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Regard du poète André Fouad sur l’étoile Claude Bernard SérantPublié le 2021-10-20 | Le Nouvelliste |
La mort de Michaël Benjamin, sur scène, en plein concert, à Paris, à l’Accor Arena, en direct sur les réseaux sociaux, a dévasté le cœur de ses fans. Le poète André Fouad était en plein sommeil quand un ami l’a réveillé pour l’annoncer cette triste nouvelle: Mica est mort. Est-ce un rêve ou une réalité ? Comment un jeune homme de 41 ans, pétillant de vie, de charme, d’énergie à en revendre peut-il succomber subitement sur scène devant plus de 19 000 spectateurs? Et encore, des milliers d’internautes de par le monde suivaient en live ce spectacle qui prenait les chemins de l’unité. Carimi, groupe musical qui a bercé la jeunesse haïtienne, à la face du monde, montrait avec faste à nos élites que les enfants du konpa peuvent se donner la main, transcender et aller vers l’avant, dans l’harmonie. André Fouad se livre après cette mort en direct.
Le Nouvelliste: Comment as-tu appris la nouvelle de la mort de Michael Benjamin (Mika)? Tes réactions?
André Fouad: En fait, j’ai appris la nouvelle par le biais de mon ami, le chanteur gospel: James Davilmar vers les 8h 30 pm, le samedi 15 octobre 2022. J’étais en plein sommeil lorsqu’il m’a réveillé afin de m’annoncer cette triste nouvelle: Mika sur la scène d’Accor Arena (Paris) après une si belle prestation avec le groupe Carimi. Jusqu’à présent, je suis stupéfait, le cœur endolori. Je me demande encore si c’est un rêve ou une réalité. Une mort vécue en direct sur les réseaux sociaux laisse nos yeux inondés de larmes. Plus de 19 000 spectateurs venus de partout communiaient avec ces talentueux artistes. Ils avaient rompu leurs liens sacrés avec Carimi et ils allaient s'unir à nouveau pour vivre ce rêve d'unité. Ainsi va la vie. Ainsi vont les hommes.
Connaissais-tu cet artiste ?
Qui ne connait pas Mika? Il n’était pas un ami personnel, mais j’admirais son talent indéniable, incommensurable en tant que chanteur-compositeur, interprète, arrangeur, entertainer de première classe.
Que peux-tu dire de cette star?
À mon avis Mika est un musicien accompli, un hit-maker sublime, à l’aise dans tous les styles musicaux: konpa, zouk, reggae, R and B, afro-beat, Pop, etc.
Est-ce-que tu as déjà pris part à l’un de ses concerts?
À ma connaissance, une seule fois. C’était en 2018, Il était l’un des artistes invités de l’animateur vedette de Telemax : Harrys Latortue alias B.J dans un show mensuel baptisé: «Détente Culturelle» à Hallandale Blvd (Floride). J’ai pris le temps de contempler et d’apprécier chaque pièce qu’il interprétait ce soir-là, notamment «Si m te gen zèl» gravée sur son premier opus: «Vwayaj» (2000) publié au Canada.
Quelles sont les chansons de Mika que tu portes au cœur?
Elles sont légions, ces chansons qui reviennent souvent sur mes lèvres. En l’occurrence: «Back to Back, avec Krezi Mizik» «Si m te gen zèl» «Fanm sa move» «Fè lapli» «Lyrical» et «Ayiti Se». «Ayiti Se» reste et demeure un hymne national, un texte d’une grande beauté qui pourrait être étudié dans les écoles. En si peu de mots, il a su traduire nos douleurs et nos joies en tant que peuple.
«Ayiti s on bèl mizik, s on bann a pye, s on twoubadou
S on kata seremoni, yon son kwachi, se yon son tanbou
Ayiti se tè ogou, se tè zansèt kite pou nou
se la lesklavaj t aboli
se tè libète ak vodou
Ayiti cheri pou jan mwen renmen w
mwen vin depoze ti kè mwen nan men w
Ayiti cheri pou jan m adore w
pa gen anyen ki ka fè mwen kite w”
Quelle image retiens-tu de Mika?
L’image d’un gentleman éduqué, épanoui, altruiste, philanthrope, passionné de la musique et surtout de son pays: Haïti. D’ailleurs il est mort avec le bicolore national autour du cou.
Les enfants terribles de Carimi se sont séparés, se sont querellés. Ils se sont retrouvés à l'Accor Arena pour un concert. Qu’est-ce que cet évènement traduit pour toi.
Un message fort et significatif, celui de l’unité et de la solidarité malgré nos divergences d’opinions, nos querelles politiques, notre appartenance sociale. Comme le dit si bien notre devise nationale «L’union fait la force».
Propos recueillis par Claude Bernard Sérant
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