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Ma réponse au Sénateur Dodd

Jean Erich René
Ottawa le 30 mars 2010

Mr le Sénateur Christopher Dodd

Votre publication en date du 29 mars 2010 dans le Miami Herald a troublé et trouble encore mon sommeil de citoyen haïtien intégral. Je vous invite à faire avec moi un tour d’horizon historique afin de mieux cerner la problématique haïtienne. La souffrance des Haïtiens n’a pas commencé après le Tremblement de Terre du 12 Janvier 2010 à la faveur de la lumière des cameras des salles de nouvelles, mais il  y a exactement un siècle avec l’Occupation américaine quand l’Amiral Caperton en Juillet 1915 a forcé les coffres-forts de la Banque Nationale d’Haïti pour s’emparer des 500 millions de dollars de nos réserves qu’il avait transférés à la Chase Manhattan Bank.

Sans l’épargne il n’y pas d’investissement et sans l’investissement la croissance est nulle. Les responsables américains de l’époque pour pallier le tort qu’ils ont causé sciemment à l’économie nationale en revanche ont reconnu la parité de la gourde haïtienne avec le dollar américain au taux de 5 gourdes pour 1 dollar US. Cependant au cours de la deuxième moitié des années 1970, le choc pétrolier a causé le flottement du dollar américain et entrainé sons satellite Haïti dans sa chute à une échelle beaucoup plus grande: la gourde haïtienne sans aucune considération des autorités américaines n’a pas été réajustée.

Aujourd’hui il faut 40 à 45  gourdes pour 1 dollar américain. L’écart est vraiment grand pour un pays dont l’économie a été mise à genoux par le PAS ou Programme d’Ajustement Structurel mis en orbite par vos Institutions de Brettons Woods qui nous sucent comme des sangsues.

Mr le Sénateur Christopher Dodd

Les Républicains sont très mal placés pour tenir un discours aussi réducteur envers Haïti puisqu’ils sont dûment responsables de la déliquescence de l’Administration haïtienne. Mettons sur la balance la moralité de l’accusateur et celle de l’accusé en évoquant les arguments suivants:

  1. Le Président Ronald Reagan, de concert avec Margareth Tatcher  a lancé à la fin du 20e siècle l’économie mondiale dans une aventure dangereuse avec la Mondialisation. Le Capitalisme sous le fallacieux prétexte de libéraliser l’économie a initialisé le Libre Echange et la Privatisation des Entreprises Publiques. Voilà les maux qui ont affaibli non seulement l’économie haïtienne mais aussi l’économie américaine, notre tutrice. Pourquoi le Wall Street s’est-il effondré? Pourquoi les Affaires vont si mal  aux USA? Pourquoi les américains ont-ils dû contacter des prêts aussi faramineux auprès de la Chine. Pourtant le Sénat chinois n’a pas demandé de mettre les USA sous tutelle suite à l’impéritie de ses dirigeants républicains.
     
  2. L’Astre n’a fait qu’entrainer dans sa chute la gourde haïtienne qui n’a jamais reçu aucun soutien de sa part. Les USA ont des obligations envers Haïti, comme l’a si bien souligné le Général Collins Powel, pour nous avoir soulagé de certaines ressources de nos sous-sols Comme dans la Fable «Le loup et l’Agneau» de ce fameux écrivain français du 17e siècle Jean De La Fontaine, votre publication dans le Miami Herald du 29 mars 2010 ne veut que profiter de nos déboires pour nous dévorer en demandant péremptoirement de: «Mettre Haïti sous Tutelle». Pourtant nous croyions que la Politique du Bigger stick était enterrée parce que devenue obsolète avec la patine du temps.
     
  3.  Les hommes politiques américains ne sont pas plus intelligents ni plus compétents que les hommes politiques haïtiens. Détrompez-vous! C’est ce rapport de dépendance sous les bottes américaines qui piétinent les cadres compétents de la classe politique haïtienne pour faciliter la montée au pouvoir de certains imbéciles plus faciles à obéir à leurs injonctions et satisfaire leurs basses besognes. C’est ainsi que toutes les entreprises d’État rentables ont été privatisées en Haiti au profit de certains étrangers.

Mr le Sénateur Christopher Dodd,

Ce cri que vous venez d’entendre est parti du cœur d’un chevalier sans peur. À quoi bon de vivre dans la honte en orchestrant en plus des critiques aussi amères qu’injustifiées. Mon sang n’a fait qu’un tour en lisant votre publication dans le Miami Herald du 23 Mars 2010. Comme D’Artagnan,  je refuse de déposer mon épée afin de regagner le vestiaire. Je préfère adopter l’attitude du Héros Cornélien en déclarant à qui veut l’entendre que Hait n’est pas pauvre. Nous avons été appauvris par les Néo-Colons de mèche avec des Gouvernements haïtiens fantoches. Le Peuple Américain a choisi le démocrate Barack Hussein Obama, plus soucieux du sort des déshérités, en embrassant le Néoclassicisme Institutionnel. Au grand dam de vos pairs sa politique de santé est applaudie par la Classe Moyenne américaine. Le Peuple Haïtien peut aussi s’en sortir  sans un tuteur  américain puisque nous avons aussi des hommes aussi compétents mais méprisés par l’Etablishment américain. Nous avons foi dans le néo-keynésianisme comme remède au mal haïtien grâce à ses principes de responsabilité, d’imputabilité de rentabilité, en un mot l’institutionnalisation.

Mr le Sénateur Christopher Dodd

Je vous crache ma déception après avoir lu votre diatribe postée sur le Miami Herald et qui ne témoigne d’aucune analyse scientifique mais plutôt bourrée de préjugés caractéristiques des Hommes Politiques Américains de votre acabit. Je vous invite à faire une cure mentale en vous prescrivant la lecture du PLAN STRATEGIQUE DE SAUVETAGE NATIONAL (PSSN), une cuvée haïtienne limpide, fraichement sortie du terroir. Présenté le 29 mars 2010 en Haïti, le jour anniversaire de la Constitution de 1987, pour témoigner de notre capacité à nous diriger nous-mêmes, sans exclure l’aide internationale. Je suis sûr et certain que sa lecture, sans aucune idée préconçue changera complètement votre attitude, tout en vous invitant à renier la Tutelle que vous proposez de nous imposer. Il va nous enliser davantage dans la misère avec la présence des prédateurs délégués sur place.

A votre service

Jean Erich René
Ingénieur-Agronome
Economiste

 Viré monté