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Ayiti

Maman tu n'as pas d'égale

Jean Erich René

Manman
2004 © Marie Jo Mont-Reynaud. Source

En ce jour de la fête des mères j'entends le doux chant du rossignol qui rend un hymne de gloire à toutes les femmes qui ont accepté le lourd sacrifice d'enfanter afin d'assurer la reproduction de l'espèce humaine sur la planète terre.

En ce jour de la fête des mères, j'entends le bruit du marteau et des cisailles de l'orfèvre qui incruste dans l'or, le diamant et l'émeraude les brillantes qualités de la mère qui met tout en oeuvre pour assurer une éducation soignée à ses enfants.

En ce jour de la fête des Mères j'observe le pinceau de l'artiste qui colore les charmes de l'éternel féminin en attribuant à la mère un rôle de premier plan. Que dire du poète qui non seulement chante sa beauté mais encore lui confère les mêmes vertus que le printemps qui embaume notre vie et le soleil qui embrase la nature.

Toi qui portes le germe de la vie, toi qui jouis du pouvoir exclusif de donner naissance, toi qui as vécu les douleurs de l'enfantement, dis-moi comment as-tu fait pour résister à tant d'épreuves?

Dis-moi de quels matériaux tu es faite pour jouer autant de rôles simultanément?

Tu nous as mis au monde! Tu nous a allaités! Tu nous as appris à marcher! Tu nous as initiés à l'usage de la parole! Tu nous préviens du danger qui nous entoure avant de nous lancer définitivement sur le chemin scabreux de la vie.

Dis-moi combien tu as reçu en retour? Quel est le montant de ton chèque? Rares sont tes enfants qui en ce jour de ta fête ont pensé à te griffonner quelques mots sur une carte voire t'envelopper un petit cadeau, juste pour te prouver leurs gratitudes pour tout ce que tu as fait. Malgré tout, tu ne déchantes pas. Comme Edith Piaff tu déclares solennellement: "Je ne regrette rien".

Au contraire, tu es toujours prête à les accueillir dans les mêmes sentiments, à garder leurs enfants pendant qu'ils sont au travail ou pendant qu'ils prennent leurs ébats. Tu es le soldat infatigable qui veille jour et nuit sur tes enfants et tes petits enfants.

Tu es la cuisinière, la lavandière, la repasseuse, la conseillère. Il suffit d'une courte absence à la maison pour voir la différence. Tu es irremplaçable, ton amour n'a pas d'égal. Ta patience n'a pas de borne. Ton dévouement n'a pas de prix. Ta bonté est illimitée. Comme la brise qui souffle à la tombée de la nuit, tu aménages au sein du foyer selon tes capacités, tout le confort nécessaire pour rendre la vie agréable. Que ne fais-tu pas pour nourrir tes fils!

Te voilà assise au coin de la rue avec tes étales pour recueillir quelques sous afin de compléter le maigre budget familial. Au jardin tu allumes le feu pour préparer à manger à la corvée. Tu participes au balisage, au sarclage, au semis et à la récolte. C'est toi qui pousses encore le bourricot pour vendre les produits au marché. Tu es vraiment l'âme du foyer.

Que c'est triste une maison sans mère! La mère même lorsqu'elle n'a pas fait de grandes études avance des propos dignes des plus grands philosophes. Elle connaît parfaitement le milieu ambiant et peut vous guider par ses conseils. Souvent dans un savoureux créole, elle prononce des phrases lapidaires pleines de sous-entendu et de menaces pour vous ramener sur le droit chemin.

Ecoutez:

Ti gason veye vant ou, sak antre pa sóti. Zegwi koud rad men se zepeng ki toujou al lan nós. Marie Rose map palew ou pa vle koute'm, menm chita sou ti chèz ba'm map tan' n ou lan kafou tenten.

En ce jour de la fête des mères, nous avons une pensée spéciale pour la mère qui vient d'accompagner son fils unique au tombeau. Sa douleur est encore pire qu'à son enfantement. Toi qui pleures ton fils défunt, toi dont le coeur s'épanche en émettant des plaintes et des gémissements que le monde indifférent et sourd n'écoute même pas. Toi qui ne cesses de penser à ton fils disparu, rappelle-toi que Marie mère de Jésus a connu les mêmes douleurs que toi au moment de la crucifixion. Elle s'est consolée quand elle a compris que Jésus a sauvé l'humanité en passant par la croix. Mère éplorée, sèche tes larmes, ton fils appartient au séjour des bienheureux.

A toutes les mamans qui ont le privilège de recevoir, en ce jour de la fête des Mères, le chaud baiser de leurs enfants ou qui ont la chance de respirer le doux parfum des bouquets qu'elles viennent de recevoir je dédie ce poême:

Même si j'avais toute la surface de la terre comme papier
Même si je disposais de tous les océans comme encrier
Vraiment j'en aurais jamais assez pour t'exprimer
Toute la conjugaison de mon coeur du verbe aimer
Permets-moi de t'offrir ces mots comme régal

Bonne fête maman, vraiment tu n'as pas d'égale

Jean Erich René
mai 2005

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