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Tutoyer la mer :
la poétique du vertige chez André Fouad

mardi 21 octobre 2025 / DE : Marvens Jeanty
Source: https://www.pressegauche.org

Silence je tutoie encore la mer

Silence je tutoie encore la mer, André Fouad • Éditions Milot Paris • 2025 • ISBN 9782386170768 • 89 pages • 17 €.

*En pleine lune de Montréal*

*J’ai le cœur nomade d’Emile Nelligan*

*qui tisse à la folie des jours verglas*

*de toutes les randonnées*

*j’ai la tête*

*les mains habiles de José Martí*

*labourant les mers*

*fumant les cigares d’Havana*

*pour les villes, pour les nuits*

*qui tournent le dos à la mer*

*la vie est un théâtre ambulant*

*de scènes en scènes*

*de lumières en lumières*

*de vestiaires aux vestiaires*

*la poésie m’aura allumé les sirènes*

*en pleine lune de Montréal*

*j’ai failli être heurté par un camion*

*couleur de mon sofa à l’italienne*

*se moquant de l’air des Tim Horton. (Page 57)*

Chaque titre des poèmes révèle tout un travail de création extraordinaire, où entre l’art de créer et de dire le monde, on y trouve de la musicalité. Il y a des titres qui annoncent un livre; d’autres le contiennent déjà. Celui qui ouvre le recueil de André Fouad: Silence, *Je tutoie encore la mer* appartient à la seconde catégorie. Il est à la fois manifeste et poème, lecture et promesse, trapèze et vertige. Tout y dit la poésie comme exercice de funambule, comme équilibre entre le sens et son effacement, entre le jeu et la gravité. Dès la première phrase *«Ce livre est un trapèze»* le ton est donné: l’auteur ne nous invite pas à lire, mais à basculer. À entrer dans une langue suspendue, tendue entre la mer et le ciel, entre la certitude du mot et l’abîme du silence...

Article complet ici.

Marvens Jeanty

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Viré monté