Potomitan

Site de promotion des cultures et des langues créoles
Annou voyé kreyòl douvan douvan

Contes créoles

Pierre Nourry, A la Martinique, Ant-Isle de l'Amérique
Editions d'Histoire d'Art, Librairie Plon, 1967, 223 p.
Préface de Henry Lémery, ancien sénateur de la Martinique.
Transposition créole de Fables de La Fontaine (ou Antérieures)

Porte au prince
Carte postale ancienne. © Collection Médiathèque Caraïbe. LAMECA

Pierre Nourry est un visiteur français qui a écrit un livre sur l'histoire, la géographie, l'économie, la population et la culture martiniquaise. Dans le chapitre 4 de son livre intitulé «Le langage créole» il publie trois contes sans signaler leur auteur.
 

Les deux mulets

Yon jou dans yon gran chimindé milette té ka maché. Yonne té tini yon chage foin, lautt l'ägent te ka poté. Tala té ka fé docté.

Li té ka gouaillé lautt là. Li té ka dit li: Mouché, Ca ou ka poté com ça, yo chagé ou évec paille? Ca c'est travail ti manmaille, pas travail pou yon nèg mâle, ca ka ranne dos ou tout sale. Pauve ou, oui ! Toutt bon, mouché. Ca sré fait moin mal au khé allé dans boug évec ça.

Li prend ri: Quia ! quia ! quia ! quia.

Lautt là, zoreille li baissé,té ka tanne ça sans soufflé. Pouloss yo contré volé, yo tous les dé té ni pé,
yo tous les dé prend couri:

Ti, pi, ti, pi, ti, pi, ti.

Quand li voué yo ka foucan, volé là fisi li prend, li tiré lassous missié qui l'agent té ka poté.

Coup-d'fisi là pati: poh !

Pauve milette là tombé: boh !

Lautt là dit li: «Camarade, to té ka gouaillé moin: gade! Si to té ka poté foin, y pas sré fait to engnien.»

LES DEUX MULETS

Un jour dans un grand chemin, deux mulets cheminaient. L'un portait une charge de foin, eEt l'autre de l'argent. Ceui-ci fait l'homme d'importance.

Il gouaille l'autre, il lui dit: «Mon cher, Que portez-vous là? On vous a chargé de paille? C'est là un travail de petit enfant, et non un travail de nègre mâle.Ça vous rend le dos tout sale. Pauvre de nous! Tout de bon, mon cher ça me ferait mal au cœur si j'allais au bourg avec ça.»

Il se mit à rire: Quia ! Quia ! Quia !

L'autre mulet, l'oreille basse, entend cela sans souffler mot. Cependant, ils rencontrent un voleur, tous les deux prennent peur, tous les deux se mettent à courir:

Ti, pi, ti, pi, ti, pi, ti.

Quand le voleur les voit filer, il prend un fusil et tire sur le monsieur qui porte l'argent. Le coup de fusil part: poh! Le pauvre mulet tombe: boh!

L'autre lui dit: «Camarade, tu te moquais de moi; regarde! Si tu avais porté du foin on ne t'aurait rien fait.»

Traduction de M. Henry Lémery.

crabe

Viré monté