AU VISITEUR LUMINEUX

 

Nu dan nu pei
Nu Gran-Pei Dan Nu

 

par Vinesh Y. Hookoomsing

Vinesh Y. Hookoomsing
Vinesh Y. Hookoomsing (à gauche) avec Issa Asgarally.
Il y a eu ce premier regard qui a effleuré le monde rural mauricien à la fin des années soixante-dix, et qui faisait dire à Jean Benoist que nos villages sont “le lieu privilégié d’intégration humaine, de permanence culturelle”, et que “c’est en grande partie à leur existence que la société mauricienne doit cette solidité souple qui la caractérise face aux aléas d’un monde difficile”1. Quelque dix ans plus tard, dans le prolongement de ce premier regard, Jean Benoist revisite les lieux qui lui ont permis d’entrevoir l’image d’une société réincarnée et qui est celle de l’Inde sociale et culturelle. Mais ce regard prolongé est en même temps interrogation, car l’île Maurice des années quatre-vingt est celle de l’industrialisation et de la modernisation. Quel sera donc le visage de la société mauricienne de demain: avenir créole ou indianité modernisée? “Mais comment prévoir ce que fera cette société si souple dans sa capacité de transformer tout changement imposé en une occasion de se créer elle-même?”2

Passe le temps, nous voici au tournant du siècle et du millénaire, et l’image de Maurice, une “presque-Inde”3, persiste. Dans le magnifique tableau des hindouismes créoles, l’hindouisme mauricien n’apparaît qu’en filigrane.

Décembre 1999, toute l’île Maurice, ou presque, s’apprête à fêter la dernière Noël et la dernière nuit du millénaire. A l’exception des musulmans, qui sans doute voient dans l’étalage de consommation une épreuve supplémentaire pour renforcer et agrandir leur foi en cette période de Ramadan, les autres, chrétiens et hindous confondus, qui représentent plus de quatre-vingt pour cent de la population, semblent tous atteints par la forte fièvre de fin d’année. Sous prétexte d’en prendre la mesure en cet après-midi d’avant-veille de Noël, j’ai suivi au hasard – c’est ce que je me suis dit – un trajet vers l’intérieur du pays, en partant du campus de l’Université. En fait, je m’étais imprégné des variations du paysage de l’île Maurice profonde offertes par le regard de l’anthropologue, et le parcours de mon trajet était, sans me rendre compte, comme tracé d’avance.

Au premier carrefour, la route devant moi mène au Château du Réduit, siège de la Présidence de la République. Le Président Cassam Uteem devait recevoir ce matin le leader de l’Opposition parlementaire, Paul Bérenger, qui avait pris rendez-vous pour lui exprimer ses craintes au sujet d’une nouvelle loi sur la sécurité publique introduite au parlement par le Premier Ministre, Navin Ramgoolam. Trois figures nationales fortement chargées de rapports emblématiques: l’une, présidentielle mais largement honorifique, est musulmane; l’autre, porte-parole de l’opposition politique, est perçue comme blanche, et le gros de sa base électorale repose sur les minorités ethniques; la troisième enfin, chef de la majorité politique et du gouvernement, est hindoue, issue de la caste majoritaire vaish. La loi en question vise à renforcer les pouvoirs de la police, elle est directement liée aux graves émeutes de février 1999. Celles-ci avaient pris une tournure communaliste, en opposant la minorité créole noire, marginalisée par le développement économique libéral, aux hindous majoritaires perçus comme bénéficiaires de ce même développement grâce à leur contrôle de l’Etat. Lors de ces émeutes, le Président de la République, fort de son image symbolique de rassembleur, était descendu sur le terrain pour calmer les tensions ethniques.

J’ai tourné à droite pour me diriger vers le centre de l’île. A quelques centaines de mètres de l’Université, les jardins de l’Institut Mahatma Gandhi donnent à cet organisme d’Etat chargé de la promotion des langues et des cultures indiennes l’apparence d’un sanctuaire. L’Institut ainsi que sa toute nouvelle “School of Indian Studies”, dont les couleurs et le cachet architectural évoquent l’Inde, trônent sur un vaste et superbe terrain offert par la propriété sucrière voisine de Mon Désert Alma. Ce don de terre, fait au lendemain de l’indépendance, était à l’époque hautement symbolique d’entente entre l’oligarchie blanche et le pouvoir politique hindou, et de rencontre entre l’occident français et l’orient indien. A la poursuite de son idéal de haut-lieu d’interculturalité, à l’image de la maison gandhienne ouverte à toutes les cultures du monde, l’Institut Mahatma Gandhi s’est également doté d’un Centre d’Etudes Mauriciennes. Celui-ci vient de faire l’objet d’une première mise à l’épreuve à la suite de la décision de l’Université de Maurice d’offrir à partir de l’an 2000 un Diplôme d’Etudes Mauriciennes. Accusée de vouloir marcher sur des plates-bandes qui ne sont pas les siennes, l’Université s’est défendue en faisant valoir son universalisme, et par voie de conséquence sa neutralité culturelle, qu’elle a opposée à la spécificité culturelle de l’Institut Mahatma Gandhi. Mais comme la devise mauricienne d’unité dans la diversité paraît en parfaite harmonie avec l’esprit d’universalité dans le respect des spécificités, les deux institutions ont fini par trouver un compromis.

Si l’universalité n’est pas une menace pour la diversité, la mondialisation en revanche pourrait l’être. Quelques mètres à peine séparent l’entrée de l’Institut Mahatma Gandhi du point de vente d’une usine de textile. Toutes les imitations de grandes marques de jeans et de vêtements de mode y sont étalées: les Tommy Hilfiger, Calvin Klein, Armani, et autres Reebok font bon ménage avec la foule bigarrée où le churidar et le sari côtoient sans gêne la jupe et le pantalon corsaire. Le marchandage se fait en créole et le tout baigne dans un décor musical bollywoodien.

La route traverse maintenant le village de Saint-Pierre, transformé pour la circonstance en grouillant carrefour de commerce. Elle sillonne entre les champs de canne et arrive bientôt à l’embranchement qui mène vers le petit village de La Laura-Malenga. Je m’y engage, et aussitôt une vieille femme en sari me fait signe timidement. Je m’arrête. Elle me demande alors en bhojpouri si je vais au mandir. Elle va rendre visite à ses filles, et l’autobus qui dessert le village est déjà passé. Le Venkateswara Mandir de La Laura-Malenga est connu dans tout le milieu hindou de l’île, et les villageois voient défiler régulièrement des gens en voiture venant des villes rapprochées.

Ma vieille passagère est de la même génération que ma mère. Elle m’appelle “beta”, et chemin faisant, me raconte qu’elle a trois filles, toutes mariées maintenant. Deux d’entre elles sont revenues s’installer avec leurs maris dans le village sur les terres de la famille qu’elles ont eues en héritage. Je lui dis à mon tour, dans un panachage de bhojpouri et de créole, que je viens chercher un instant de calme et de tranquillité d’esprit. Nous sommes presque à la hauteur du mandir, et la vieille dadi m'indique l'endroit où habitent ses filles. Une ébauche d’allée en pierre mène en contre-bas vers deux maisons en dur, plus ou moins achevées mais pas encore peintes. Avant de partir, elle me remercie et me donne sa bénédiction dans un registre de langue plus relevé. Elle en a sans doute l’habitude, mais je crois que c’est également parce que le mandir est si proche.

L’imposante silhouette du mandir dédié à Vishnou se détache contre les flancs lumineux du Pieter Both. Elle surplombe de sa masse trappue et disproportionnée le petit village niché à ses pieds. Protégé par les dieux du mandir, le village semble placé également sous la bienfaisante garde du Mourya Pahar, la montagne qui a une tête humaine. Celle-ci représenterait, selon la légende, un marchand de lait qui venait du village de Crève-Coeur, de l’autre côté du Pieter Both. Pour avoir trahi le secret de la reine des “pari” qu'il avait surprises la nuit en train de se baigner dans la rivière, Shyantak le laitier fut changé en pierre et figé au sommet de la montagne. Crève-Coeur fait partie des lieux où se déroule le roman pastoral de Marcel Cabon, Namasté. Son héros, au nom divin de Ram, représente l'archétype de l’immigrant fondateur qui crée le village et y ancre ses habitants. Œuvre d’un écrivain créole qui s’est imprégné de l’histoire vécue des premiers immigrants indiens, Namasté, qui signifie salutation et respect en hindi, est devenu symbole de fraternité et d’unité, d’autant plus que sa publicatioin, à la veille de l’indépendance, s’est faite à un moment de fortes tensions inter-ethniques.

Comme beaucoup d’autres villages de l’île, La Laura-Malenga n’a pas de centre proprement dit. D’ailleurs, comme l’indique la composition du nom, il s’agit de deux localités contiguës qui ont été rattachées en une unité administrative dotée d’un conseil de village. La Laura en est la principale, elle regroupe plus de trois-quarts de la population, dont le total était de 1154 au dernier recensement. L’essentiel des infrastructures y est concentré: l’école primaire, le dispensaire, le nouveau shivala, le terrain de volley-ball flambant neuf, le tout construit pêle-mêle sur des terrains offerts par la propriété sucrière de Mon Désert Alma. La petite école du village porte un nom illustre, celui d’Adolphe de Plevitz. Né en 1837 en France d’une famille originaire de l’ancienne Westphalie, de Plevitz arriva à Maurice à l’âge de 21 ans. Quelques années plus tard, on le retrouve dans le village de Nouvelle Découverte, non loin de La Laura-Malenga. Il s’occupe des terres de sa belle-famille, et découvre bientôt les dures conditions dans lesquelles vivent les laboureurs indiens ainsi que le système oppressif de l’engagement. Il se fait leur défenseur en organisant une pétition historique en faveur des Indiens, qui allait déboucher sur la Commission d’enquête de 1872. De Plevitz est aussi connu pour avoir encouragé les Indiens à envoyer leurs enfants à l’école. Il alla même jusqu’à s’endetter pour créer une école à leur intention.

Au dernier tournant de la route qui mène au village, un monument en forme de cercle, sans doute une pièce rescapée, indique l’emplacement de l’ancienne usine sucrière de La Laura ainsi que sa date de fermeture: 1921. Un peu plus loin, d’autres pièces, qui semblent être des restes de rouages, sont soigneusement disposées autour d’un socle en béton datant de 1916. Elles proviennent sans doute de la première grue à vapeur de l’industrie du sucre à Maurice, une innovation technologique à laquelle La Laura est associée4. Une vieille carte postale, œuvre de A. Appavou, montre une vue de “Moka, La Laura Sugar estate during the crop and Peterboth Mountain” qui remonte à 1908. Selon la légende accompagnant la reproduction de cette carte postale, “la Laura était une petite propriété sucrière située au nord du district de Moka, presque à la limite de ceux de Port-Louis et de Pamplemousses. Elle s’étendait au pied de la chaîne de montagnes dont le Pieter Both est le point culminant ”5.

La sucrerie se portait sans doute bien au tournant du siècle, mais pas pour longtemps, car elle ferma ses portes en 1921, à la veille de la récession qui allait durement frapper l’industrie sucrière. Leckraj Chundoo, planteur, notable du village et pandit de surcroît, me raconte comment le terrible cyclone de 1931 porta le coup de grâce à ce qui restait encore de la petite sucrerie. L’usine démantelée, ses terres sont morcelées. “La Laura” ne figure pas sur la liste des 40 sucreries actives établie par Alfred North-Coombes en 19376, mais le village en a perpétué le nom.

La fermeture de l’usine aura des conséquences profondes sur la destinée du village. La plupart de ceux dont la vie était directement liée à celle de l’usine choisirent d’aller s’installer ailleurs. Les autres, ceux qui possédaient un lopin de terre, sont restés, car ils avaient un lien, un ancrage. Ceux-là, m’explique le pandit, les habitants du village d’aujourdhui, sont pratiquement tous de la même communauté, de la même religion. En effet, sur les 1 154 recensés en 1990, 1 144 sont hindous, dont 5 se sont définis comme “hindous tamouls”. La diversité à La Laura-Malenga n’est représentée que par 3 membres de l’Assemblée de dieu, 4 catholiques et 3 musulmans.

L’usine n’étant plus, les plus vulnérables se sont recyclés dans les cultures vivrières, d’autres l’ont fait en partie seulement car ils avaient suffisamment de terres pour jouer sur les deux claviers, le sucre et les légumes. D’après l’Atlas de Maurice, on trouve dans la région, trois types de cultivateurs de légumes:

ceux dont les parcelles sont trop petites ou de qualité trop médiocre pour permettre la culture sucrière; ceux qui disposent de plus de terrain que la main-d’œuvre familiale n’est capable de cultiver, qui laissent une partie des terres en canne à sucre, dont la culture est moins exigeante en main-d’œuvre; enfin les familles ayant une main-d’œuvre suffisante pour mettre en valeur leur petite propriété, et qui sont même capables de louer des terres additionnelles pour de courtes périodes. Ce sont ces dernières qui ont développé une économie maraîchère, dont elles contrôlent à la fois la production, le transport et la vente.7

Mais le travail de la terre reste précaire. L’élevage, la production laitière, qui dépendaient en grande partie des fourrages fournis par la canne, ont disparu. Et les jeunes délaissent de plus en plus la terre. Ils fréquentent des collèges qui sont ailleurs, à Rose Hill, Saint-Pierre ou Quartier Militaire. L’air des villes et les tentations de la modernité industrielle les attirent. L’unique club de jeunesse du village a été converti en lieu de stockage de matériaux destinés au nouveau temple en construction. Le Shiv Shakti Mandir est presqu’achevé, mais il y a encore des échafaudages tout autour, en vue des travaux de finition. Un shivlingam installé de manière provisoire et rudimentaire sur des parpaings a permis aux villageois cette année d’offrir sur place l’eau sacrée ramenée du Grand Bassin, le Ganga Talao, à l’occasion de la fête du Shivratri. Auparavant, ils devaient se rendre au shivala de l’Agrément, qui se trouve à plusieurs kilomètres.

Comment se fait-il que le village si profondément hindou de La Laura-Malenga ait été dépourvu de shivala pendant toutes ces années? Mon interlocuteur, que tout le monde appelle affectueusement Barko, le grand-frère, m’explique alors que les villageois sont en grande majorité des arya samajistes. Ce courant hindou réformiste refuse toute forme de représentation des dieux et donc d’adoration d’idoles ou d’images. Pendant longtemps, la vie religieuse et spirituelle au village avait pour foyer principal l’Arya Samaj Mandir fondé en 1967, qui sert également de baïtka, institution de base et clef de voûte qui a permis la survie et le maintien de tout l’édifice hindou.

A peine quelques mètres plus loin, à une jonction de la route qui continue vers Malenga, un kalimaye aménagé sous l’ombre protectrice d’un immense arbre-peepal témoigne à son tour de la permanence des dieux du village. Tout comme ces deux petits autels, nichés dans la proximité des champs et faisant face à la montagne surmontée d’une tête, dont les lampes s’allument en l’honneur du Mourya Pahar.

Mais ce tableau champêtre n’est pas, n’est plus tout à fait de composition purement locale. D'autres formes et couleurs sont venues s'y ajouter, faisant entrer l'hindouisme villageois dans l'ère de nouveaux cultes. Sur l’arrière-fond du village et de ses montagnes, en face du kalimaye, trône une résidence, de construction très récente et très moderne, recouverte de tuiles et entourée de jardins bien aménagés, comme on en voit dans les magazines spécialisés. Le tout est strictement délimité par une clôture qui en impose avec ses renforts de barbelé côté rue. Résidence privée, mais aussi lieu de rencontre et d’animation du mouvement Hare Rama Hare Krishna, des soirées de kirtans-bhajans y sont organisées, auxquelles les villageois sont conviés.

Il y a également cet étrange arc de triomphe à l’entrée du village, portant sur la façade intérieure de ses colonnes le texte du mantra Hare Rama Hare Krishna, et sur la façade d’accueil, le nom de ses créateurs, un couple tamoul qui n'est pas du village, ainsi que la date et l’heure de son inauguration en 1993. Des images de Ganesh à gauche et de Muruga à droite encadrent sur la partie centrale de l’arc l’inscription en telegou signifiant l’entrée au Sri Venkateswara Devasthanam.

L’idée de ce temple dédié à Vishnou, divinité universelle, créateur de toutes choses dans la trinité hindoue, reviendrait au Swami Venkatesananda. Arrivé à Maurice dans les années soixante-dix, il fonde la branche mauricienne de la Divine Life Society dont le siège dans la ville de Beau-Bassin abrite également un centre de yoga. La Divine Life Society et son yoga ashram sont devenus aujourd’hui un haut-lieu de méditation et de spiritualité.

Le Venkateswara Mandir de La Laura-Malenga, dont la première pierre fut posée en 1979, représente une œuvre à part à bien des égards. Le modèle dont il est la réplique se trouve à Tirupati, près de Madras en Inde. C’est également de là que viennent les deux prêtres officiants ansi que tout le rituel des célébrations et des prières. Construit sur les terres d’une famille de notables qui eux non plus ne sont pas du village, le temple appartient à un univers du sacré qui semble étrange(r), sans rapport avec les rites, images et symboles de l’hindouisme traditionnel à Maurice. La Laura-Malenga et la chaîne des montagnes où pointent le Pouce et le Mourya Pahar offrent au Venkateswara Devasthanam un somptueux décor naturel, mais le mandir n’appartient pas à ce monde rural mauricien.

Les gens du village l’ont compris: ce grand temple fait partie d’une quête qui les dépasse, et qui est celle des nouvelles élites hindoues installées dans les villes. Elles se sont approprié le monde urbain et celui-ci les aspire de génération en génération, et maintenant de jour en jour. Le processus paraît irréversible, d’où l’impérieuse nécessité du retour au village natal. Mais il ne s’agit plus du village matériel et réel, doté d’un passé, d’une histoire. Car il ne suffit plus de s’ancrer, désormais il est question de se renouveler, d’où sans doute le retour, ou plutôt le recours au village idéal(isé) en tant qu’espace de rattachement symbolique et identitaire, dans le contexte ambiant du global anonyme, avec ce qui est plus profond que le village ancestral, et qui semble être le grand-pays.

Je reviens lentement sur mes pas, pour affronter le flot des voitures et les bruits de la ville, avant de me perdre à nouveau dans l’arrière-pays. Au rond-point d’Eau Coulée, sur la route de la Vigie, je prends la gauche et me dirige vers l’est. La route menant vers Belle Rive est calme en cette fin d’après-midi. Elle serpente à travers bois et forêt, puis file tout droit vers le village. Je ralentis avant de m’engager à droite dans le sens du panneau annonçant le Sir Seewoosagur Ramgoolam Medical College.

Le nom de Belle Rive évoque le lieu de naissance de Sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR), Père de la Nation, mais il s’agit d’un autre village, beaucoup plus loin à l’est, près de Bel Air. Celle-ci, la “ vraie ” Belle Rive en quelque sorte, a été rebaptisée Kewal Nagar, le village de Kewal, petit nom de SSR, que l’usage n’a pas retenu. La société “ réincarnée ” se reconnaît dans bien des signes, mais elle n’est pas allée jusqu’à l’indianisation des noms de lieux. Seuls deux ou trois villages – Gokoola, Bramsthan, Bénarès, Lallmatie – ou quartiers de village – Baramia, à Rose Belle – font partie du toponyme consacré par l’usage. Le nom de Kewal Nagar ne s'est pas popularisé, malgré toute sa charge affective, tout comme celui de Phooliar, qui devait remplacer Antoinette, petit hameau perdu dans les champs de canne du nord, où auraient atterri les premiers laboureurs indiens de la grande période de l’immigration engagée.

A défaut du lieu historique, le SSR Medical College s’est contenté de l’identité toponymique, dont l’association avec le patronyme du Père de la Nation est sans doute assez forte pour que la confusion devienne source d’authenticité. Ce fort désir de rendre hommage ne se limite cependant pas à la seule considération politique, car SSR était également médecin. Il était donc nécessaire d’honorer autant, sinon plus, l’engagement professionnel de l’homme. L’inauguration du SSR Medical College eut lieu le 18 septembre 1999, et la coïncidence de la date avec celle de la naissance de SSR parut comme un effet de destin, tout comme l’accomplissement du rite d’inauguration par son fils, également premier ministre et médecin.

L’implantation du SSR Medical College ressemble fort à une page d’histoire vivante, et son affiliation à l’Université de Maurice s’imposa telle une nécessité. L’Université s’y plia et mit un terme momentané à son propre projet d’une faculté de médecine, dont les bases avaient déjà été créées avec l’aide d’universités britanniques et françaises. Le nouveau College est une institution privée et payante. Son financement est assuré par des investisseurs indiens et l’infrastructure de base – locaux et terres de l’Etat – est fournie par la partie mauricienne. Institution à envergure régionale et internationale, son personnel et ses étudiants se recrutent aussi bien dans la région qu’ailleurs. Maurice, partenaire et pays d’accueil, bénéficie naturellement d’un quota réservé.

Je me suis arrêté un instant pour prendre la mesure de l’impressionnant complexe du SSR Medical College. L’enseignement supérieur mauricien conçu à l’origine en fonction des besoins en formation de l’Ile Maurice indépendante est resté longtemps tributaire du modèle européen et tourné principalement vers l’Angleterre. Une première diversification eut lieu vers le milieu des années soixante-dix, avec la création de l’Institut d’Education et surtout de l’Institut Mahatma Gandhi (MGI). Institution financée conjointement par les gouvernements de Maurice et de l’Inde, le MGI combla le vide laissé par l’absence à cette époque d’une faculté de lettres et sciences humaines à l’Université de Maurice. Mais il le fit en partie seulement car sa vocation première l’orientait vers l’Inde et l’Asie, malgré l’existence de sa School of Mauritian, Asian and African Studies et l’inclusion dans son champ de tout le domaine des Beaux-Arts. Le nouveau SSR Medical College vient lui aussi combler un vide, mais, signe des temps, il s’agit cette fois d’une entreprise privée, dont les capitaux viennent de l’Inde, qui est tournée vers le marché extérieur, qui bénéficie sur place d’infrastructures et de facilités attrayantes, et qui en retour répond à des besoins de formation spécialisée dans un secteur vital pour le pays hôte.

Il me semble que le petit village de Belle Rive est en voie d’une nouvelle réincarnation. C’est peut-être l’entrée dans le monde global, par le biais de l’enseignement supérieur, qui l’attend. D’autres villages l’ont déjà fait, ou sont en train de le faire grâce au textile. La diversification agricole par le thé a été un échec et l’usine désaffectée de Belle Rive aurait pu se transformer en usine de textile. A quelques kilomètres de celle-ci, l’usine de La Chartreuse est dans un état d’abandon avancé. Il avait été question un moment de la convertir en studio et d’y loger une industrie de cinéma. On espérait sans doute attirer les producteurs de Bollywood, qui régulièrement viennent planter les plus belles scènes de leurs succès commerciaux dans le décor naturel de l’île. En attendant notre “ Mollywood ”, et faute de mieux, le thé ici a été remplacé par la canne. L’avenir du sucre n’est guère plus brillant, mais les petits planteurs de thé, dont le sort dépend de l’Etat, n’ont pas le choix. Ailleurs, des propriétaires terriens plus fortunés ont déjà arraché la canne et font maintenant fleurir leurs terres autrement. La région et le climat favorisent la culture de l’anthurium, et les serres poussent et prennent de l’essor entre Midlands et Cluny.

Je traverse rapidement Midlands. La faible luminosité du soleil couchant accentue l’isolement du village, un des rares dont la toponymie rappelle l’héritage anglais. Un groupe d’ouvrières attend à la sortie du village le passage de l’autobus qui relie Midlands à la ville de Curepipe. Elles sont en vêtements de travail: jupe, blouse et, signe distinctif, le horni qu’elles portent en écharpe. Elles me font signe de m’arrêter et me demandent si je peux les déposer à 16e Mille. Le nom de cet hameau me frappe tout d’un coup, et pourtant il fait partie de quelques lointains souvenirs d’adolescence. Il existe encore quelques rares endroits dans l’île qui continuent de porter le banal nom d’une borne kilométrique.

On échange quelques paroles, et c’est naturellement en créole qu’on se parle. Elles sont plus jeunes, d’une génération, que la vieille dadi de La Laura-Malenga ; et puis Midlands, comme beaucoup d’autres villages de la moitié sud de l’île, semble appartenir à un autre arrière-pays, plus diffus, plus hétérogène, voire même plus hétéroclite, comme si la reconstitution y a été moins totale ou moins réussie. Les ouvrières travaillent dans une serre d’anthuriums appartenant à un entrepreneur hindou, et me parlent des effets de la sécheresse qui dure depuis plusieurs mois. Mais l’entreprise se porte bien car les fleurs, destinées à l’exportation, sont en grande demande. C’est la période des fêtes, pourquoi ne viendrais-je pas voir leurs anthuriums ? Elles m’en feraient un joli bouquet... Mais nous sommes déjà à 16e Mille, même s’il n’y a ni borne ni plaque pour l’indiquer. Au moment de descendre, mes passagères font le geste de vouloir me payer le trajet, mais je sais que c’est pour la forme, et elles me remercient. En repartant, j’ai pensé à la distance parcourue entre La Laura-Malenga et Midlands - 16e Mille, et les bonnes paroles, proches du sacré, de la vieille dadi debout au pied du grand mandir me sont revenues.

Je roule maintenant dans l’obscurité sur la route qui porte le nom du Swami Sivananda, fondateur en Inde de la Divine Life Society. Construite sur le tracé de l’ancienne voie ferrée du pays, les gens l’appellent la route du sucre car les poids-lourds venant du sud passaient jusqu'à tout récemment par cette route, comme autrefois les trains, tirant leur chargement de sucre vers le port.

A la sortie de Vacoas, le village d’antan devenu aujourd'hui ville, le nouveau complexe du Indira Gandhi Cultural Centre de l’Inde, flambant neuf, fait très mille et une nuits dans la féérie du soir. Derrière la brillance de ses formes et couleurs se cache cependant une histoire de realpolitik. Pendant longtemps, l’Inde et Maurice avaient cru possible le projet d’une politique culturelle commune dans ce pays de l’India abroad, du Little India, de l’île - presque Inde. L’Institut Mahatma Gandhi devait incarner ce beau rêve. Hélas ! La politique a ses raisons que le coeur ne connaît pas, et les priorités d’une petite île fragile ne sont pas les mêmes que celles d’un presque-continent. L’Inde a finalement choisi de créer son propre centre culturel, sans pour autant remettre en question son engagement envers l’Institut mauricien et le partenariat culturel avec Maurice.

Du nouveau monde indien de la culture, on passe presque sans transition au nouveau monde global de la consommation. A peine quelques petits bouts d’arpents de canne séparent l’Indira Gandhi Cultural Centre du centre commercial But-Continent. L’ambiance ici est à la fête, et les lumières de Noël renforcent la sensation de l’ailleurs vécu dans l’ici. L’immense parking de But-Continent affiche complet. On fait la queue devant Pizza Hut. Au drive-in de Kentucky Fried Chicken, c’est l’embouteillage.

La sortie de l’espace But-Continent est balisée par une pépinière de plantes décoratives et de fleurs, le “ Vrindavan Garden ” dont ni le nom ni les serres ne sont tombés du ciel. Le Vrindavan de la mythologie hindoue représente une sorte de jardin d’Eden abritant les amours de Krishna, celui que je longe fait du commerce. Il fait aussi figure de boutique d'accueil, car il est situé presqu’à l’entrée du siège et du temple du mouvement Hare Rama Hare Krishna à Maurice. Cette immense ruche bourdonne d’activités pendant toute l’année, et fait couler le miel sur plusieurs nuits pendant la fête du Krishnajayanti, la naissance de Krishna. Le tout Maurice hindou vient s’y abreuver en prenant d’assaut le vaste parking de l’espace But-Continent.

Mais ce soir, nous sommes à la veille de la naissance du Christ, et les échos des cantiques de Noël se perdent dans le silence du temple de Krishna-Consciousness. La flûte du dieu bleu est rangée, tout comme le chapelet qu’on égrène en prononçant le mantra Hare Krishna, sans doute pour éviter l’amalgame auquel pourrait prêter la magie des sonorités pourtant si proches... A La Laura-Malenga, j’ai vu plusieurs maisons arborant de manière ostentatoire des auto-collants Hare Rama Hare Krishna. Les villageois m’ont expliqué que c’est pour décourager le prosélytisme des démarcheurs de la “ Mission Salut Guérison ”.

J’avais cru terminé mon parcours fait d’apparente errance, qu’en fin de compte mes escales ont démentie, car elles m’ont conduit de l’indianité réincarnée, dévoilée par les premiers regards anthropologiques, à celle, renouvelée, que j’ai cru entrapercevoir dans le sillage de la mondialité. Mais il me laissait un goût d’inachevé et je sentais qu’il y manquait quelque part, même en filigrane, une interaction, une présence, pas toujours nettes peut-être, mais très réelles, comme les traces du faufilage qui tient ensemble les morceaux de tissu, qu’on croit disparues après la couture définitive. Un regard même bref sur le monde urbain s’imposait pour tenter de voir jusqu’à quel point l’indianité des villes, taillée sur mesure des réalités autrement plus complexes que celles de nos villages, porte les marques de sa confection mauricienne.

Le lendemain de la Noël, je vais rendre visite à une famille créole dans la banlieue populaire de la ville de Rose Hill. La banlieue s’étend sur une zone de forte densité humaine et regroupe plusieurs quartiers: Trèfles, Sainte-Anne, Stanley, Plaisance, Camp Levieux... Il est possible d’y établir une certaine mesure de corrélation entre localité et ethnicité, mais les frontières sont tellement fluides et floues que les quartiers sont comme des vases communicants, en l’absence de panneaux indiquant leur début ou leur fin. La famille de Thérèse m’embrasse et ses voisins m’accueillent en me serrant la main. On me présente une vieille femme qui me tend la main, elle aussi. Le geste me surprend légèrement, car elle porte le sari et je me préparais à lui faire un signe de tête en guise de salutation. Son style de sari et son teint cuivré me font penser qu’elle est d’origine tamoule. Elle a sans doute lu mon regard car elle me précise aussitôt qu’elle est catholique “ baptisée ” et que son nom est Elizabeth. Elle a soixante-quinze ans, elle travaille toujours, et son métier depuis quarante ans consiste à fleurir les tombes au cimetière de l’église de Saint-Jean. C’est la fin de l’année, elle vient chercher son dû en faisant la tournée “ des clients dont elle fleurit les tombes ”. Et elle se met à me raconter des histoires de gens au “ mauvais l’esprit ” qui venaient rôder sous la grande croix plantée au milieu du cimetière. Heureusement, la grande croix a été enlevée, et il n’y a plus de “ mauvais l’esprit ”, plus de traces de limon et d’autres offrandes maléfiques.

Elizabeth met fin à ses anecdotes, car il se fait tard et elle habite loin, chez son fils à Vacoas. J’offre de l'accompagner, et j’en profite pour mieux faire sa connaissance. Elle m’apprend ainsi qu’elle est chrétienne de naissance, comme ses parents venus du pays tamoul. A mon tour je lui fais savoir que j’ai un filleul en France. Elle ne comprend pas: comment peut-on être hindou et parrain chrétien ? Je lui explique alors que c’est le fils d’un compatriote créole, que celui-ci est comme mon frère. Un jour il me téléphone de la France pour me demander d’être le parrain de son fils David. La figure du parrain m’est inconnue, la plus proche qui lui correspondrait dans le réseau de parenté hindou, que je connais, est celle de l’oncle paternel. C’est ainsi d’ailleurs que je me considérais vis-à-vis de David à partir de la relation fraternelle établie entre son père et moi. Il m’a alors simplement dit d’amplifier la figure de l’oncle en lui ajoutant la charge de responsable spirituel. Le prêtre en France a trouvé la formule originale et, s’étant assuré de mes qualités morales, a donné son assentiment.

Mon statut de parrain fait visiblement plaisir à Elizabeth. Comme pour multiplier nos liens communs momentanés, elle m’annonce avec fierté qu’elle sait parler “ indien ” et passe aussitôt du créole au bhojpouri. Je suis fasciné par sa maîtrise de la langue ainsi que la qualité de son accent. Dans la représentation mentale que nous avons de nos ethnicités à Maurice, le bhojpouri est associé à l’hindou rural originaire de l’Inde du nord, pas à celui venu du pays tamoul, encore moins à celui qui a été “ baptisé ”. Car le changement de religion équivaut à un changement d’ethnie. Il est vrai qu’au XIXe siècle, le bhojpouri a été pendant quelque temps la lingua franca commune des immigrants indiens. Mais il a progressivement perdu cette fonction au profit du créole mieux placé pour faciliter l’insertion dans le nouveau pays. La survivance du bhojpouri chez mon interlocutrice me donne une deuxième raison de reprendre contact avec elle. En lui parlant de mon filleul, je lui avais déjà dit que les tombes de ses grands-parents se trouvent dans le cimetière de Saint-Jean, et que j’aurais aimé qu’elle les fleurisse.

On arrive bientôt au quartier de Vacoas où elle habite. Le cinéma Moderne qui a donné son nom à ce quartier a disparu depuis longtemps. A sa place, ou plutôt à quelques mètres, un night-club très fréquenté semble justifier le maintien de ce toponyme. L’enseigne lumineuse du Sam’s Disco exhibe le vieux cliché de l’Oncle Sam pointant du doigt et son slogan “ Sam Wants You ”. Mais Sam, c’est aussi la première syllabe de Sampath, nom du premier propriétaire, celui qui avait créé la boîte dans les années soixante-dix, un hindou, sans doute le premier à s’aventurer dans le domaine des loisirs nocturnes. L’origine de la boîte mais aussi sa localisation expliquent le panachage pratiqué de temps en temps de dance-music et de musique-fusion à inspiration indienne, ainsi que la programmation de soirées spéciales à l’occasion d’une grande fête hindoue, par exemple le Divali.

Dans la zone urbaine de Maurice, c’est à Vacoas qu’on trouve la plus forte concentration d’hindous. Comme pour me rappeler que l’islam y est également très présent, du minaret de la mosquée de Moderne retentit l’appel du muezzin, si clair, si intense et lancinant, que le silence du soir le prolonge, bien après la dernière phrase de l’azaan.

L’histoire de la ville de Vacoas, ma dernière escale, est liée à celle de l’émergence des premiers villages indiens reconstitués à Maurice. L’étude du monde rural mauricien entamée sous la direction de Jean Benoist en fait état. Elle n’a pas pu être menée à terme, hélas, et les interrogations qu’elle avait suscitées sont restées en suspens. Interrogations qui touchent au destin d’une société, d’un groupe, de l’individu qui en fait partie. Dans les îles à peuplement comme la nôtre, le parcours des uns et des autres n’est jamais tout à fait en ligne droite. Comme dans un jeu de billard, on navigue, un peu au hasard, entre indianité-créolité, entre modernité-mondialité. On part tantôt en quête, tantôt en errance, mû par un désir de se retrouver, de retrouver, de s’oublier, d’oublier. Désir de combler des vides, de trouver réponses à des questions qui reviennent, incessantes, face à des incertitudes. Fin de siècle, fin de cycle, fin d’un monde ? Au questionnement de Jean Benoist sur l’avenir de la société mauricienne balançant entre créolité et indianité modernisée, sur sa capacité de transformer tout changement imposé en une occasion de se créer elle-même, on pourrait répondre: on verra bien, pourvu que demeurent vivantes et fraîches les sources qui coulent et se mêlent en nous.

Le Grand-Pays en nous
Nous sommes ici chez nous

Notes

1 Jean BENOIST et al, 1981, p. 6.

2 Jean BENOIST, 1989, p. 199.

3 Jean BENOIST, 1998, p. 11.

4 Guy ROUILLARD, 1964-1979, p. 207.

5 A. de KERVER& Y. MARTIAL, 1991, p. 63.

6 Alfred NORTH-COOMBES, 1993, p. 139-140.

7 SINGARAVELOU (sous la direction de), 1997, notice 13, p. 3.

Références bibliographiques

BEEJADHUR, Annath, Les Indiens à L’Ile Maurice, Maurice, 1935.

BENOIST, Jean et al, Regards sur le monde rural mauricien, Enda Océan Indien, Maurice, 1981.

BENOIST, Jean:

  • “De l’Inde à Maurice et de Maurice à l’Inde, ou la réincarnation d’une société”, in G. l’Etang (éd), “L’Inde en nous: des Caraibes aux Mascareignes”, Carbet, n° 9, Martinique, 1989.
  • Hindouismes créoles, Editions du CTHS, Paris, 1998.

HAZAREESINGH, K., Histoire des Indiens à l’Ile Maurice, Librairie d’Amérique et d’Orient, Paris, 1982.

HOOKOOMSING, Vinesh Yan, L’Implantation et l’évolution de la diaspora indienne à l’Ile Maurice, mémoire, Institut d’Etudes Politiques, Aix-en-Provence, 1997.

KERVERN (DE), A. & MARTIAL, Y., Cartes postales du passé: l’Ile Maurice, Les Editions du Pacifique, Maurice, 1991.

NORTH-COOMBES, Alfred, A history of sugar production in Mauritius, 2e édition, Maurice, 1993.

ROUILLARD, Guy, Histoire des domaines sucriers de l’Ile Maurice, Maurice, 1964-1979.

ROY, Jay Narain, Mauritius in Transition, Allahabad, Inde, 1960.

SINGARAVELOU, (sous la direction de), Atlas de Maurice, Mahatma Gandhi Institute (Maurice)/Université de Bordeaux III, 1997.

Je remercie Kumari R. Issur pour sa lecture, fine et attentive, de la première version de ce texte.
Vinesh Y. Hookoomsing
 

Hibiscus genevii
Hibiscus genevii, très rare arbuste hétérophylle, endémique de l'Île Maurice. Photo FP