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Emeline Michel dans tous mes songes de poète errant Le Nouvelliste | 2020-06-04
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En ce mois de juin ou le printemps exécute son énième pas de tango, je regarde l'une de tes photos en noir et blanc du célèbre photographe Antonio Bruno dans ma chambre balayée par le soleil au rythme de tes chansons, dirait-on, lointaines, mais encore fraiches comme la rosée des clair-matins.
Au nom de la déesse Erzulie, au nom de toutes les femmes issues des entrailles des soleils et des terres brûlées, je veux te rendre cet hommage et te remercier infiniment pour ton courage démesuré, ton talent de chanteuse inné, ton aura, ta mission que je dirais fondamentale, celle d'allumer les projecteurs sur la République de plus en plus vieillissante, avilie, ce morceau de terre qui devient la risée des autres peuples, malgré ses épopées (qu'on fait semblant parfois de méconnaitre), sa richesse artistique et culturelle.
Ce travail fastidieux, tu l'as démarré très tôt, en1985 lors de cet inoubliable concert de la jeunesse déroulé au stade Sylvio Cator sous la direction du crooner légendaire Ansy Dérose, disciple de Charles Aznavour icône de la chanson française. Le public allait lier connaissance avec toi et tombait sous le charme irrésistible de ta voix unique, mélodieuse et incomparable, si éclatante et dont les échos nous parviennent encore. Comme un appel pour rester vivant!
Sur les traces de Martha Jean-Claude, de Yole Dérose, de Toto Bissainthe et des légendes féminines du jazz et de soul, de la musique américaine comme Anita Baker, Ella fritzgerald, Nina Simone et pourquoi pas de Sarah Vaughn, tu fais corps avec les notes blanches et noires à travers des mélodies aux couleurs R and B, bossa-nova et roots qui ne laissent jamais les mélomanes indifférents.
Aujourd'hui, il y a de tes textes qui me collent à la peau par leur texture musicale:
«Yon ti fi kou magali» , «Tankou melodi» «Flanm»... titres parus dans les annees 90, je les consomme, je les rumine, je les récite comme les psaumes de David, comme les pièces romantiques du livre «Cantique des cantiques» écrites par le roi Salomon.
«Solèy la gen domi nan je
tout boutik fin fenmen»(tankou melodi)
«Pa gen piyay nan Pòtoprens
se mete fanm sou ou»(Chanson de Jocelyne)
Ah! que le temps passe vite Emeline. Tes chansons frappent mon esprit et mon cœur. J'emporte partout dans ma tête ce morceau «Ayiti peyi solèy» avec cet accompagnement inoubliable de Loulou Dadaille. Grand guitariste devant l'Éternel.
Ayiti peyi solèy
kè w an dèy
ou kwè ou gen chans»(Ayiti peyi solèy).
Trois décades après, tu arpentes les rues de ce monde, les scènes les plus prestigieuses de «New morning» (Paris), en passant par le Carnegie hall (New York) , jusqu'à James knight Center (Miami Dade) avec ce même soul qui t'habite. C'est quoi ton secret, cette fierté de rester accrocher à tes racines afro-haïtiennes à l'instar de Sanite Bélair, Henriette de Saint-Marc et la reine Anacaona...?
Emeline, tu trouves toujours les mots, la mélodie pour nous parler. Raconte-nous notre pays, des temps anciens, des temps à venir. Raconte, chante, chante Emeline. Dis le en chansons...
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