est la mort du doyen Pierre Vernet qui a beaucoup lutté pour qu'une grande place de la langue créole soit faite dans l'enseignement supérieur. De l'avis de beaucoup de professeurs, la mort de cet intellectuel de grand cru sous les décombres du bâtiment de quatre étages a engendré un grand vide en ressources humaines qualifiées et un déficit majeur pour le pays, déjà à bout de souffle avant le terrible tremblement de terre.

Valéry DAUDIER

17 juin 2010

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