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Toup pou yo

Tome II
Manno Sanon

Sanon Sanon
Imprimé au Canada • 2001 • Achat en ligne

Préface

Un succès immense propulse Manno Sanon au sommet de sa carrière. En Belgique, il joue pour le Beerschot d'Anvers. C'était durant les années 1970: cette étape de la vie de Manno est tout à fait inconnue du public haïtien. Or, si on l'appelait "Ti Manno" en Haïti, en Belgique, les fanatiques du Beerschot l'avaient baptisé "Manu". C'est en fait en 1974, après le but marqué contre l'Italie, qu'a commencé la vraie carrière de "Manu". Et j'ai eu l'honneur, sinon le privilège, d'avoir été proche de lui, dès le début de l'époque belge, d'avoir été à ses côtés alors qu'il connaissait tant de déboires, de joie. Et d'avoir aussi assisté à sa progressive montée vers l'apogée de sa carrière.

C'est donc avec fierté, joie, amour et passion, que, sur la base de l'amitié, je vais vous inviter à découvrir les trois périodes qu'il a vécues au Beerschot d'Anvers, durant sept longues années.

La période d'adaptation

Il était alors un inconnu. Un inconnu en Belgique et dans les milieux du football européen. Un amateur qui débarquait dans une structure organisée, au milieu d'un groupe de joueurs et d'un entraîneur professionnel. Seuls les résultats allaient compter.

Cette période, je l'appelle la période noire de "Manu". C'est alors que j'ai pu découvrir ces qualités d'homme. Un homme courageux, peu bavard, réservé, mais un homme qui a su souffrir sans rechigner, sans se plaindre, en vue de pleinement atteindre son objectif principal. Il a énormément travaillé, beaucoup appris. Il savait qu'il lui fallait une très bonne condition physique pour se mettre au même niveau que les autres joueurs. Ce fut la période dure où "Manu", à côté de sa jeune épouse de quelques mois (Suzie qui attendait son premier bébé Manno junior ), a broyé du noir.

C'est la période où il a continué à s'entraîner sans se décourager, et qui pis est, sans occuper, pendant un an, une place de choix dans le noyau de l'équipe du Beerschot.

La période de l'espoir

Je ne saurais écrire cette préface, sans mentionner l'homme qui à mon avis a sauvé la carrière de "Manu" en Belgique. Il s'agit de Rick Coppens. Une ancienne gloire du football belge, un technicien hors pair, il avait été le seul à croire en "Manu". Il avait découvert chez le jeune joueur haïtien, des qualités immenses. Du côté humain: travailleur, réceptif, accrocheur. Du côté sportif: technique excellente et une pointe de vitesse inégalable. Il lui disait toujours: "ne te décourage pas, un professionnel doit continuer à travailler et attendre patiemment son heure". Il défendait "Manu" en face des dirigeants du conseil d'administration dont les membres ne comprenaient pas pourquoi Coppens ne se débarrassait pas de l'Haïtien, pour insuffisance de performance.

Rick gérait au contraire l'impatience des dirigeants et, aussi et surtout, l'impatience non avouée de "Manu". I1 le faisait avec tact, doigté, mais il attendait le bon moment pour placer son joueur en orbite.

Puis, un samedi soir à La Louvière où le Beerschot jouait, Rick allait utiliser son joker de luxe. Au stade où je me trouvais, "Manu" m'avait fait un petit signe, pour me faire savoir qu'il était "dedans, parmi les 16, sur la feuille de match".

A partir de ce moment, tout devenait possible. Je savais qu'il allait participer au match. Et, comme de fait, Manno est entré sur le terrain, au côté gauche, comme latéral. Il a su alors saisir sa chance dans l'équipe anversoise, pour le grand bonheur des supporters.

Période d'apothéose

"Manu" a su profiter de cette chance, c'est-à-dire, s'imposer aux côtés des vedettes professionnelles comme Juan Lozano (son bon ami et complice d'attaque, Walter Mews devenu après sélectionneur national de Belgique), Johan Conninx (auteur du but en finale de la Coupe de Belgique, à la suite d'un magnifique débordement de "Manu", Jan Tomaszewski (le remarquable portier polonais de deux Coupes du monde, 74, 78), Lambert, etc., etc.

Mais le plus important, c'est qu'il arriva à gagner la confiance de son entraîneur, celle de ses coéquipiers, sans oublier le difficile public, du Beerschot. Et dès lors, il y eut comme un festival de la gloire, un " Festival-Manu " dont je cite les points forts, quelques matches mémorables:
Anderlecht–Beerschot; Beerschot–Anderlecht; Standard—Beerschot; Beerschot—Standard; Bruges—Beerschot; Beerschot—Bruges; RWDM—Beerschot; Beerschot—RWDM.

Je n'oublierai jamais deux faits importants de ces différents matches:

  1. Un but de "Manu" au stade d'Anderlecht (à Bruxelles), après un relais avec Juan Lozano et un sprint de 30 mètres dans le couloir gauche où il avait réussi à dribbler le gardien. Le stade était debout pour ainsi dire : C'était le délire. Un tonnerre d'applaudissements.
     
  2. Un but à Bruxelles au RWDM. Un but d'anthologie. Sur un corner tiré de la droite, reprise de volée de "Manu" qui, de l'extérieur du pied gauche, envoya le ballon dans la cage du portier Nico de Bree (international de la Hollande), qui est venu tout de suite après la rencontre inviter " Manu " dans son Bar-Restaurant où le champagne avait coulé à flots.
     
  3. La victoire du Beerschot sur Bruges en finale de la Coupe de Belgique au stade du Heysel (rebaptisé Roi Baudouin). Suivie d'une fête au champagne dans les vestiaires du Beerschot après la victoire. Sans oublier l'invitation à voyager avec l'Anderlecht lors d'une tournée en Afrique ( Algérie ) pendant une semaine.

Je vous encourage à lire ce livre passionnant, le seul document à relater la brillante carrière de "Manu" au Beerschot d'Anvers. Le seul à apporter une aide à la cause d'un homme conscient des problèmes du football haïtien, par le biais de la "Fondation Emmanuel Sanon" (FONDESA), qui encourage le développement du sport en Haïti.

Voici en effet le "Manu" Sanon de la Belgique qui s'ouvre pleinement au public haïtien. Qu'on le découvre donc dans ce tome II de son oeuvre.

Je regrette simplement qu'il soit venu au monde 20 ans trop tôt, manquant ainsi les immenses opportunités du "Business" du football actuel.

John Chéry Journaliste sportif

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Extrait

Manno Sanon

Finalement, quelques semaines après le départ de Lozano, les dirigeants me firent savoir qu'une équipe basée à Miami avait fait une offre pour m'avoir dans leurs rangs. Ils espéraient, avec ma présence là-bas, attirer la communauté haïtienne de la Floride. J'avais alors sollicité l'assistance d'un Agent belge, en vue de m'aider avec les négociations. Il parlait bien l'anglais. Les conditions offertes étaient claires et nettes, et, la seule chose qu'avait réclamée mon négociateur avait été une augmentation du paiement initial proposé par les Américains. Cette augmentation correspondait justement au salaire du traducteur. J'avais quitté la Belgique sans l'espoir d'y retourner un jour, d'autant que j'avais fait des arrangements avec des amis, pour leur passer les meubles que je ne pouvais pas trimballer avec moi.

On m'avait fait savoir qu'il y avait déjà un Haïtien dans ma nouvelle équipe: Nono Jean-Baptiste. A Miami, j'ai passé ma première nuit dans un hôtel non loin de l'aéroport. Le lendemain même, je rencontrais les dirigeants de l'équipe. Je ne connaissais pas Nono, mais j'avais entendu parler de lui. L'équipe était sur le point de prendre part à un championnat américain important. Les premiers jours cependant, les négociations n'avaient pas débouché sur grand chose. Les dirigeants américains sont si intransigeants qu'il est presque impossible d'obtenir d'eux quoi que ce soit d'additionnel. Ils ne voulaient pas aller au-delà de la somme prévue lors de la signature, ce qui déjouait les plans de mon Agent. Le deuxième jour non plus: rien de nouveau. En plus, ils m'avaient fait part de ce qu'ils considéraient comme étant une source d'inquiétudes pour eux: la crainte de me voir partir vers Haïti pour un oui pour un non. Mon pays étant si près de la Floride! Ils craignaient donc que je ne profite de cette proximité pour me rendre souvent chez moi, surtout qu'ils avaient entendu dire que mes compatriotes quittaient souvent leur travail pour s'y rendre, plus d'une fois durant une année. Ils ne voudraient pas, avaient-ils précisé, que je parte sans leur permission. Et puisque j'avais promis que j'agirais selon leur voeu, il ne restait plus qu'à s'entendre sur la question épineuse du montant initial. Les Américains ne cédèrent pas. Et c'est alors que j'acceptai de payer moi-même les frais de l'Agent, dont son billet d'avion, son hébergement et le reste. Le contrat fut alors signé.

Voilà comment j'avais laissé la Belgique. Avec un goût amer à la bouche. Les dirigeants du Beerschoot avaient été étonnés de ma réaction vis-à-vis d'eux, car ils ne s'attendaient nullement à une attitude aussi révoltante de ma part. Moi d'habitude silencieux, tempéré, conciliant, tolérant, qu'est-ce qui expliquait donc cette attitude, s'étaient-ils demandés? Ils n'avaient pas été les premiers à se tromper à mon sujet. Oui, d'autres avant eux, se basant sur mon apparente docilité, ont cru, à tort, qu'ils pouvaient abuser de ma sagesse et me considérer comme un naïf. Ou même comme un imbécile. Ces gens ont toujours été surpris, en me voyant sortir mes griffes pour me faire respecter. Et défendre mes droits.

La page était tournée, après 7 ans en Belgique, 7 ans qui s'étaient déroulés comme dans un Conte de Fée! J'aime appeler ces 7 années: "qui l'aurait cru!". En effet, qui l'aurait cru, que le petit Manno des Frères de Salésien allait connaître un tel succès dans sa vie! Un succès d'une telle envergure, dans le football européen. Sans manquer à la modestie, sans arrogance et en montrant beaucoup de respect pour ceux qui ont foulé les terrains de football du Vieux Continent avant moi, je peux dire que j'ai été le premier footballeur haïtien à s'être fait un nom en Europe, et ça, spécialement après les deux buts marqués lors de la Coupe du Monde. Un peu plus tard, il y a aussi eu Wagneau Eloi.

Pendant mon adolescence, je collectionnais des photos du Roi Pélé, d'Eusébio, de Cubillas, de Gerd Mueller, etc. Mais mes vraies idoles, c'étaient des Haïtiens : Chardin Delices de l'Aigle Noir, Guy St Vil et Joseph Obas du Racing Club haïtien, Jacques Calixte du Don Bosco, etc.... Ce sont ces dieux du football que j'arrivais à voir évoluer sur le terrain, quand j'avais en poche la gourde exigible à l'entrée du stade. J'aimais, quand l'occasion se présentait, leur serrer la main, les toucher ! Ce sont eux qui m'ont inspiré, qui ont alimenté mon grand rêve : devenir un grand joueur! Oui, ce sont eux, et non pas les images des joueurs aperçus à télévision.

J'en profite pour remercier tous ces hommes qui ont tracé le chemin avant moi. Qui ont joué dans l'évolution de ma carrière, de près ou de loin, un rôle des plus importants. Il ne faut jamais se désespérer dans la vie, malgré les contraintes, malgré les obstacles, car, fort souvent, les rêves les plus fous peuvent devenir des réalités.

Dans ce livre, j'ai aussi voulu répondre à une question qu'on me pose assez souvent, surtout mes compatriotes qui vivent à l'étranger. Est-ce que parfois, je ne regrette pas d'être un Haïtien? D'après eux, si j'avais une autre nationalité, dès mon jeune âge jusqu'à l'époque de la maturité hors d'Haïti, j'aurais pu gagner des millions. Ma réponse à ces gens est toujours un NON catégorique, je ne regrette rien. Je n'ai pas choisi d'être Haïtien. C'est le hasard ou mieux, le destin lui-même, qui a décidé que ce fût ainsi. Le jeu de la vie que nous menons sur cette terre est un jeu cruel. Sans merci! Nous sommes tous assis autour d'une table, et c'est le Maître Suprême, l'Homme d'en haut, qui distribue les cartes. Le plus souvent, c'est à nous de décider de la façon de jouer, d'utiliser ces cartes. L'idée du rejet, de l'abandon de la terre natale, des milliers d'entre-nous l'entretiennent. Des parents s'en vont, qui ne reviendront jamais. Ô! Que c'est triste, surtout quand on pense que notre chère Haïti est en train de connaître des moments difficiles, pénibles. De mon côté, je pense à la trajectoire contraire: retourner en Haïti!

En terminant ce deuxième tome de Mannon Sanon Toup pou yo, je tiens à exprimer un grand merci à Dieu, de m'avoir permis de voir le jour sous le ciel de ce pays si beau, si unique, si original. Ce pays que j'aime tant! Ma carrière glorieuse que vous venez de revivre avec moi, c'est grâce à ce pays que j'ai pu le poursuivre. Car il a fallu que je fusse Haïtien, pour arriver à survivre, en traversant les obstacles et les difficultés des débuts de ma carrière en Belgique. Et finir ainsi en beauté! Alors, mille mercis à mon pays! Haïti chérie, je te dois beaucoup!

Manno Sanon

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Toup pou yo

Tome II
Manno Sanon

Manno Sanon

Preface

A tremendous success propelled Manno Sanon at the top of his career. In Belgium, he played for the Beerschot d'Anvers. It was in the 1970’s, this staging point of Manno’s life is totally unknown to the Haitian public, the story began. Thus, if they were calling him “Ti Manno” in Haiti, in Belgium, the fans of the Beerschot have baptized him with “Manu”. It was in 1974, after the goal against Italy, Manu has started his real career and I have the honor, except the privilege to have been close to him from the beginning of the Belgian time to be by his sides at that time when he has experienced a lot of disappointments, a lot of joy. And also, to have observed his progressive rising toward the peak of his career.

It is then with pride, joy, love and passion that, on the basis of friendship I am going to invite you to discover the three periods he lived, playing with the Beerschot d'Anvers for seven long years.

The adaptation period

He was then an unknown (person), unknown in Belgium and in the European soccer environments. An amateur who landed on an organized structure in the middle of a group of players and a professional coach. Only the results were going to count.

I call this period “the black period of ‘Manu”. It was then the time that I could discover these qualities of a man. A courageous man, less talkative, reserved, but a man who suffered a great deal without balking, without complaining, with a view to fully reach his main goal. He had enormously worked, and learned a lot. He knew that he needed to be in a very good physical condition to be at the same level of all the other players. That was the tough period where ‘Manu’, at the side of his young wife (Suzie, expecting the first baby (Manno junior) married a few months, has been down in the dumps.

That’s the period where he continued training himself without getting discourage and what was worst, without occupying, for a year, a place of choice in the nucleus of the Beerschot team.

The period of hope

I would not have been able to write this preface without mentioning the man, who, in my opinion, has saved Manu’s career in Belgium. This man in question is Rick Coppens. An old glory of Belgian soccer, and an outstanding technician. He was the only one to believe in ‘Manu’. He had discovered in the young Haitian player, some outstanding qualities. From the human side: hardworking, receptive, and tenacious. From the sportive side: excellent techniques and with an incomparable speed. He always told him: “don’t be discouraged, a professional should continue to work and wait patiently for his hour”. He defended ‘Manu’ before the board of directors whose members didn’t understand why Coppens did not get rid of the Haitian player for lack of performance.

On the contrary, Rick managed the directors’ impatience and also mostly, ‘Manu’s non acknowledged impatience. He did it with tact, and diplomacy but he awaited the right moment to place his player into orbit.

Then, a Saturday night at the La Louvière where the Beerschot team was playing, Rick was going to make use of his luxury joker. At the stadium where I was, ‘Manu’ had made a little gesture to me, letting me know that he was among the 16 on the game list”.

From this moment, everything has become possible. I knew that he was going to take part in the game. And, as a matter of fact Manno got on the field, as a left lateral. He was then sure of grasping his chance in the Anversoise team, for the great happiness of his supporters.

The apotheosis’ period

Manu’ took advantage of this chance; that is, dominating along the sides of professional stars like Juan Lozano (his good friend and scorer partner, Walter Mews who later become Belgium national coach), Johan Conninx (author of the score in final of the Belgium Cup, followed by a ‘Manu’s magnificent outburst, Jan Tomaszewski (the remarkable polish goal keeper of two World Cup, 74, 78), Lambert, etc.

But the most important is that success in winning his coach’s confidence, that of his fellow players, without forgetting the difficult public of Beerschot. And from that moment, he had as festival of glory, a “Manu Festival” of which I cite the strong points and, some memorable games: Anderlecht–Beerschot; Beerschot–Anderlecht; Standard—Beerschot; Beerschot—Standard; Bruges—Beerschot; Beerschot—Bruges; RWDM—Beerschot; Beerschot—RWDM.
I will never forget two important facts of these different games:

  1. A goal by ‘Manu’ at the Anderlecht stadium (in Bruxelles), after a relay with Juan Lozano and a final spurt of 30 meters on the left lane where he succeeded in dribbling the goal keeper. The stadium rose up so to speak: It was sheer madness. A thunderous applause!
     
  2. A goal in Bruxelles at the RWDM. An anthology goal. On a corner thrown from the right, ‘Manu’s volleyed return who, from the exterior of the left foot, sent the ball in the box of the goalkeeper, Nico de Bree (Holland’s international), who came right away after the game to invite ‘Manu’ to his Bar-Restaurant where champagne was flowing freely.
     
  3. The Beerschot victory over Bruges in final of the Belgium Cup at the Heysel stadium (renamed King Baudouin’s). Followed by a Champaign party in the lobbies of Beerschot after the victory. Including the invitation to travel with Anderlecht during a tour in Africa (Algeria) for a week.

I encourage you to read this fascinating book, the only document recounting ‘Manu’s brilliant career with Beerschot d'Anvers. The only one to bring an aid to the cause of a man conscious of Haitian soccer, using the expedient of “Emmanuel Sanon Foundation” (FONDESA), to encourage the development of sports in Haiti.

In deed, here is the ‘Manu’ Sanon of Belgium who is widely open to the Haitian public. So, discover him in this tome II of his work.

I only regret that it wasn’t published 20 years earlier, missing that way a great deal of opportunities of the current soccer “business”.

John Chéry, Sportive journalist

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EXCERPT

Manno Sanon

Finally, some weeks after Lozano’s departure, the team leaders told me that a Miami based team has made an offer to have me among them. They were hoping, with my presence there, to attract the Haitian community of Florida. I had then solicited the help of a Belgian agent in order to help me with the negotiations. He was fluent in English. The conditions offered were clear and neat; the only thing my negotiator claimed was a raise of the initial payment proposed by the Americans. This raise would correspond just to the translator’s salary. I left Belgium with no hope of going back there one day, because I have made arrangements with friends to pass them the furnitures that I could not drag with me.

It was made known to me that there has been already a Haitian (Nono Jean-Baptiste) in my new team. I spent my first night in a hotel not too far from the airport. The very next day, I met the team’s leaders. I didn’t know Nono, but I’ve heard of him. The team was about to participate in an important American championship. However, the first days, the negotiations did not open onto something great. The American team leaders were so uncompromising that it was almost impossible to obtain from them whatever might be additional. They did not want to go beyond the anticipated amount at the time of the signing, something that thwarted my agent’s plans. Nothing new either the second day. Furthermore, they’ve informed me of what they’d consider to be a worrying source for them: (that is) the fear of seeing me leaving for Haiti for a yes or no. My country is so close to Florida! They feared that I wouldn’t take advantage of this closeness to go home often, specially they’ve heard that my countrymen would often leave their work to go there more than once a year. They clearly stated that they wouldn’t let me leave without their permission. And since I’ve promised that I would act according to their wish, what only remained was to agree upon the tricky question of the initial payment. The Americans didn’t give up. I then, a this time, accepted to pay the agent ‘s expenses on my own, including his plane ticket, lodging and the rest. The contract was then signed.

Here is how I left Belgium. With a bitter taste in my mouth. The Beerschoot team leaders were stun of my reaction against them since they were not expecting such a revolting attitude from me. As usual, I am a quiet, tempered, conciliating, and tolerant person. “Why this attitude?”, they wondered. They were not the first ones to be mistaken by my case. Yes, based on my noticeable obedience, others before them have, wrongly, believed that they could take advantage of my wisdom and consider me as naïve or even a stupid person. These people have been always surprised, seeing me draw in my claws in order to make people respect me and to defend my rights.
The page has been turned after 7 years in Belgium, 7 years that have gone like a fairy tale! I like calling these 7 years “who would believe it!”. In fact, who would believe it, that the little Manno of the Silesian Brothers would have such a success in his life! An incredible success in European soccer. With modesty, without arrogance and in showing a lot of respects for those who have walked upon the Old Continent’s soccer fields before me;  I mean I was the first Haitian soccer player who made a name for myself in Europe, and this, particularly after two goals scored during the World Cup. A little bit later, came also Wagneau Eloi.

During my teenage years, I collected picture of King Pélé, d'Eusébio, de Cubillas, de Gerd Mueller, etc. but my real idols were Haitians like Chardin Delices (of Aigle Noir), Guy St Vil and Joseph Obas (of Racing Haitian Club), Jacques Calixte (Don Bosco), etc.... It’s these soccer gods that I saw developing in the field when I had in my pocket the required “gourde” fee at the stadium’s entrance. I would like, should the opportunity arise, to shake hands with them, to touch them! They are the ones who inspired me, who have fed my great dream of becoming a great player! Yes, it’s them, and not the images of players seen on television.

I take the opportunity to thank all these men who have shown the way before me. Who have played in the development of my career, from close by or far away, one of the most important roles. One should never lose hope in life, despite of constraints, and obstacles because quite often, the craziest dream can become a reality.

In this book, I also wanted to answer a question that they often ask me, particularly my countrymen who live abroad. Don’t I sometimes regret of being Haitian? According to them, if I’ve adopted another nationality from my young age up to the time of maturity outside of Haiti, I could have earned millions. My answer to these people is always a categorical NO. I don’t regret anything. I didn’t choose to be Haitian. That’s the luck of the draw or better, destiny itself, that decided it to be that way. The game of life that we lead on this earth is a cruel one. Mercyless! We are all sitting down around a table, and it’s the Supreme Master, the Man in heaven, who distributes the cards. Very often, it’s up to us to decide the way to play it or to use these cards. The idea of expulsion, of abandoning the native land, thousand of us maintain it. Some parents have gone away and will never come back. Oh! How sad it is, specially when one thinks that our dear Haiti is about to experience some difficult, and tiresome moments. For me, I think of the opposite path: going back to Haiti!
In finishing this second tome of Mannon Sanon Toup pou yo, I must give a big thanks to God, to have allowed me to see that day under the this such beautiful country’s heaven, so unique, so original. This country that I love so much! My glorious career that you’ve just lived again with me, it’s because of this country that I could pursue it. For I should had been a Haitian making it to survive, to get round the obstacles and difficulties from the beginning of my career in Belgium. And ended up that way in beauty! Then, thousand thanks to my country! Haiti my darling, I owe you a lot!

(English translation of preface and Excerpt: Emmanuel W. Vedrine)

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Vidéo

Biographie par Paul Sanon.

INTERVIEW WITH MANNO SANON #2

INTERVIEW WITH MANNO SANON #3

Wold Cup Soccer (FIFA) 1974, Haiti 1 - Italy 0

Manno Sanon Nan Miwo Dorcil (Audio)


Viré monté