Charlot Lucien
[Conteur, caricaturiste et peintre]

interviewé par Rodrigue
pour karibbean-spirit.com

03/05/2006

Charlot Lucien

Charlot Lucien, présentez-vous aux lecteurs de karibbean-spirit.

Je réside à Boston, je suis de passage présentement ici dans le cadre d’un pèlerinage que depuis longtemps j’ai voulu faire au fort de Joux ou Toussaint Louverture a passé ces derniers jours. J’apprécie, j’admire énormément le travail accompli par ce héros national. C’est dans ce contexte que la librairie Toussaint Louverture et Alliance-Haïti m’avait convié à venir faire une vente signature.

Je suis un conteur dans la mesure ou je participe au travail des précurseurs tels que Maurice Sixto, Jean Claude Martineau ou poursuit avec les innovations apportés par un Felix Morisseau-Leroy dans l’utilisation de la langue créole. Maintenant,je crois qu’il y a cette lignée pour expliquer que je me sois lancé sur ce terrain en tant que conteur. Je fais la différence entre ce que j’appelle personnellement le conte social c’est-à-dire le genre utilisé par Martineau ou par Maurice Sixto qui est différent du conte à caractère folklorique qui regroupe les histoires de «Bouki»,de malices et de «Jean Sot» et de «Jean Lespri». Donc j’ai sorti mon premier compact disc en 2001, le second en 2003 et je suis sur mon troisième opus qui sortira en 2006 et je traite beaucoup de ce que j’appelle les «tares», de ce que j’appelle «la redondance de l’absurdité» quand on observe certains comportements sociaux ou bien culturels des haïtiens autant dans la diaspora qu’en Haïti.

Les contes relatent très positivement la société?

Oui, les contes, définitivement, regardent d’un œil critique la société en apportant naturellement la touche d’humour nécessaire pour que les gens puissent prendre les histoires avec un grain de sel mais à la fin, il s’agit, d’une dénonciation, de passer en revue avec un regard sévère ces «tares» sociaux.

Depuis quand Charlot Lucien concilie-t-il ces trois arts à savoir la caricature, le conte et la peinture?

(Rires !) Et la poésie, bien sur! Eh bien depuis l’enfance, mais pas de façon professionnelle. Le point marquant a été véritablement la publication de mes caricatures dans le contexte de la compétition «la caricature de la semaine» du «Nouvelliste» au cours des années 1986 et peu de temps après «le Nouvelliste» me consacrera un coin appelé «le coin de Charlot» qui fit sortir mes caricatures. Plus tard, on les retrouvera de manière plus régulière dans «Haïti En Marche», «Informations Libres», «Haïti Libérée» et ensuite au cours des dix dernières années, entre 1990 et 2004, j’ai fit sortir «ces Grosses Têtes de l’Actualité» sous-titré du surréalisme en politique haïtienne qui est ou bien qui a été une compilation d’une soixantaine de leaders politiques haïtiens ou internationaux et qui ont joué un rôle quelconque dans la politique haïtienne de ces trente-quatre dernières années de 1970 à 2004 donc oui, un long parcours quand il s’agit de la caricature.

La peinture, c’est plutôt épisodique. Je suis inspiré par des sujets historiques par exemple j’ai deux tableaux de Toussaint Louverture, l’un d’entre eux, Toussaint dans sa gloire sur son cheval Bel Argent, l’autre, Toussaint dans ses moments les plus tragiques au cachot du fort de Joux. En ce qui concerne la poésie, il me reste à publier mon recueil, mais c’est encore prévu pour cette année.

A quand Charlot Lucien de nouveau sur Paris?

Euh, probablement en mars 2007 dans le cadre du mois de la francophonie. Je peux dire que j’ai été énormément surpris par l’accueil qui me fut réservé ici à la librairie Toussaint Louverture, donc il y a matière à retourner dès que l’invitation se présente de nouveau.

Aujourd’hui Charlot Lucien vit-il de cette activité artistique?

Je suis administrateur de programme de santé pour l’état du Massachusetts, mais cependant, il est vrai que l’activité artistique occupe la plupart de mon temps puisque je suis également le fondateur de «l’assemblée des artistes haïtiens» du Massachusetts. C’est un groupe d’à peu près 60 artistes dans diverses disciplines donc clairement la culture et l’art font partie de mon horizon, de ma vie quotidienne, de ma routine et on peut dire que je vis de cela bien que j’ai mon travail administratif entre 9h et 17h.

Vous revenez souvent en Haïti?

Je voyage régulièrement en Haïti, c’est-à-dire chaque deux ans parce qu’il faut que j’aille à la source, n’est-ce pas, pour puiser la matière nécessaire à mes histoires.

Charlot Lucien, on vous remercie pour cette entrevue, on vous souhaite un bon retour au Massachusetts et revenez nous voir en 2007.

A bientôt!

A bientôt Charlot Lucien.

crabe

 
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