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Haïti: Par La Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCDH) |
Dans notre imaginaire collectif, la valeur symbolique du drapeau réside dans l’union des forces révolutionnaires indigènes contre l’expédition militaire dirigée par Leclerc et le pouvoir esclavagiste napoléonien. L’histoire officielle a toujours présenté cette union comme étant celle des Noirs et des Mulâtres, comme si la question de couleur était objectivement la question centrale dans la lutte contre l’esclavagisme, et dont le dépassement était nécessaire pour venir à bout de ce système. Il n’est pas étonnant que la rhétorique politicienne et les discours de nos différents gouvernements soient dominés par l’idéologie de la couleur. Car cette idéologie rend possible la marginalisation de la participation des masses populaires dans la lutte pour l’indépendance, bien que toutes les analyses historiques montrent clairement que sans cette participation, en particulier sans l’intégration des marrons dans l’armée révolutionnaire, donc sans la participation concrète du peuple, cette indépendance n’aurait pas été possible.
Or si, une fois de plus, on devait souligner la valeur symbolique de notre drapeau, s’il continue à signifier l’union contre les forces de l’oppression, il est de toute urgence de se demander aujourd’hui de quelle union s’agit-il? Il est évident qu’on ne peut plus parler d’une union sur la base de la couleur de la peau, une mystification historique à dénoncer; il ne s’agit pas non plus d’une union se construisant à partir de l’origine ethnique, une fumisterie visant à diviser, mais il s’agit d’une union des forces progressistes, dont l’objectif consiste à construire un nouvel État, un État au service de la nation et du peuple. Et cette union ne peut se faire sans la participation concrète de la population, comme ce fut le cas en 1803, même si l’idéologie dominante réduit cette union uniquement comme l’œuvre des élites émergeantes, noires et mulâtres.
La réalité tragique actuelle dans laquelle se trouve notre pays devrait susciter de sérieux débats et réflexions touchant l’avenir de la nation. Et chaque célébration, chaque commémoration, au lieu de faire l’éloge du passé, de tomber dans le passéisme, doit s’inscrire dans le cadre de la lutte pour élaborer un nouvel État, pour éradiquer ces structures socio-économiques, ces appareils politiques et idéologiques qui reproduisent la misère, le désespoir et la détresse.
Nous profitons de l’occasion de ce 18 mai pour renouveler notre appui au principe de la transition de rupture, seul moyen pacifique d’effectuer des élections véritablement démocratiques en Haïti. Ce principe se veut rassembleur, unissant plusieurs organisations progressistes dans l’objectif d’instituer un gouvernement ayant à cœur la souveraineté du pays sur tous les plans, un gouvernement porteur de vision et d’espoir, dont l’essentiel de la politique consiste à rompre une fois pour toutes avec l’humiliation, l’asservissement, les coups d’État répétitifs et la domination étrangère.
Ce 18 mai faisons donc de la fête du drapeau la célébration de la lutte renouvelée du peuple haïtien, lutte pour en finir définitivement avec le climat de terreur, la corruption, l’injustice, l’État croupion et assujetti aux intérêts étrangers.
Vive la lutte pour une Haïti souveraine, maîtresse de son destin!
Pour authentification,
Célia Romulus, Alain Saint-Victor, porte-parole.
Montréal, le 16 mai 2023
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