Je tiens à saluer la mémoire d'un combattant, d'un anticolonialiste
profond, à toute heure. Artiste, Raymond était un touche à tout:
caricaturiste,
il a fait les beaux jours d'Antilla, du Naif, du Progressiste et de
Fouyaya et bien d'autres journaux. Les caricatures censurées sont
affichées sous verre,
dans les salons des caricaturés ou de ses amis. On le rencontrait aux
journées de la tradition avec son accordéon, pourtant il était
bassiste à la base et composait avec son piano chez lui. Céramiste,
il a initié, il a formé, il a fait naître des vocations.
Bien des visites officielles prenaient du retard à cause des
ministres ou des personnalités politiques qui n'arrivaient pas à
s'arracher de son
atelier du parc floral. Un préfet socialiste lui rendait visite, à
l'improviste, histoire de partager des idées et une souffrance
commune.
Même ceux qui ne partageaient pas ces idées avaient le profils bas
devant lui!
A la Salpétrière, les profs de médecine et les infirmières
s'asseyaient sur son lit et jouaient aux échecs avec lui, ou se
faisaient caricaturer
leur bouille, en échangeant avec lui.
Raymond était de tous les combats, il prétait son crayon aux causes
justes et progressistes! Il était toujours partant, dès qu'il
s'agissait de
développer un projet qui ancrerait la Martinique dans son histoire et
dans un devenir authenthique.
Tout ceux à qui il a offert, vous êtes nombreux, des affiches, des
tableaux, des sculptures, des céramiques, gardez-les
précieusement
car ils ont une valeur: celle d'être d'un homme vertical, "fil à
plomb", d'un génie, d'un guerrier-silex Martiniquais.
LAURENT
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