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Préface
La publication de l’ouvrage intitulé: «Diabète et Hypertension artérielle: Remèdes familiaux dans la région de Port-au-Prince», tiré de l’étude sur les «Traitements traditionnels familiaux du diabète et de l’hypertension artérielle dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince» réalisée conjointement par l’Université d’État d’Haïti (UEH) et la Fondation Haïtienne de Diabète et des Maladies Cardio-vasculaires (FHADIMAC), est significative à plus d’un titre.
L’idée d’une recherche scientifique, conduite selon les règles de l’art par des spécialistes de la trempe du professeur Marilise Rouzier et du Dr Nancy Charles Larco, appuyées par une équipe pluridisciplinaire, est déjà en soi un point positif, particulièrement dans notre pays où la recherche universitaire se situe à ce niveau d’indigence que nous connaissons.
Mais lorsque cette recherche porte sur un domaine aussi fondamental que la santé de la population, sur des maladies qui deviennent de plus en plus courantes et de plus en plus alarmantes comme le diabète et l’hypertension; et qu’en plus elle est abordée sous l’angle des savoirs populaires, des pratiques culturelles, dans un souci de valorisation de ces savoirs et de ces pratiques, elle s’inscrit carrément dans une perspective sérieuse de développement économique, social, culturel et scientifique.
À l’UEH, nous sommes convaincus que, en plus de nous accrocher solidement aux avancées de la science et de la technologie conventionnelles, en plus de compter sur ce que d’autres peuvent nous offrir, nous avons le devoir de tourner les yeux vers nous-mêmes, de regarder en nous-mêmes et de chercher à identifier, à reconnaitre et à valider les connaissances, les ressources, les savoirs, les pratiques qui ont fait leurs preuves et qui ne demandent qu’à être pris en compte pour nous livrer leurs secrets. Pour autant bien entendu que nous nous soumettions aux normes, standards et exigences de la méthode scientifique et que nous soyons également prêts à trier le bon grain de l’ivraie.
Dans cette perspective, l’un des axes privilégiés de notre cadre stratégique d’action au niveau du Vice-Rectorat à la Recherche est constitué par un programme de validation et de valorisation des savoirs locaux, dont le sous-programme de médecine traditionnelle est le plus beau fleuron.
Au bout du chemin, nous visualisons déjà les retombées. Elles seront non seulement économiques mais également sociales, culturelles, scientifiques: un meilleur accès à la santé, une meilleure valorisation de nos ressources, une plus grande reconnaissance de l’autre qui devient ainsi porteur de savoirs reconnus et sujet économique et social valorisé, et la perspective d’apports de notre pays à la science universelle.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous en sommes maintenant au tout début de la route. Car le travail que nous présentent aujourd’hui le professeur Rouzier et le Dr Larco a pour objectif général de répertorier et d’analyser les connaissances en matière de médecine familiale pour le diabète et l’hypertension artérielle par l’usage des plantes et autres produits dans les quartiers défavorisés de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
Dans ce cadre, elles se sont proposées de:
- Mettre en évidence quelques indicateurs sociodémographiques et économiques des enquêtés;
- Évaluer les connaissances de la population concernant le diabète et l’hypertension ainsi que la capacité des enquêtés à poser des diagnostics de ces affections;
- Établir l’itinéraire thérapeutique adopté par la population face à ces affections;
- Mesurer l’importance de la médecine traditionnelle familiale dans les quartiers défavorisés;
- Identifier les différents remèdes utilisés et leur mode d’application pour le diabète et l’hypertension artérielle;
- Évaluer le bien-fondé de ces usages en regard des données de la littérature scientifique disponible;
- Envisager quelques zones de jonction utiles entre la médecine traditionnelle familiale et la médecine conventionnelle pour le traitement des affections étudiées sur la base des complémentarités possibles;
- Identifier les plantes et aliments présentant un intérêt pour des recherches ultérieures;
- Un autre point sur lequel nous voulons mettre l’accent : les conditions dans lesquelles ce travail a pu se réaliser. Je me réfère précisément au partenariat établi entre nos deux institutions : l’UEH et la FHADIMAC.
L’UEH s’enorgueillit d’avoir pu intégrer ce partenariat qui nous enrichit mutuellement, en termes de ressources, en termes de capacités, en termes académiques, en termes d’image. Ce partenariat qui est appelé à se renforcer et devant lequel s’ouvrent d’excellentes perspectives.
Au nom du Conseil Exécutif de l’UEH, nous en prenons occasion pour féliciter la FHADIMAC pour sa compétence reconnue dans son domaine, sa grande ouverture d’esprit, son engagement réel à la cause des diabétiques et des hypertendus de notre population. Ce n’est pas tous les jours que des médecins de cette envergure acceptent à regarder au-delà de leur science à eux et à admettre qu’il pourrait y avoir quelque chose de bon dans les pratiques des autres. Ce faisant, la FHADIMAC contribue à ouvrir un chemin que d’autres peuvent emprunter, un chemin qui pourrait aboutir à ce pont, à cette passerelle entre diverses visions, divers savoirs sur la santé, le corps humain, la maladie mais aussi diverses composantes de notre société plurielle.
Aux chercheures principales, Marilise Rouzier et Nancy Larco, à leur équipe de recherche, je présente mes chaudes félicitations pour la qualité, la rigueur et la pertinence de ce travail que vous allez découvrir à travers cet ouvrage « Diabète et Hypertension artérielle: Remèdes familiaux dans la région de Port-au-Prince ».
Fritz Deshommes
Vice-recteur à la Recherche
Université d’État d’Haïti