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Ayiti

Vérités sur les zombi

Jean Erich René

Le spectacle d’un mort circulant à Fort Liberté, deux jours après son enterrement soit le Mercredi 5 Mai 2010 au cimetière de Terrier-Rouge, défraie la chronique. Si Adelin Séide est revenu de la mort à la vie c’est grâce à la bataille rangée des membres de sa famille avec les malfaiteurs.

Ce phénomène n’est pas nouveau en Haiti.Le scandale de Ciliane, cette femme décédée en 2005 et qui a regagné ses pénates le vendredi 11 juillet à Bande du Nord, section communale du Cap-Haïtien, a déjà relancé les débats sur les aspects ténébreux et mortifères du vaudou. Il en est de même de Mimose morte et enterrée à Tiburon qui déambulait à la Capitale en Novembre 2008.

Malheureusement bon nombre de nos compatriotes classent cette réalité haitienne dans un monde purement onirique, meublé de comptes pour satisfaire les esprits friands d’émotions fortes. L’évidence des faits prouve qu’il ne s’agit pas d'un scénario d’un film. La zombification s’inscrit dans un contexte historico-social.

La zombification n’est pas non plus un épiphénomène. Elle a des retombées périphériques néfastes et maintient la Société Haitienne dans les ornières du sous-développement. La zombification est typique de ces phénomènes inexpliqués et non révélés qui rongent discrètement nos assises sociales.

Pour bien comprendre la zombification et dégager une piste de solution répondons aux questions suivantes : Qu’est-ce qu’un zombi? Comment les loups-garous donnent-ils cette mort apparente à leurs victimes ? Comment font-ils pour lever le mort afin d’en faire un zombi ? Quelle est la solution à la zombification?

1.- Qu’est-ce qu’un zombi?

Un zombi c’est un homme ou une femme dont le décès a été cliniquement constaté et dont les funérailles ont eu lieu au su et au vu de tout le monde. À la faveur de la nuit une bande de malfaiteurs nommés loups-garous, cassent la tombe, font sortir le cercueil et lèvent le mort. Il n’y a rien de mystique. C’est du vagabondage pur et simple. Un condeur l’enveloppe dans son linceul et le conduit chez un bòkò. En l’occurrence, Ti Boss de Port Margot qui le garde dans une maisonnette ordinairement appelée JWAL située dans un endroit hors de la vue des passants. Ces zombis seront loués aux cultivateurs, moyennant argent comptant, pour les travaux de sarclage, d’arrosage, etc.

2.- Comment les loups-garous tuent-ils leurs victime?

On évoque toutes sortes de maléfices tels que: une poupée que l’on pique au nom de la personne avec une aiguille, envoûtement, expédition, l’envoi d’un mort etc. que nous pouvons aisément vous expliquer dans d’autres articles sur le vaudou. Mais le cas le plus courant c’est l’empoisonnement. Il existe une plante en Haïti nommée: CONCOMBRE ZOMBI qui pousse avec luxuriance c’est à dire comme une herbe folle, partout en Haïti. Sur le plan botanique le CONCOMBRE ZOMBI dont le nom scientifique est: MOMORDICA ELATERIUM appartient à la famille des CURCUBUTACEES. Elle contient une drogue puissante dont le principe actif est identifié sous le nom de: ELATERINE.

Selon le Docteur René Toussaint qui a fait des recherches très poussées sur la zombification: «Le premier tour de l’opération zombi est en effet une intoxication dont la caractéristique essentielle est qu’elle permet d’induire un état de faiblesse tellement marqué que la victime évolue vers l’atonie musculaire. Les muscles volontaires encore appelés muscles de relation ou muscles de la vie sont sélectivement atteints tandis que les muscles lisses comme les muscles participant à la mécanique respiratoire, muscle cardiaque c'est-à-dire ceux dont la mobilisation est indépendante de la volonté du sujet sont touchés dans une moindre proportion.» Les battements du cœur que l’on considère comme signe de vie sont tellement faibles qu’on ne peut pas les entendre même avec un instrument acoustique comme le stéthoscope que possèdent nos médecins dans nos hôpitaux sous-équipés. Au dire du Docteur René Toussaint: «Il est presque certain que des techniques plus sophistiquées telles que: électroencéphalographie, électrocardiographie eussent révélé des signes de vie.» L’immobilité, la cessation des battements cardiaques, la disparition du pouls, ces signes ordinaires confirment la mort apparente du sujet. Il ne reste qu’à chanter ses funérailles. Les méchants sont très rusés.

3.- Comment font-ils pour lever un mort?

Tous les maçons de nos cimetières, les gens qui baignent les morts aussi bien que les fossoyeurs sont affiliés aux cercles des loups-garous. Les croque-morts de nos morgues privées et de nos hôpitaux sont des initiés. Ils peuvent identifier aisément les victimes des loups-garous mais ils observent scrupuleusement la loi du silence sous peine de mourir à leur tour.

Les maçons du cimetière ordinairement brassent un mortier maigre c'est-à-dire avec très peu de ciment. Le soir venu il est aisé de passer une truelle pour enlever les blocs qui avaient fermé la cave. Ils retirent le cercueil en l’inclinant la tête en bas afin de faire affluer le sang dans la tête du faux mort et irriguer à nouveau son cerveau. On enlève le mort du cercueil, on lui fait ingurgiter une potion faite de feuilles de concombre zombi trempées dans du clairin. On peut aussi parfumer le mort avec des feuilles de concombre zombi que l’on fait brûler. La fumée que respire le mort le remet en vie. Ensuite on frotte ses membres qui sont ankylosés c'est-à-dire après une journée dans le cercueil, il souffre de crampe. Donc on est obligé de masser ses membres en les frictionnant.

Le mort apparent une fois réveillé de sa léthargie, on lui fait prendre un bain d’eau froide pour retaper ses sens. On lui administre de violents coups de fouet, non par méchanceté, mais pour réveiller son système périphérique et réactiver ses muscles afin qu’il puisse marcher et se rendre chez le Houngan, sous l’ordre du condeur.

Ordinairement avec une bande de tissu on lui serre les mâchoires afin de l’empêcher de crier. On enveloppe son corps avec un drap blanc pour empêcher aux couche-tard de le reconnaître. On passe une corde à sa taille pour mieux ajuster le drap afin de ne pas entraver sa marche. Le condeur tient l’autre bout de la corde. On attache ses deux bras en arrière ou bien encore ces deux pouces en avant afin de le déséquilibrer au cas où il tente de prendre la fuite. Avec les poings ou les pouces liés, s’il tente de s’échapper, il va tomber et devient facile à rattraper.

4.- Quelle est la solution à la zombification?

La diffusion de la connaissance transcendantale via Internet et d’autres moyens de communication est la méthode idéale pour combattre la zombification, ce fléau bi séculaire qui ronge la société haïtienne. Nous sommes victimes à la fois de la misère, de l’ignorance, de la jalousie, de la haine, de la méchanceté de nos compatriotes et de la démission de l’Etat haïtien. Nos prêtres et nos pasteurs au lieu d’essayer d’analyser le problème afin de trouver une solution appropriée préfèrent déchouquer leurs hounfors. Pourtant le mal est inscrit dans la mentalité de nos compatriotes. Les protestants parlent de satan qu’il faut combattre avec la prière. Les Catholiques invoquent aussi St Michel Archange. Il n’y a pas de prière dans la bible contre les vagabonds mais contre les esprits malins. Jésus lui-même nous a donné l’exemple en prenant son bâton pour chasser les vendeurs du temple. Il n’avait pas prié son Père! Donc pour combattre les malfaiteurs il faut bien connaître leurs trucs et les neutraliser par la ruse et la force.

Outre les fruits du Concombre Zombi que les loups-garous utilisent pour tuer les gens il y a encore les fleurs de la Digitale et les arêtes d’un poisson qu’on appelle FROUFROU. Ils ont aussi comme principe actif: L’ELATERINE. Le Docteur René Toussaint cite aussi la daturine, un alcaloïde puissant que renferment les graines de la Stramonine dont le nom scientifique est le Datura Stramonium appartenant à la famille des solanacées. Pour combattre la ZOMBIFICATION, La CHIMIE nous livre un produit efficace pour neutraliser ce poison: PILOCARPIL, en vente ordinairement dans toutes les pharmacies sous forme de goutte et de piqûre. On peut facilement identifier les morts apparentes en observant les yeux de la victime qui deviennent vitreux comme les rats empoisonnés. On lui met 3 gouttes de PILOCARPIL dans chaque œil ou bien on lui fait une injection. On va assister à sa réactivation cardiaque. Tout de suite après, il faut déménager parce que la victime est vulnérable dans son milieu de vie. Il y a quelqu’un de son entourage qui lui a administré la potion à son insu. Il ou elle peut recommencer à tout moment. Le contact est indispensable mais il y a d’autres méthodes plus sophistiquées.

A cette phase des débats vous me classez carrément dans le cercle des loups garous puisque je connais leurs secrets ? Non, je ne suis pas haussé c'est-à-dire initié. J’étais choqué, dès mon jeune âge par la mort suspecte de certaines personnes qui me sont proches jusqu’au jour où j’ai failli tomber d’une crise cardiaque, en apercevant dans un champs de café que j’ inspectais dans le Nord d’Haïti, l’un de mes anciens professeurs de mathématiques mort vers les années 1960s dans des conditions suspectes, pour avoir ravi dit-on la femme d’un ami. Et le cocu s’est vengé! A ma vue il devient songeur. Je me suis vite retiré pour ne pas attirer l’attention de son propriétaire. Dès lors j’étais convaincu que la zombification est une réalité nationale. Nous devons épurer le vodou de ses gangues pour amorcer le développement économique d’Haïti. Le vodou est une contrainte majeure dans la fonction de développement économique d’Haïti. Tant et aussi longtemps qu’on n’arrive pas à résoudre la problématique du vaudou scientifiquement, Haïti demeurera un pays économiquement atrophié.

Jean Erich René
Juin 2010

Réf: «De la mort à la vie.» Essai sur le phénomène de la Zombification en Haïti, Docteur René Toussaint,(Edition IFE , Toronto 1993) ISBN: 0-9698818-0-0.

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