Potomitan

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Hommage à Jacques Roumain

par Carl Fombrun
 Avec la collaboration de
Antoine Brice, Carine Roumain, Henry Delva, Charles Delva.
vèsyon kreyòl

Jacques Roumain
Source Îìle en Île, Photo (prise vers 1942) des archives CIDIHCA, D.R.

ONNEUR-RESPECT ! HONNEUR-RESPECT !
JE NE VOUS ENTENDENDS PAS ! HONNEUR-RESPECT !

Bonsoir chaque concitoyen, bonsoir chaque concitoyenne! Je dirais comme le célèbre écrivain francais Victor Hugo, que l'art de bien écrire c'est d'utiliser des mots courants avec harmonie, et j’ajouterais aussi, s’exprimer avec simplicité. J’espère garder cette discipline tout au cours de cette conférence.

Bonsoir mon compère, bonsoir ma commère! Bonsoir chaque citoyen, bonsoir chaque citoyenne, comme à la ronde de chez nous.

Mes amis, je n’avais que douze ans quand ce grand haïitien, Jacques Roumain: aristocrate, romancier, journaliste, poète, ethnographe, archéologue, écrivain, philosophe, diplomate, et encore, s’éteignait le 18 Août 1944. Cette date, le 18 Août, m’est chère personnellement. Elle me rappelle la naissance de ce beau petit garcon du même non, mon fils CH, mort à douze ans dans un accident de bateau, l’année 1971 à New York. Le Seigneur donne et IL décide aussi…

Jacques Roumain était mon voisin dans un petit village ayant pour nom Kenscoff situé dans une montagne qui domine Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, ou pendant les vacances d’été tous les gens économiqument confortables dénommés bourgeois, mulâtres et noirs, ont encore des villas d’été et fuient la chaleur de Port-au-Prince. Jacques Roumain était l’un de ces bourgeois, un mulâtre, et en Août 1944 il se reposait à Kenscoff. Il lui restait quelques jours à vivre. Deux semaines auparavant, il avait laissé la Mission Diplomatique haïtienne au Mexique ou il était le Chargé d’Affaires du gouvernement Lescot, pour retourner dans son pays, et reprendre son soufle dans sa résidence montagneuse. En gosse turbulent, j’eus l’occasion de rencontrer Jacques Roumain comme voisin, qui me donna une ou deux fois l’opportunité de fumer un bout de son éternelle cigarette. Ceux sont les souvenirs les plus tendres que j’aie de lui. Il rendit l’âme à Pétionville à l’âge de 37 ans.

Introduction

Je retournerai dans un moment, je vous l’assure, pour camper en détails la vie de cet haïtien mémorable, qui aurait célébré son centième anniversaire de naissance en l’année 2007, s’il ne nous avait laissé à la fleur de l’âge en 1944. De quoi s’agit-il?

Je rejoins l’éminent écrivain Lyonel Trouilliot en Haïti qui demande que les célébrations pour l’année 2007 en l’honneur de Jacques Roumain «devraient avoir un caractère populaire. Le dialogue avec Roumain, les manifestations en son honneur ne doivent pas rester le privilège d’un petit groupe. Ce serait trahir sa mémoire». J’ajoute, de ma part, que ces manifestations devraient se dérouler à la mémoire de Jacques Roumain, surtout en Créole, la vraie langue haïtienne, bien que Jacques Roumain, mulâtre et bourgeois, écrivait et parlait en francais, il a lutté pour l’avancement de la vaste majorité du peuple haïtien qui s’exprime et comprend le créole, la langue officielle du terroire, de paire avec le francais.

Voici Jacques Roumain

Dans mes recherches, ci-joint l’extrait d’une lettre par Jacques Roumain écrite à Tristan Rémy, une connaissance, et saisie par la police en Haïti:

«Je suis un communiste. Non-militant pour l’instant, parce que les cadres d’une lutte politique n’existent pas en Haïti. Je m’applique à me préparer…Fils de grands propriétaires terriens, j’ai renié mes origines bourgeoises. J’ai beaucoup vécu avec les paysans. Je connais leur vie, leur mentalité, leur religion, ce mélange étonnant de catholicisme et de vaudou.

Je ne considère pas le prolétariat paysan comme un trésor sentimental. Le paysan est notre seul producteur et il ne produit que pour être exploité de la manière la plus effroyable, par une minorité politicienne qui s’intitule l’Élite. Tous mes écrits ont combattu cette prétendue élite… J’ai écrit depuis mon plus jeune age des poèmes et des contes…Je travaille au renouvellement de notre littérature par l’étude de notre riche folklore. Jusqu’à ce jour nos écrivains, à de rares exceptions, n’ont fait qu’imiter les poètes et conteurs Français. J’estime que notre littérature doit-être nègre et largement prolétarienne. Je travaille également au rapprochement des écrivains nègres de tous les pays. C’est pour cela que que je prépare, sous le titre, Poèmes Afro-Américains, une plaquette de traduction des poèmes Nègres-Américains… Nous pensons que la vie est en soi une mise en occupation: que la mission fondamentale de l’homme est de se justifier, que cette justification, il peut la trouver dans une adhésion totale à la fraternité humaine.»

Jacques Roumain est né le 4 Juin 1907 dans un quartier dénommé Bois Verna, à Port-au-Prince, Haïti. Il était un mulâtre comme moi, votre serviteur, qui est aussi né à Port-au-Prince, un mois de Juin, un mois de chaleur. Ce n’est pas mon intention d’offenser quiconque, nous sommes tous humains, nous sommes tous des frères et sœurs, sans vous je ne suis rien et nous avons tous voix au chapitre, je suis en vous et vous êtes en moi, mais, avec le respect et l’honneur dûs à tous, je ne suis pas confortable avec la désignation raciale «grimo» populairement en usage à Miami pour décrire un mulâtre, un métis ou sang-mêlé; le mot «grimo» de mon temps signifiait un nègre au teint clair avec des cheveux crépus et des yeux verts ou bleus. Sans aucune intention de froisser les «grimos», ce tableau ne décrit ni Jacques Roumain ni Carl Fombrun. Dans mes trois dictionnaires créoles je ne trouve pas le mot «grimo» après «grimas».

Au temps de la colonie, il était normal d’user du mot «mulâtre» qui décrivait clairement la progéniture issue du croisement caucassien et noir. Bien que Barak Obama, candidat à la présidence des Etats-Unis, est un mulâtre authentique, les temps ne sont plus les mêmes aujourd’hui ou les croisements raciaux sont multiples aux Etats-Unis et ailleurs.

Chers amis, nous sommes des haïtiens sang-mêlé ou métis comme le premier président Haïtien Alexandre Pétion, comme ce grand écrivain d’origine haïtienne enterré en compagnie de Victor Hugo, au Panthéon à Paris, Alexandre Dumas; comme Jean Dominique, comme mon ami l’écrivain Roger Savain, comme le poète Félix Moriseau Leroy ou la librairie Mapou est établie aujourd’hui dans la rue Félix Moriseau Leroy dans la Petite Haïti à Miami, comme beaucoup d’autres haïtiens qui sont racialement mélangés avec les tainos, caucassiens et autres; et ils ne le savent peut-être pas.

Mes amis, on ne peut choisir ses père et mère. Retournons avec ce qu’il y a d’important en Jacques Roumain, ses réalisations comme un citoyen Haïtien militant, comme citoyen du monde, lors de son court passage dans cette vallée de larmes.

Je lis pour vous quelques extraits tirés des ÉDITIONS MÉMOIRES JEUNESSE:

«À cette époque, le Bois Verna n’était même pas un amas de ruelles, tout juste des chemins bordés de quelques maisons plus agréables que belles, où l’on vivait plutôt dans l’aisance, au son d'un piano jouant tantôt Chopin, tantôt une méringue haïtienne lente et langoureuse.»

C’est dans cette ambiance que Jacques Roumain a grandit. La maison ou il naquit est aujourd’hui à la Rue Lamartinière à Port-au-Prince et actuellement une école ayant pour nom Dr. Martin Luther King, Jr.

Jacques Roumain fut envoyé en classes au collège Saint Louis de Gonzague à Port-au-Prince, dirigé par les Frères catholiques francais originaires de Bretagne, en France. C’est à cette école, située à la Rue du Centre à Port-au-Prince, que les gens aisés envoyaient leurs enfants. Il mène une enfance turbulente mais déjà le petit Jacques observe son millieu social, qu’il décrira comme adulte «une minorité politique qui s’intitule l’Élite», face à un peuple en haillons.

En 1920, à l’age de 13 ans, les parents de Jacques Roumain l’envoient terminer ses études classiques à Berne, en Suisse. Il déclare:

«La seule chose que je fasse avec passion est la lecture: Schopenhauer, Nietzsche, Darwin et les vers de Heine et de Lenau».

Il s’inscrit ensuite à l’école Polytechnique à Zurich.

En Suisse, Jacques Roumain écrit la lettre suivante à Joseph Jolibois fils, directeur du journal COURIER HAITIEN à Port-au-Prince, qui luttait pour le départ des occupants étrangers en Haïti:

«Monsieur le Directeur, Vous excuserez l’audace que j’ai prise en vous écrivant, car personnellement je vous suis tout à fait inconnu.Vous me pardonnerez sûrement quand je vous dirai que je me vante d’être haïitien… J’ai hâte de retourner en Haïti, afin d’aider à relever le courage des masses et à soulager le peuple… Et vous me combleriez si vous vouliez me faire l’honneur de me considérer au nombre de vos alliés les plus fidèles.»

Jacques Roumain allait commencer en Haïti en 1927, ce que Fidel Castro a réalisé à Cuba en 1959, blanc bonnet et bonnet blanc en tant que philosophie politique.

En 1926, à l’age de 19 ans, Jacques Roumain va en Espagne pour étudier l’agronomie. En 1927, à l’âge de 20 ans, Jacques Roumain retourne en son pays Haïti, occupé par les Etats-Unis d’Amérique. Il prend ouvertement position contre l’impérialisme yanki et fait appel à tous les écrivains sur terre de lutter contre l’oppression d’Haïti par l’Oncle Sam. Il est révolté contre la discrimination raciale aux États-Unis et s’écrie:

«Eh bien voilà! Nous autres les «niggers», les sales nègres nous ne l’accepterons plus. C’est simple, plus!»

En Haïti, Jacques Roumain comme dirigeant du Comité de grève contre l’Occupation américaine à l’École d’agriculture de Damien déclare l’état de siège. Il est mis en prison le 13 décembre 1928 jusqu’en 1929. En 1933 il est emprisonné pour avoir fondé le parti communiste dans la clandestinité… En juin 1934 le président «nationaliste» Sténio Vincent fait de nouveau emprisonner Roumain et il est condamné par une cour militaire à trois ans de prison. Après sa libération Jacques Roumain laisse Haïti pour l’exil le 15 juin 1936.

Chers amis, le 15 juin est ma date de naissance et ce même jour en 1959, après être sorti miraculeusement vivant du Fort Dimanche (la prison de prédilection de Francois Duvalier pour ses victimes), je prenais refuge à l’ambassade du Mexique à Pétionville, fuyant la dictature de Papa Doc. Après un mois comme pensionnaire dans la mission diplomatique sous la haute protection du gouvernement mexicain, le dictateur était finalement acculé à nous remettre nos visas de sortie à moi et à mes deux frères qui étaient aussi réfugiés politique dans la même ambassade; un long exil à Cuba, aux État-Unis, et en Afrique avait commencé pour nous trois.

À l’age de 13 ans, à part un bref séjour en République Dominicaine, je laissais Haïti pour la première fois comme Roumain. Je ne saurais comparer mon état d’âme et ma formation intellectuelle de ce temps à ce dernier, nous avons cependant des affinités, ou comme un jeune haïtien d’une classe privilégée, j’eus, comme lui, une enfance turbulente et je le rejoins où il s’écrie: «Je trouvais plaisir à déchirer mes fonds de culotte avec toutes les mauvaises têtes du quartier.» J’ose prétendre mieux le comprendre, où sans pourtant être un militant politique avec une cause bien définie, mais fils d’un homme politique, j’ai éprouvé comme Roumain des aspects déplaisants dans les luttes de classes du terroire, pour aboutir à la persécution, la prison, et l’exil en pleine jeunesse.

En Haïti, la ségrégation sociale et d’épiderme étaient de mise, de mon temps strictement observée, et est encore (plus ou moins) une réalité, de rigueur, ou la liberté, l’épanouissement individuel sont découragés, mais dictés par un héritage féodal et colonial. La rigidité, la séparation des classes et des couleurs d’un temps passé en Afrique du Sud, n’avaient rien à envier des années avant et surtout pendant l’Occupation américaine en Haïti, où elles furent encouragées de plus belle par les blancs sudistes/racistes de l’Oncle Sam; ce carcan est à l’origine du drame national haïtien, toujours en scène, depuis plus de 200 ans.

Le 15 août 1936 Jacques Roumain arrive à Bruxelles, Belgique. En septembre de l’année 1937, il rencontre le poète mulâtre Langston Hughes et l’autre poète de couleur cubain Nicolas Guillén. Leur amitié fleurit. En 1937 Jacques Roumain se trouve à New York et il étudie l’anthropologie à Columbia University. Il laisse New York en 1941 pour débarquer à Cuba en 1941 avec son ami cubain Nicolás Guillén.

Elie Lescot est élu président d’Haïiti en 1941 et Jacques Roumain retourne au bercail en Octobre 1942. Lescot nomme Roumain Chargé d’Affaires de la Mission Haïtienne au Mexique; c’est une tradition politique haïtienne pour un président de se défaire d’un adversaire, sans trop brouiller les cartes, en l’envoyant à l’étranger comme diplomate. Lescot l’a fait, Estimé, Magloire et Duvalier ont suivi cette tradition.

En 1943 Jacques Roumain en trois fois est alité. En 1944 sa santé s’empire, et il rentre en Haïti pour deux semaines de vacances. Il meurt à Pétionville d’une cirrose du foie. Il n’avait que 37 ans. De sa maison familiale au Bois Verna, il est conduit au cimetière de Port-au-Prince sous une forte averse par une multitude de gens.

Jacques Roumain était d’une rare sensibilité et il se laissait souvent emporté dans ses prises de position. Malgré son activisme politique, la prison et l’exil, il trouva moyen cependant de fonder le Bureau d’Ethnologie le 31 octobre 1941, pour «sauver de l’oubli les traditions, les chants, les danses qui sont les créations les plus originales et les plus intéressantes du peuple haïtien» dira le Dr. Alfred Métraux, ethnologue francais.

Aristocrate, sensible, raffiné, d’une belle culture, issu d’une grande famille bourgeoise haïtienne, Jacques Roumain était pourtant simple et ne se glorifiait d’aucun titre. Comme l’a décrit son ami l’écrivain cubain Nicolás Guillén:

«Jacques Roumain parlait d’une voix très grave. Il se montrait triste et sévère. Il fut de lune, il fut d’acier. Il résonnait, il s’enflammait…Haïtien, dis-moi, as-tu vu passer son front à la peau brune et voler son ombre suave.»

Jacques Roumain savait se mettre à la place et se faire aimer des humbles, des pauvres, contrairement à certains intellectuels haïtiens, qui s’enferment dans une tour d’ivoire imaginée, en déclarant sans ambages qu’ils ont la science infuse. Ils font journellement la lecon aux autres, et s’imposent avec arrogance aveuglement au peuple haïtien, qui, comme d’habitude, n’est pas à l’écoute et ne les comprend pas. Et l’on s’étonne qu’on ait eû Jean-Bertrand Aristide? Et l’on s’étonne que l’on ait René Préval?

Jacques Roumain n’a écrit qu’un seul receuil de poèmes BOIS D’ÉBÈNE et plusieurs récits comme LA PROIE ET L’OMBRE, LA MONTAGNE ENSORCELÉE, LES FANTOCHES. Son livre le plus connu, GOUVERNEURS DE LA ROSÉE, paraitra après sa mort en 1944, il sera traduit en dix-sept langues et ensuite présenté sur le grand écran à Cuba en 1964 et en France en 1974. C’est un roman d’amour où dans leur village dénommé Fonds Rouge, Anaise, une jeune paysanne haïtienne et Manuel, ouvrier agricole revenu de Cuba sont attirés l’un par l’autre dès leur première rencontre. Les problèmes de famile, de l’environnement et de la distribution d’eau potable sont multiples, et la fascinante histoire est racontée. Parlant de GOUVERNEURS DE LA ROSÉE, Jacques Stephen Alexis fait ressortir:

«Jacques Roumain a écrit un livre qui est peut-être unique dans la littérature mondiale parce qu’il est sans réserve le livre de l’amour.»

Jacques Roumain nous rappelle aussi le Dr.Martin Luther King, mort comme lui à la fleur de l’âge dans la trentaine et il défend les droits de ses frères noirs étatsunisiens en déclarant que sa race est celle des ouvriers paysans de tous les pays sur terre.

«Nous sommes tous des frères et nous avons le même poids dans la balance de la misère et de l’injustice… Afrique, tu vis en moi. Afrique tu es en moi comme l’écharde dans la blessure comme un fétiche tutélaire au centre du village, fais de moi la pierre de ta fronde, de ma bouche les lèvres de ta plaie, de mes genoux les colonnes brisées de ton abaissement…Jeunesse, vous êtes éparpillée! Cela ne doit pas être.Groupez vous!»

Jacques Roumain s’est allié aux vodouisants contre la campagne de l’église catholique de paire avec le gouvernement de Lescot dont le but était d’éradiquer la religion Vaudou en Haïti. Il déclare au Clergé:

«L’Haïtien n’est pas plus ni moins superstitieux qu’un autre peuple. Les pratiques dites superstitieuses aux quelles le peuple haïtien se livre ont un caractère universel.»

Dans une polémique en 1942 avec le Père Foisset du Petit Séminaire Collège St. Martial à Port-au-Prince, et que j’ai bien connu comme étudiant, Roumain est tour à tour sérieux, éloquent, passionné, ironique, pince-sans-rire et à l’avant-garde des fascinants sujets qui sont encore de l’actualité. Le temps nous manque pour citer toutes ses remarques. En voici quelques unes:

La religion

«J’ai lu le Père Foisset avec intérêt. Il a beaucoup de grâce quand il discute des miracles. Quand à l’authenticité divine du Christ, c’est une question qui m’intéresse la foi et l’érudition, mais qui pour moi n’a aucune signification pratique...»

«Ce qu’il a de plus pitoyable (croire sans hésitation) c’est une attitude aussi archaique, rigide et anti-scientifique qui ne fait que nuire à l’Église et troubler dangereusement ses fidèles intelligents, car il y en a qui sont épris de vérité...»

PINCE-SANS-RIRE

«Je ne sais si le «savant Père Foisset» est un phénix. Aux lecteurs d’en juger. Mais il est indéniable qu’il a commun avec le fabuleux oiseau, qu’on a beau le passer sous le «pilon» des arguments les plus écrasants, il renait sans cesse de ses cendres et de sa poussière.»

SUR L’INDÉPENDANCE HAITIENNE EN 1804

«Si Dessalines était resté en Afrique, il ne serait pas devenu, cela va de soi, LE LIBÉRATEUR. Mais il est certain que nécessité historique aurait suscité à St. Domingue un autre individu, mais dont le génie et la carrière n’eussent pas été absolument identiques et dont l’œuvre aurait abouti au même résultat… L’idéologie de 1789 était devenue une force irrésistible qui ne dépendait pas seulement d’une personnalité exceptionnelle.»

Quelques hommages rendus à Jacques Roumain :

«Les peuples sont des arbres qui fleurissent malgré la mauvaise saison, à la belle saison notre arbre continue à vivre.Un peuple qui vient de produire un Jacques Roumain ne peut pas mourir.» - Jacques Stephen Alexis

«Jacques Roumain est mort, mais le beau poème que fut sa vie demeurera toujours. Son souvenir restera plus que jamais gravé à la mémoire des artistes et des champions du peuple.» - Samuel Putman

«Nous avons beau ne pas te voir, et savoir désormais que tu es entré un peu plus intimement dans la sainte chimie du sol natal tu demeures notre leçon.» - Roussan Camille

La conclusion de Carl Fombrun

Jacques Roumain était loin d’être parfait et loin est notre intention de le déifier, ou de le rejoindre dans toutes ses idées. Comme l’a écrit Lyonel Trouillot:

«Il ne faut pas, en le célébrant, voler Roumain à sa propre histoire, à son identité individuelle.»

Il serait triste que Roumain devienne une sorte de «lamayòt» un bon et grand citoyen haïtien qui aimait tout et tout le monde et que tout le monde aimait. Cela dit, il ne faudrait pas non plus que la gauche haïtienne, ce qu’il en reste, trouve en Roumain un paradis de la mémoire et s’abrite derrière sa grande ombre pour éviter les questions qui se posent à elle. Mon intention, comme conférencier, n’est pas de présenter Jacques Roumain comme un prophète ayant la science infuse, mais bien de rappeller au monde que Jacques Roumain était un grand haïtien, qui a laissé sa marque mondialement dans ses écrits et son activisme en faveur des humbles; il a laissé sa marque comme militant pour une justice et une meilleure vie pour tous les déshérités du sort.Haïti peut et doit être fière de lui.

Mes amis, merci à tous.
Carl

crabe

KREYÒL PALE, KREYÒL KONPRANN

ONÈ-RESPÈ! ONÈ-RESPÈ! MWEN PA TANDE N! ONÈ-RESPÈ!

Bonswa chak sitwayen, bonswa chak sitwayèn! Mwen ta di menm jan ak gran ekriven Frans sa a, ki te rele Victor Hugo, si pou moun ekri byen se pou yo genyen bonjan balans nan fraz yo e mwen ta mèt sou li pou moun ka pale byen, se pou yo voye moute bèl koze ak anpil senplisite. M ap fè tout sa m kapab pou m kenbe disiplin sa a avè nou jodi a.

Bonswa monkonpè, bonswa makomè! Bonswa chak sitwayen, bonswa chak sitwayèn alawonndbadè!

Mezanmi, mwen te gen yon douz rekòt kafe sou tèt mwen lè Ayisyen imòtèl sa a: romansye, jounalis, powèt, etnograf, akewològ, ekriven, filozòf, diplomat, revolisyonè,  kominis elatriye, Jacques Roumain fè rout pou peyi san chapo 18 out 1944 ak 37 lane sou tèt li. Dat 18 out sa a espesyal pou mwen, tou pèsonèlman. Li raple m nesans yon bèl ti gason, pitit mwen, menm non avè m, ki mouri ak douz rekòt kafe sou tèt li nan yon aksidan bato vil New York lane 1971. Granmèt la bay, Granmèt la pran.

Jacques Roumain te vwazen m nan yon ti vilaj ki rele Kenskòf ki nan yon gwo mòn ki dominen kapital peyi d Ayiti kote pou mwa ete yo tout moun ki gen mwayen yo rele boujwa, milat ak nwa, gen bèl kay la pou sove kite chalè vil Pòtoprens. Jacques Roumain te youn de boujwa milat sa yo e anvan li mouri mwa dout, lane 1944, li ale repoze li Kenskòf. Li te gen 2 semèn ki te rete l pou l viv. 2 semèn anvan li mouri, li te kite peyi Meksik kote li te reprezante gouvènman prezidan Lescot. Li retounen nan peyi d Ayiti e li te ale pran souf nan frechè ti vilaj Kenskòf la. Se la mwen menm, yon ti gason dezòd, ak yon douz lane ekzistans, mwen te deja kontre ak Jacques Roumain kòm vwazen ki te konn ban mwen pòy sigarèt. Se souvni ki pi sansib mwen genyen lè mwen sonje Roumain. Li mouri Petyonvil ak 37 rekòt kafe sou tèt li, 18 out lane 1944.

ENTWODIKSYON

M a retounen talè, nou mèt tann sekous mwen, pou m ban nou an detay lavi gran Ayisyen sa a, men, kite m kanpe pèsonaj la touswit ki ta rive genyen 100 rekòt kafe mwa jen lane sa a si li pa te fè rout pou peyi san chapo lane 1944. Dekiprevyen?

M ape rejwenn ekriven Lyonel Trouillot, nan peyi d Ayiti, ki mande pou lane 2007 sa a se pou tout manifestasyon ki pral fèt pou Jacques Roumain se nan kinam pèp ayisyen an pou yo fèt e se pa pou se privilèj yon ti gwoup moun, yon ti klas. Sa ta trayi memwa li. Mwen menm Kal, mwen met sou li se nan lang kreyòl la sitou pou nou sonje Jacques Roumain, yon boujwa milat ayisyen ki te ekri e pale bon franse men ki goumen tout vi li pou avansman majorite mas pèp ayisyen an ki se kreyòl li pale kreyòl li konprann, e ki se lang ofisyèl ayisyen menm jan ak franse.

MEN JACQUES ROUMAIN

Nan rechèch mwen yo, men yon moso nan yon lèt tèt chaje mwen jwenn Jacques Roumain te ekri yon konesans li ki te rele Tristan Remy e lapolis vil Pòtoprens te fè kadejak sou lèt sa a:

«Mwen se yon kominis. Mwen p ap voye moute kon yon kominis koulye a paske politik peyi d Ayiti poko pare pou sa. M ape pare kò m. Mwen se pitit boujwa ki se pwopriyetè anpil tè, men mwen menm Jacques Roumain mwen pa dakò ak rasin boujwa mwen yo. Mwen viv anpil ak abitan. Mwen konnen ki jan yo viv, jan yo wè lavi an ak relijyon yo ki se yon bouyi vide katolik ak vodou.

Mwen pa konsidere abitan ak proletè yo kon yon valè santimantal. Valè peyizan ayisyen an pou mwen, sèke se li menm sèl
k ap pwodui e yon ti minorite ki rele tèt li Lelit ape eksplwate li tèt kale. Tout sa mwen ekri se pou kritike Lelit sa a… M ap ekri depi lè m timoun pwezi ak istwa. M ape travay pou literati peyi d Ayiti renouvle nan etid fòlklò nou ki rich anpil. Jis jounen jodi a ekriven ayisyen, apa dezoutwa ladan yo, y ap imite epi kopye ekriven franse. Se pou literati nou se literati nèg laras nwa e se pou li soti kay gwo pèp la, pwoletè yo. M ap travay tou pou mwen mete tèt ansanm ak tout ekriven nwa sou latè. Se pou sa m ap travay sou anpil pwezi nwa meriken mwen pral tradui nan lang natifnatal nou…»

Dekiprevyen? Jacques Roumain fèt le 4 jen lane 1907 nan Bwavèna, vil Pòtoprens peyi d Ayiti. Li se yon milat menm jan avè m, Kal, ki fèt kon mwen nan vil Pòtoprens, mwa jen, mwa chalè. Se pa nan entansyon m joure pèson, nou tout se menm, nou tout se frè ak sè, tout moun se moun e mwen se nou, nou se mwen, men, onè-respè, m ap deklare n tèt kale mwen gen yon jan wòklò lè kèk ayisyen rele m grimo. Non grimo a nan tan pa m te vle di: yon nèg klè ak tèt grenn, cheve koulè mayi epi je vèt ou ble. Onè-respè pou grimo yo, deskripsyon sa a pa ni sanble Jacques Roumain ni sanble m. Nan twa diksyonè kreyòl mwen gen lakay, mwen pa jwenn non grimo a, mwen jwenn grimas.

Nan tan esklavaj se te nòmal pou yo te sèvi ak non milat la pou dekri yon desandan kwazman blan ak nwa. Barak Obama, kandida pou prezidans peyi meriken se yon milat otantik, men, koulye a nan tan yo pa menm kote gen anpil melanj ak diferan ras nan peyi meriken ak anpil lòt peyi. Mezanmi, tout jwèt se jwèt kwochèt pa ladan l, Jacques Roumain avè m menm jan ak anpil, anpil lòt ayisyen ki se san mele, menm jan ak pwemye prezidan peyi d Ayiti Alexandre Pétion, menm jan ak gran ekriven sa a ki te rele Alexandre Dumas ki antere nan vil Pari nan Panthéon, akote gran ekriven franse sa a Victor Hugo, menm jan ak Jean Dominique, menm jan ak zanmi m Woje Saven, menm jan ak Felix Moriso Lewa kote Libreri Mapou ape taye banda li jodi a nan la ri Félix Moriseau Leroy nan Little Haiti vil Miyami, menm jan ak anpil lòt ayisyen ki se san mele ak blan, tayino, elatriye e ki pa menm konnen sa.

Mezanmi, moun pa chwazi papa ak manman yo. An nou mete koze sa a nan frijidè epi retounen ak sa ki enpòtan, sa Jacques Roumain kon ayisyen te bay, te voye moute an de tan twa mouvman, nan lavi chire pit sa a.

Katye Bwavèna lè sa a nan vil Pòtoprens, kote Jacques Roumain t ape grandi, se te kèk ti riyèl ak dezoutwa kay konfòtab boujwa milat ak nwa yo te bati kote bèl mizik klasik gran pyanis polonè sa a Frédéric François Chopin t ap jwe nan salon yo epi pafwa yo te konn tande mereng ayisyen wololoy, dous, bèf sale tan lontan yo. Se nan anbyans sa a ti Jacques Roumain t ap grandi. Kay kote li fèt la jodi a nan ri Lamartinière vil Pòtoprens se yon lekòl ki rele Dr. Martin Luther King, Jr.

Fanmi Jacques Roumain voye li lekòl Sen Lwi de Gonzag, lekòl Frè Franse ki te soti yon bouk ki rele la Bretagne peyi Lafrans. Lekòl Sen Lwi nan Rue du Centre vil Pòtoprens se kote tout lelit peyi d Ayiti te voye timoun yo aprann li ak ekri epi louvri gwo liv. Jacques Roumain te fè kont dezòd li kon timoun, men je l te klè kon dlo kokoye kote li te wè se te yon ti gwoup moun ki t ap mennen nan peyi d Ayiti ki te rele tèt yo lelit ak yon pèp an ranyon.

Lane 1920, ak trèz lane sou tèt li fanmi li voye Jacques Roumain nan vil Berne, peyi Laswis, pou li te kontinye etid li. Sèl bagay Jacques Roumain te renmen lè li rive nan peyi blan se te lekti tout gran ekriven ewopeyen yo kon Schopenhauer, filozòf alman; Nietzsche, filozòf alman; Darwin, natiralis angle; Heine, pwèt alman; Lenau, pwèt otrichyen. Apre sa Jacques Roumain enskri Lekòl Politeknik vil Zurich, peyi Laswis pou li te ka rive agwonòm.

Nan peyi Laswis, Jacques Roumain ekri revolisyonè Joseph Jolibois fils, direktè jounal Courrier Haitien, nan vil Pòtoprens ki t ap goumen pou okipasyon peyi d Ayiti ak blan meriken te bout. Men sa li te deklare:

«Msye Direktè, Eskize odas mwen pran pou m ekri w paske ou pa konnen m ni an blan ni an nwa. W a padonnen m se sèten, lè mwen di w mwen deklare tout moun bò isit nan peyi Laswis jan mwen fyè se Ayisyen mwen ye. Mwen pa ka tann pou mwen retounen nan peyi m pou mwen ede relve kouraj mas pèp ayisyen an. Tanpri,m onè konsidere m kon youn nan patizan w yo».

Jacques Roumain ta pral koumanse nan Karayib la, sa Fidel Castro rive fè peyi Kiba lane 1959. Roumain ak Castro se te 50 kòb ak 2 gouden nan filozofi politik yo.

Lane 1926, ak 19 lane sou tèt li Jacques Roumain ale peyi Lespay pou li etidye agwonomi. Lane 1927 Jacques Roumain ak 20 lane sou tèt li retounen peyi d Ayiti ki te anba bot sire okipasyon blan meriken. Li pran pozisyon tèt kale kont okipasyon enperyalis meriken nan peyi d Ayiti. Li mande tout ekriven pou goumen kont pèsekisyon moun nwa kay Tonton Sam.

Li fin anraje kont pèsekisyon moun nwa nan peyi meriken e li deklare:

«Blan sovaj ape pann nèg epi y ape ri. Nou menm «nigger», nou menm nèg sal, nou pa ka aksepte sa ankò. Nou di Abraram sèt ase.»

Nan peyi d Ayiti Jacques Roumain, kòm prezidan yon komite jenn gason nan lekòl agrikilti Damyen, deklare yon grèv kont okipasyon yenki ak malfektè, sanzave, tèt kokolo sòlda sidis rasis yo nan peyi Jan Jak Desalin lan. Otorite Okipasyon blan meriken bay lòd mete l nan prizon 13 desanm lane 1928 rive pou lane 1929. Lane 1933 yo mete l anba kòd ankò paske li te louvri an katimini premye pati kominis ayisyen li te rele PCH (Parti Communiste Haitien). Mwa jen lanne 1934, prezidan «nasyonalis» Sténio Vincent kofre Jacques Roumain nan penitansye nasyonal. Yon tribinal militè bòt sire kondane Jacques Roumain fwa sa a pou li te fè twa lane nan prizon vil Pòtoprens. Mwa jen lane 1936, yo libere Jacques Roumain, li soti nan prizon e li kite peyi d Ayiti pou lekzil 15 jen lane 1936.

Mezanmi, 15 jen se anivèsè nesans mwen e se menm jou sa a, chans mwen pa mouri, mwen soti prizon Fò Dimanch lane 1959, mwen refijye anba pwoteksyon anbasad peyi Meksik nan Petyonvil ak diktati Papa Dòk ki t ap mennen, e 15 jwiye lane 1959 Papa Dòk te blije kite m ale ak 2 frè m ki te avè m kon refijye politik nan menm anbasad la. Ekzil nan peyi Kiba, kay Tonton Sam ak kontinan Lafrik te fèk koumanse pou nou twa. Koulye a se paspò meriken ki nan pòch mwen.

Pwemye fwa mwen bat zèl pou peyi blan apa yon siye pye nan peyi Ladominikani, mwen te gen 13 lane sou tèt mwen menm jan ak Jacques Roumain. Yon pa kita, yon pa nago, sa pa vle di m ap voye moute pou mwen resevwa ochan menm jan ak Jacques Roumain, men sa pi fasil pou mwen menm Kal ka konprann yon revolisyonè kon Jacques Roumain. Mwen te tigason dezòd menm jan avè l nan lekòl blan franse Sen Lwi vil Pòtoprens jis tan papa m voye m nan peyi blan. Mwen te menm jan avè l nan yon chen manje chen klas sosyal yo nan peyi d Ayiti ak yon papa ki te nan politik. Mwen fè esperyans pèsekisyon, prizon ak ekzil lè mwen retounen peyi d Ayiti. Ki jan pwovèb la di ankò? Se pou dòmi ak Jan pou konnen ki jan li wonfle.

15 out lane 1936, Jacques Roumain rive an ekzil nan vil Bruxelles, peyi Beljik.Mwa septanm lane 1937 li kontre ak Langston Hughes yon powèt milat meriken epi yon lòt powèt kiben san mele ki te rele Nicolas Guillén. Zanmitay fè mikalaw. Menm lane 1937 sa a Jacques Roumain rive vil New York e li etidye antwopoloji Columbia University. Li kite vil New York lane 1941 e li debake peyi Kiba ak zanmi kiben li Nicolás Guillén.

Elie Lescot rive prezidan peyi d Ayiti lane 1941 ak Jacques Roumain ki retounen nan peyi li mwa oktòb lane 1942. Lescot nonmen Jacques Roumain Chèf Misyon diplomatik peyi d Ayiti nan peyi Meksik. Se yon tradisyon politik pou anpil prezidan ayisyen lè yon nèg ki nan opozisyon se yon zo pwason nan gòj yo, yo voye l ale mouri poul li nan peyi etranje. Lescot te fè li, Estimé te fè li, Maglwa te fè li, Duvalier te fè li.

Lane 1943, lè Jacques Roumain te peyi Meksik li endispoze twa fwa. Rive pou lane 1944 sante li te an degraba, li ale fè yon siye pye pou 2 semèn nan peyi d Ayiti e li endispoze yon katriyèm fwa. Li mouri vil Pétyonvil ak yon siwozdifwa. Li te gen 37 Lane. Ayiti cheri se nan bra w pou m mouri jan chante a di.

Yo retounen ak kadav Jacques Roumain nan kay Bwavèna, vil Pòtoprens kote li te fèt la, e yo bwote li nan simityè anba yon gwo lapli.Yon foul moun te ba li ochan lè li fè rout pou peyi san chapo.

Jacques Roumain se yon nèg ki te sansib e li pa t kenbe lang li nan pòch li. Malgre tout aktivite politik li yo, prizon epi lekzil, li te jwenn tan pou li te fonde epi dirije Biwo Etnoloji 31 oktòb nan lane 1941 pou sove tradisyon lontan peyi d Ayiti tankou chante, dans fòlklorik yo ki se kilti ak idantite peyi a. Etnològ franse Dr. Alfred Metraux rann li gwo omaj nan sans sa a.

Jacques Roumain ekri yon sèl liv pwezi e plizyè liv kouwè La proie et l’ombre, La montagne ensorcelée, Les fantoches. Liv poto mitan li ekri ki tradui an disèt lang sou la tè kon anglè, panyòl, italyen, alman, ebre, etsetera era, se Gouverneurs de la rosée ki parèt apre li te mouri lane 1944.

Liv la pase an de fwa nan sinema. Pwemye fwa se te peyi Kiba, an 1964 e dezyèm fwa nan peyi Lafrans an 1974. Istwa a se 2 jenn moun ki renmen, yon jenn fanm ayisyen ki rele Anaise e ki viv nan yon ti bouk ki rele Fonrouj, ak Manuel yon jenn ouvriye agrikòl ayisyen ki t ap travay peyi Kiba e ki te retounen lakay li nan peyi d Ayiti. Yo tonbe damou youn pou lòt pwemye fwa yo kontre, men pwoblèm nan fanmi yo ak pwoblèm anvironnman ak dlo ki pa t byen distribwye nan bouk kote yo te viv fè mikalaw e se la istwa a pral devlope. Ekriven Jacques Stephen Alexis deklare «liv Roumain a se yon istwa ki pa genyen parèy li ak lòt roman sou latè, se yon liv lanmou.» Jacques Roumain ak Doktè Martin Luther King Jinyò mouri prèske menm laj. Jacques Roumain defann dwa frè meriken nwa nou yo san rete e li te deklare ras li se te ouvriye peyizan tout peyi sou latè.

«Nou tout se frè» li te konn di «e nou gen menm pwa nan balans la mizè ak enjistis. Afrik se nan kè m ou ye… Jenès nou gaye. Sa pa dwe fèt an nou mete tèt ansanm». Jacques Roumain, menm jan ak Doktè Martin Luther King Jr. te soti nan yon yon klas boujwa.

Jacques Roumain te yon aristokrat, sansib, fen ak yon bèl kilti. Jacques Roumain poutan se te yon nèg senp e li pa t glorifye tèt li de oken gwo tit. Jacques Roumain te konn fè malere pòv peyizan apresye li. Se franse li te pale men li pa t gen arogans kèk entelektyèl jodiya ki kwè yo soti nan janm la Sent Vièj ak yon pèp ki pa konprann sa yo vle di. Alòs pou kisa moun sezi Jean Bertrand Aristide rive prezidan? Poukisa moun pantan René Preval prezidan?

Jacques Roumain pran pozisyon ak vodouwizan yo kont kanpay gouvènman Lescot ak legliz katolik pou kraze ounfò ak relijyon vodou nan peyi d Ayiti. Li di legliz katolik, pèp ayisyen pa te pi sipèstisye pase oken lot pèp. Pratik vodou pèp ayisyen eritye yo se pratik inivèsèl. Nan yon diskisyon an 1942 ak Pè Foisset lekòl Seminè vil Pòtoprens, Roumain voye moute sou anpil sijè ki la toujou. Mwen pa gen tan pou mwen ban nou tout. Men detwa.

MEN JACQUES ROUMAIN SOU RELIJYON

«Mwen li ak anpil atansyon sa Pè Foisset ekri. Li gen anpil gras lè l ap diskite mirak. Otantisite Jezikri kòm Granmèt la se yon keksyon ki enterese m men sa pa pèmet mwen ale nan mache pou m fè pwovizyon.»

«Sa ki pi tris la legliz mande pou moun kwè nan Bondye san gad dèyè. Se yon atitid ki primitif, ki rijid, e ki pa syantifik. Li nwi legliz e li twouble fidèl entelijan yo ki swaf pou verite…»

MEN JACQUES ROUMAIN AK YON GRENN SÈL NAN BOUCH LI

«Pè Foisset ki se yon «savan» fè m sonje pakèt zwezo sa a yo rele «fenix». Ou ka kraze l ak pilon verite men li toujou retounen anba sann li epi pousyè li.»

MEN JACQUES ROUMAIN SOU ENDEPANDANS PEYI D AYITI

«Si Dessalines te rete kontinan Lafrik li pa ta rive Liberatè peyi d Ayiti, sa klè kou dlo kokoye. Men, sa ki sèten, yon lòt moun ki ta pa nesesèman gen menm esperyans ke li, ta rive fè menm bagay la. Ideyoloji pou Libète lane 1789 nan peyi d Ayiti, te yon fòs irezistib ki pa t depann de yon grenn moun.»

Men ochan pou Jacques Roumain:

«Tout pèp sou latè se kon pyebwa k ap fleri malgre move tan e nan bèl sezon pyebwa a kontinye viv pi bèl toujou. Yon pèp ki pwodui yon Jacques Roumain pa fouti mouri.» - Jacques Stephen Alexis

«Jacques Roumain mouri, men bèl pwezi sa a ki te vi li p ap janm mouri. Souvni msye rete grave nan memwa tout atis ak chanpyon tout pèp sou latè.» - Samuel Putman

«Nou ka pa wè w ankò men nou konnen koulye a ou antre fon nan kè pèp ayisyen e se yon leson nou p ap janm bliye» - Roussan Camille

KONKLIZYON PA M, MWEN MENM KAL

Jacques Roumain pa t yon Sen e nou pa fèt pou ba li kominyon san konfesyon. Jan ekriven Lionel Trouillot deklare se pa non plis pou politisyen ak demagòg 2 pye goch yo kache dèyè lonbray li epi ape voye moute san yo pa reponn keksyon ki konsènen filozofi politik yo…Tout moun gen pou pran responsablite yo: klas boujwaz la ki pratike esklizivite ak eksplwatasyon, ak klas politik 2 pye goch la ki voye moute ak dogmastis epi opòtinite pèsonèl. Entansyon m, mwen menm Kal, se pa t pou mwen prezante Jacques Roumain kon yon Bondye ou pou mwen fè moun kwè mwen dakò ak tout sa li te fè ou li te kwè nan la vi sa a. Entansyon m nan ochan pou Jacques Roumain se pou mwen pa kite pèp ayisyen dòmi bliye Jacques Roumain se yon gran nèg ki kite mak li nan liv li ekri yo, li kite mak li kon yon militan pou yon lavi miyò, pou jistis pou tout malere sou latè. Peyi d Ayiti dwe e ka fyè de li.

MEZANMI, mèsi tout moun! Se la m ap rete pou jodi a.
KAL

Crabe

 

Viré monté