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Droit d'auteur, quand tu nous manques Publié le 2021-10-11 | Le Nouvelliste Bibliothèque du sanctuaire Madonna del Sasso à Orselina (Suisse). Photo Francesca Palli |
On reproche couramment aux artistes haïtiens de mourir dans la faim, la disette, la précarité après tant une longue carrière. Ils nous ont fait valser, danser, hurler, piaffer, pleurer de joie dans les boîtes de nuit, les salles de théâtre, les bistrots dans des conditions extrêmement difficiles, voire inacceptables dans l'unique objectif de nous plaire, de nous montrer ce qu’ils sont capables de faire, malgré leur faiblesse due à l'absence d'écoles, de conservatoires, de mécènes, de labels et surtout le respect du droit d'auteur.
Après leur départ, on diffuse encore leurs œuvres à la radio, à la télé et sur les réseaux sociaux. On les utilise dans les jingles, les films, les spots de campagne électorale. Là encore, la problématique du droit d'auteur revient sur le tapis en Haïti.
La ville de Jacmel est ma ville d’adoption, mon autre moitié, celle qui a enfanté l’un des plus authentiques troubadours, Achille Paris (T-Paris), connu pour son éternelle «Lina». Cette chanson a été reprise par une panoplie de groupes et artistes, dont Ibo Combo, Jean Tavernier, feu Boulo Valcourt et Beethova Obas.
Je me pose souvent la question suivante, qui bénéficie des dividendes générés par ce hit local. Est-ce le producteur du CD ou la famille de T-Paris encore vivante à Jacmel? Je pourrais prendre un tas d’exemples d’artistes victimes de l’exploitation à outrance de leurs œuvres comme Lumane Casimir, Languichatte, Azor, Rodrigue Millien, Coupé Cloué et plus près de nous Jamsy Alex Pierre, Black Alex de King Posse.
La génération de Mikaben, Rutshelle Guillaume, Steeve Khe, Bedjine/Cadillac sont-ils à l'abri de cette déficience. Sont-ils membres d'une société de droit d'auteur à l'étranger? Connaissent-ils leurs droits et devoirs? Y a-t-il un syndicat pour défendre leurs droits? Quel est le rôle de l'État, du ministère de la Culture dans la protection des œuvres artistiques et culturelles, la préservation du patrimoine culturel haïtien?
À dire vrai, j’en ai marre des télé-marathons, des tanpri souple, des lakòlèt à chaque fois qu'un frère artiste se trouve dans une impasse après tant de services rendus au pays et à la communauté. Il est temps que les choses changent, et cela doit interpeler la conscience de toutes les instances, en particulier les responsables du pouvoir exécutif et législatif.
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