LANGUE CRÉOLE

LÉ COLLECTIF PANGAR DÉNONCE LA POSITION DU RECTORAT

Le combat pour la LCR continue
 

Classe

Une délégation du collectif Pangar a été reçue vendredi dernier par le recteur. Une rencontre qui n'a semble-t-il pas fait beaucoup avancer la cause de la langue et de la culture régionale comme le regrettent les membres du collectif.

Le collectif Pangar, qui regroupe désormais une dizaine d'associations et organisations (MRICR, Apelca, Ankraké, Kriké Krakè, Mouvman lantant koudmin, FCPE, Nouvelle école réunionnaise, Radio Pikan, l'UDIR et le Snes-Réunion), s'avoue déçu par la récente rencontre qu'une délégation a eue avec le recteur de l'académie.

«Nous avons pu constater la fracture linguistique et culturelle entre les orientations académiques et celles défendues par le collectif», souligne Michaël Crochet.

Ainsi, alors que Pangar estime aujourd'hui que le bilinguisme est une nécessité, «le recteur considère que cela ne fait pas partie des objectifs, la priorité étant donnée à l'apprentissage du français, le créole n'étant qu'un marche-pied pour y parvenir». Ce qui induit une hiérarchie des langues, et «an continue à mettre dans la tête des marmailles que le créole est inférieur au français».
Or,«nous voulons une égale dignité des langues et utiliser le créole comme langue d'enseignement», ajoute André Payet enseignant en primaire. «Dans le premier degré tout repose sur les initiatives personnelles des enseignants, et de la bonne volonté des IEN, mais il n'y a aucune volonté académique» précise-t-il. Et les enseignants en LCR souhaitent que l'on arrête d'opposer les deux langues. Pourtant, «le projet du plan académique de langue et culture réunionnaise 2000-2003, voté à l'unanimité, prévoyait la mise en place de classes bilingues. Aujourd'hui, dans le projet 2004-2007 le mot bilinguisme n'apparaît même pas», poursuit le président du MRICR.

«Une vision minimaliste et étriquée»

Actuellement, «on nous propose des mesurettes qui auraient dû être prises il v a 20 ou 30 ans, c'est une vision minimaliste et étriquée», ajoute-t-il. Par exemple «l'information des enseignants qui arrivent sur la situation linguistique, c'est une évidence», souligne André Ray et Le collectif aurait souhaité la mise en place d'un plan d'information global destiné à l'ensemble de le population, ce qui n'est apparemment pas prévu.

Par ailleurs, «lorsque le recteur dit qu'il n'y a pas de demande sociale, c'est une théorie élaborée par les partis politiques pour justifier leur manque d'intérêt. C'est un faux problème», ajoute Mickaël Crochet estimant qu'il n'y a pas lieu d'écouter la rumeur publique, mais plutôt de se soucier de la réussite des enfants.

« Il y e un désengagement total de l'éducation nationale», ajoute Nicole Bigot. enseignante en LCR. Elle souligne qu'il n'y a pas de programme et qu'il faut se battre pour obtenir des manuels.

«Le recteur a pris la lourde responsabilité de casser le dynamique qu'on avait créée au sein du conseil académique LCR, et de briser le consensus entre les partenaires éducatifs», affirme Mickaël Crochet.

Le collectif lance aujourd'hui un appel à tous les universitaires, chercheurs, linguistes, psychologues... pour qu'ils se positionnent clairement dans ce débat.

cIci on tourne en boucle», dit Mickaël Crochet en soulignant que le plan académique LCR 2001 »reste notre socle de revendications». Le collectif Pangar est, en tout cas, déterminé à poursuivre son combat Et il envisage de porter le débat sur le plan national et européen, ou les langues et cultures régionales sont semble-t-il mieux reconnues qu'à la Réunion.

Le Quotidien de la Réunion, jeudi 09/12/04

 
 
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