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Quand le coronavirus frappe à nos portes

Jacques Pierre

Stop the Corona virus

Stop the Corona virus. Frantz Zephirin.

Panique dans le monde. Les gens de tous bords se barricadent. Les hôpitaux sont saturés et à court de matériels pour venir en aide aux malades qui arrivent toutes les cinq minutes. Comme c’est triste! Le personel médical est épuisé. Il n’a pas d’autre choix que de tenir jusqu’au bout. On n’a pas encore fini de compter les morts. Les supermarchés sont bondés, mais très peu de produits sont disponibles. Certains osent même parler de la fin du monde. Pour les seigneurs du marché économique, tout va s’arranger. On a juste besoin d’un vaccin contre le covid-19, et tout rentrera dans l’ordre. De quel ordre parle-t-on? Sans sourciller, un ordre économique où les plus forts bouffent les plus faibles à longueur de journée. Un ordre où la justice internationale sévit contre les leaders indociles aux dictats des seigneurs du capitalisme. Et enfin, un ordre où la majorité des intellectuels s’arrange toujours du côté des institutions qui financent leurs recherches dans l’unique but, à quelques exceptions près, de prouver par des statistiques bien huilées combien les minorités ne sont pas aptes à saisir les opportunités qui sont devant elles.
       
Partout dans le monde, les écoles sont fermées. Tout est au ralenti. Pas besoin d’être expert en économie pour conclure que l’économie mondiale est au bord de l’apoplexie. Pour une fois, les cupides de ce monde vont se rendre compte que nous respirons tous le même air indépendamment de notre statut social et économique. Tous au confinement. C’est la stratégie à adopter malgré nous. Les plus pauvres vont crever de faim plus que jamais. Et ces morts risquent d’indigner très peu d’entre nous, particulièrement les seigneurs du capitalisme, car tout sera mis sur le compte du coronavirus. Un vaccin contre le coronavirus au plus vite que possible, c’est ce dont on a besoin! Qui oserait penser le contraire? Et quand est-ce que nous parlerons d’un vaccin social contre l’avarice et la cupidité qui détruisent le monde à petit feu?

Pour beaucoup de gens, ce n'est pas le moment idéal de parler en ces termes car personne n’est à l’abri. Vraiment! Pourquoi faut-t-il attendre qu'un malheur de cette magnitude nous guette pour comprendre que l’on n’était jamais à l’abri? Solidarité. Partage. Entraide. Vivre ensemble. Ces mots sont sur les lèvres de presque tout un chacun. Tenez-vous bien! Pour celles et ceux qui crèvent de faim toutes les deux secondes, ils s’en foutent car vivre avec la mort fait partie de leur quotidien.

Aujourd’hui, plus que jamais, le coronavirus nous unit de manière artificielle et passagère. Il nous assiège tous derrière les quatre murs. Le monde se transforme en une grande prison. Confinement tous azimuts. La leçon à retenir de tout cela est la suivante: on est tous un entrepôt de microbes, on peut s’infecter les uns les autres peu importe notre rang social et notre statut économique. Le contact physique, on peut toujours l’empêcher par toute sorte d’artifice, mais l’air que nous respirons ne fait aucune discrimination. Il est temps de penser un nouvel ordre mondial ou la valeur de l’être humain ne se résume pas à son porte-monnaie.         

Certes, ce n’est pas facile de tout résoudre en un coup de baguette magique. Cependant, Il faut que l’on emprunte la voie du bon sens pour construire un monde où il fait bon vivre. C’est maintenant ou jamais. Tant que l’économie mondiale reste aux mains d’une infime minorité au détriment de la grande majorité, le monde ne connaîtra jamais la stabilité sociale. De l’apaisement politique, il y en aura toujours à cause des forces répressives et des instances internationales bidon qui sont là pour maintenir le système inégalitaire dont le tempo vient d’une minorité qui s’enrichisse à tout bout de champ, et qui se moque de la nature humaine. Chapeau à toutes celles et à tous ceux qui prennent soin des personnes infectées en ce moment. Que le ciel veille sur elles/eux!        

J’ai hâte de m’en aller
un monde de fous
un monde de sous
un monde de coups

J’ai hâte de m’en aller
une vie de merde
un temps à perdre
un parcours dans la démerde

J’ai hâte de m’en aller
un cœur en détresse
une âme dans la paresse
une vie dans la sécheresse

Jacques Pierre
@PJacquespie
Co-directeur de Haiti Lab, Duke University

Stop the Corona virus (Détail). Frantz Zephirin.

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 Viré monté