Rodrig

Voix de Rodrigues
Un peu de soleil en Classe

Lexpress
 

Marlin Augustin
Marlin Augustin à Angoulême, France.

Le Centre Charles Baudelaire nous invite, le mardi 22 mars 2005, dans les jardins du Centre culturel à Rose-Hill au concert Voix de Rodrigues, un trio d'artistes rodriguais composé de Marlin Augustin, (accordéon et chant), Francis (tambour et chant), et Doyal (chant).

L'occasion pour le public mauricien de redécouvrir les artistes de l'île Rodrigues que l'on a rarement le plaisir de voir sur nos scènes. Ils se produisent davantage à la Réunion, où, par ailleurs, plusieurs musiciens ont travaillé trois années durant avec l'expert français Philippe Imbert, par l'entremise du Centre Charles Baudelaire.

Ce travail a notamment abouti à la fabrication du premier accordéon 100% rodriguais dont Marlin Augustin et ses complices nous ferons une démonstration, pour la première fois, à Maurice. L'accordéon de l'océan Indien est fait du bois d'un acajou déraciné lors d'un cyclone il y a une dizaine d'années. L'accordéon a d'ailleurs été baptisé comme le cyclone, Bella. Marlin Augustin s'est déjà produit chez nous lors du Festival Culturel Tournant de l'océan Indien en 2003. Accordéoniste né, il est un virtuose de cet instrument. Aucun style ne lui résiste, séga, quadrille, polka, et qu'il parvient à mélanger avec
aisance, pour faire danser un plus grand public.

Marlin Augustin met son énergie au service de son instrument, l'accordéon, qui trouve une place à part dans les musiques traditionnelles de la région. Son souffle chaud parvient à mettre en musique les sentiments, la vie quotidienne, tantôt langoureux, fatigué, entraînant. Les trois musiciens étaient d'ailleurs cette semaine, au Festival Mad'Accordéon 2005, à Madagascar, avant de débarquer à Maurice, pour nous offrir leurs musiques, le ségaccordéon, typique de Rodrigues et bien d'autres airs traditionnels.

boule

Pour ceux qui l'apprécient, l'accordéon est une porte qui s'ouvre sur des envies de voyages, des images de paysages ensoleillés, des souvenirs de fêtes. Cette porte s'est ouverte mardi dernier, au Centre Charles Baudelaire, où se produisait le trio rodriguais Groupe Marlin. Un petit concert d'une heure heureusement épargné par la pluie. En guest star, le fameux accordéon de l'océan Indien, un prototype fabriqué à Rodrigues que le groupe Marlin a été fier de présenter pour la première fois à Maurice.

Le groupe Marlin, composé de Marlin Augustin, Edouard Doyal et Francis Prosper, revient tout juste du festival Madacordéon à Madagascar, «une expérience amusante et formidable, dit Edouard Doyal. Là-bas ils aiment vraiment leur musique, ils préservent leur culture.»

Marlin y avait été invité pour son instrument, sa maîtrise et pour la fusion de style qu'il peut proposer et dont il a encore fait preuve mardi, au Centre Charles Baudelaire, en jouant des airs de Rodrigues et d'ailleurs.

Passionné

Le groupe tourne beaucoup. S'ils ne sont pas très connus à Maurice, Marlin et sa bande sont très réputés dans l'océan Indien, plus particulièrement à La Réunion, où ils ont l'habitude de jouer. Il n'y a pas si longtemps, Marlin accompagnait Thierry Gauliris, du groupe Baster.

Ensuite, Marlin a choisi de faire dans la musique traditionnelle. Ce n'est pas ce qui se vend le plus, mais c'est ce qu'il aime et c'est ce qui le fait voyager et faire découvrir sa culture rodriguaise au monde entier.

Il tourne beaucoup, avec l'assurance d'un professionnel qui gère sa carrière et la générosité d'un artiste qui ne désire que partager sa passion, sa culture, avec le plus grand nombre.

A la conquête du monde

De ses voyages, il ramène de nouveaux morceaux à interpréter. L'accordéon semble, sous ses doigts, se marier avec une grande quantité de styles musicaux. Séga Tambour, Cotis, polka, mazurka sont les plus connus.

Mardi, le groupe a fait une démonstration de tous ces genres qu'ils jouent avec le même plaisir. Sans jamais attendre les applaudissements entre les morceaux, ils ont joué sans s'arrêter, portés par la musique.

On peut tout faire avec cet instrument. Même après le concert, la musique continue. Marlin garde le boîtier autour du buste et continue de jouer à la demande, présente cet instrument unique, parle de sa fabrication…

On le laisse à ses admirateurs pour retrouver les deux autres musiciens du groupe.

Edouard Doyal, au triangle et au chant, a déjà fait deux albums avec Cassiya, un avec Zotsa, a déjà joué aux Seychelles et en Australie, Réunion…

«J'ai beaucoup joué de la musique moderne sans jamais arriver à percer. Je suis alors retourné à la source, vers une musique plus traditionnelle, qui offre, finalement, plus d'ouverture». Ce fonctionnaire du département Arts et Culture de Rodrigues continue la musique par passion, avec le groupe Marlin et dans les hôtels.

Idem pour Francis Prosper, qui joue dans des hôtels de Rodrigues, avec un groupe. Marlin l'a remarqué un jour et lui a demandé de faire partie de son aventure, qui dure aujourd'hui depuis trois ans. Comme Marlin, Francis a plongé dans la musique lorsqu'il était petit, poussé par une famille de musiciens.

«C'est grâce à Marlin que nos chansons ont pu voyager, on est allé en France, à Angoulême, devant un bon public, très dansant», dit-il. Le public mauricien n'a pas beaucoup dansé, mais semble s'être beaucoup amusé et reste curieux de cet instrument made in Rodrigues, fabriqué à partir d'une branche acajou tombée lors d'un cyclone.

Si Hennie n'a pas trop posé de problèmes, après Maurice, ils sont rentrés se reposer et se ressourcer à Rodrigues avant de s'envoler, peut-être, vers le Canada pour un grand festival d'accordéon. «J'ai dû choisir entre Las Vegas et Québec», dit Marlin en riant.

Sonia SERRA

 
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