En mars 2003, Emmanuel Richon faisait découvrir, au Mauritius Institute, une exposition originale et passionnante. Baptisée Mini-Maurice, cette expo regroupait une vingtaine de maquettes de monuments appartenant, à des titres divers, au patrimoine mauricien. Le prélude à ce qui aurait pu - et dû - devenir un musée à la fois ludique, récréatif et éducatif, susceptible de renseigner autant Mauriciens que touristes sur une histoire où le souci architectural ouvre sur une volonté de dialogue interculturel. Las d'attendre que les autorités daignent saisir l'occasion de ce musée offert sur un plateau, Emmanuel Richon vient, en attendant des jours meilleurs, de le mettre en ligne. Une ébauche de musée virtuel qui ne manque pas d'attrait.
Passionné par le patrimoine architectural mauricien et par le modélisme, Emmanuel Richon décide un jour d'allier ses compétences dans ces deux domaines pour faire des maquettes de monuments mauriciens. En deux ans de travail, il réalise pas moins de 22 maquettes d'une impressionnante qualité, qu'il expose en mars 2003 au Mauritius Institute, sous le nom de Mini-Maurice. On y découvre ainsi des modèles réduits de la Pagode Thien Thane, du Musée de Mahébourg, du Meenatchee Amenn Kovil (Temple Kaylasson), Cathédrale Saint-Louis, Château de Monplaisir (Jardin des Pamplemousses), Mauritius Institute Musée, Mosquée Jummah, Cathédrale anglicane St James (Rue de la Poudrière), Eglise Saint Paul, Maheshwarnath Mandir (Triolet), Théâtre de Port-Louis, Post Office, Hôtel de Ville de Curepipe, Château du Réduit, Eglise de la Visitation, Mosquée Rue SSR, Théâtre du Plaza, Eglise de la Sainte Famille (Henrietta), Temple Marday Butler, Gare centrale de Port-Louis et Collège Royal de Curepipe.
Une richesse méconnue des Mauriciens eux-mêmes
Outre la qualité technique de la réalisation, le visiteur ne peut manquer d'être frappé par la perspective souvent inconnue ou inattendue que fournissent parfois ces maquettes, car offrant une vision globale, telle qu'on a rarement l'occasion de les voir de façon frontale. Au-delà, c'est à une fascinante incursion dans l'histoire et le patrimoine culturel de Maurice qu'offre cette expo.
Le but fondamental de ce projet, fait ressortir Emmanuel Richon, est de familiariser au patrimoine monumental mauricien. Cela s'adresse, certes, aux touristes. "Il est navrant que, trop souvent, des touristes quittent le pays sans vraiment avoir soupçonné les richesses culturelles et historiques de l'île. Mini-Maurice offre un regard possible sur la culture et le patrimoine mauriciens". Mais ce musée s'adresse aussi, en grande partie, aux Mauriciens eux-mêmes. Emmanuel Richon estime en effet que "la richesse pourtant flagrante de l'architecture mauricienne, variée et aux influences universelles, est pratiquement inconnue des habitants eux-mêmes". Et rajoute que "le Mauricien ne connaît certains monuments que de très loin et aucune vision proprement esthétique ou architecturale, historique, détachée du fait religieux, ne lui a jamais été offerte". Il vise donc, à travers Mini-Maurice, à présenter, d'un seul regard, l'ensemble du patrimoine architectural mauricien.
Mini-Maurice se présente donc comme un musée tout public. "Un musée est un endroit unique où toutes les personnes peuvent se retrouver, Mauriciens ou touristes; quels que soient l'âge, le sexe, la langue d'origine ou la religion, tout le monde peut s'y rendre sans distinction et le rôle unique d'un musée est ainsi, par vocation, de s'adresser à chacun d'eux en particulier, jouant par là un rôle de ciment social irremplaçable". Par ailleurs, le fait d'avoir arrêté volontairement la représentation en l'année 1950 offre aussi, selon le concepteur, la possibilité de l'interactivité entre les âges: "L'adulte reconnaîtra une île Maurice qu'il a connue et qu'il pourra mieux expliquer à un enfant. Ce site sera ainsi en mesure de favoriser des dialogues entre les âges différents".
Une approche résolument interculturelle
Mini-Maurice se présente aussi résolument comme un musée interculturel. "La pluralité des monuments présentés est par elle-même facteur de rapprochements intercommunautaires. Mini-Maurice permet d'offrir, en un seul lieu, la vision de cette pluralité, de présenter, d'un seul regard, l'ensemble du patrimoine architectural mauricien. Par le déplacement et la miniaturisation au sein d'un site par définition non-religieux, il est évident que la plupart des tabous tombent d'eux-mêmes", estime Emmanuel Richon.
Parallèlement, avance son concepteur, cette exposition est susceptible de "favoriser chez l'enfant des fiertés intercommunautaires croisées, à faire en sorte d'admirer un monument mauricien quel qu'il soit, y compris bien sûr ceux d'une autre communauté que la sienne propre, véritable apprentissage de l'altérité". Richesse et diversité des constructions, des origines, des matériaux et des esthétiques seront systématiquement soulignées. "Une réelle interculturalité devient alors possible, en comparant de quelle manière certains défis techniques ont été relevés. Certains parallèles pourront être faits, certaines différences également pourront faire ressortir l'universalité unique au monde du patrimoine de ce pays".
Tout cela ne doit pas occulter qu'il s'agit d'un musée d'Histoire. Son concepteur propose ainsi, par des étiquettes explicatives bilingues (français-créole) relatives aux monuments présentés à proximité et comportant des photos du site réel, de faire savoir au visiteur/spectateur de quand date la construction de tel édifice, les raisons qui suscitèrent sa réalisation, les matériaux employés, les savoir-faire ou les métiers nécessités. Une façon de permettre de joindre l'utile à l'agréable et de repartir en ayant eu un grand aperçu visuel et intellectuel de l'ensemble de l'Histoire du pays.
Ce Musée n'ayant pu jusqu'ici trouver de lieu où s'installer de façon permanente, Emmanuel Richon a donc choisi pour le moment de le mettre en ligne, dans une version qu'il reconnaît encore embryonnaire. Même s'il n'est pas interactif, ce site (consultable sur la page ) constitue une façon de rendre malgré tout accessible cet intéressant travail. Qui devrait bientôt s'enrichir d'autres maquettes comme celles de l'usine sucrière de Highlands, l'église de l'Immaculée Conception, l'église de Cassis, le Bazar de Port-Louis, l'église Ste Thérèse, l'église Ste Hélène, la librairie Carnegie, l'église St Jean, le cinéma Luna-Park, la tabagie Père Laval, l'ancienne mosquée de Plaine Verte.
En attendant que Mini-Maurice trouve la place concrète qu'il mérite…
Musées du train et du dodo
Emmanuel Richon a aussi pour ambition de créer un Musée du Train. "L'ensemble du matériel ferroviaire a déjà été acheté en Europe", affirme-t-il. "Aiguillages, wagons, rails et locomotives identiques aux modèles d'autrefois, véritables répliques exactes, permettront de faire vivre les maquettes en créant un mouvement attractif ludique: train s'arrêtant en gare centrale, wagons de marchandises en train d'être chargés en canne, etc."
Emmanuel Richon a par ailleurs déjà créé un Musée virtuel du Dodo, très documenté, qui est accessible à travers le site Kapes Kréyol.
Patrimoine architectural
E. Richon met en ligne "Mini-Maurice"
Week-End, 16 janvier 2006
Faute d'avoir pu trouver un lieu permanent qui servirait de musée à ses vingt-deux maquettes représentant le patrimoine architectural de Maurice - ce qui constituerait une grande richesse pour les Mauriciens comme pour les touristes en termes de découverte de l'histoire du pays - Emmanuel Richon a décidé, entretemps, de mettre ses œuvres en ligne. Ainsi, après une première exposition en 2003, au Mauritius Institute, qu'il avait appelée Mini-Maurice, le public peut avoir à nouveau un aperçu, de manière virtuelle cette fois, des maquettes aux architectures aussi plurielles que la nation mauricienne. Du temple Kylasson à la Cathédrale de Port-Louis en passant par la mosquée Jummah et la pagode Thien Thane, telles sont entre autres les répliques à échelle réduite que l'on peut trouver à cette adresse: http://www.palli.ch/~kapeskreyol/ki_nov/moris/minimaurice.php. Notons que le site en question ne comporte pas encore toutes les représentations des maquettes.
Lapagode Thien Thane à Port-Louis; le musée de Mahébourg; le Meenatchee Amenn Kovil, le Temple Kylasson, la Cathédrale Saint-Louis (Port-Louis); le Château de Monplaisir à Pamplemousses; le Mauritius Institute (musée), la Jummah Mosque, la Cathédrale anglicane St James (Port-Louis), l'Église Saint Paul à Phoenix, le Maheshwarnath Mandir à Triolet, le Théâtre de Port-Louis, le Post Office (Chemin neuf, Caudan); l'Hôtel de Ville (Curepipe), le Château du Réduit, l'Eglise de la Visitation à Vacoas, la mosquée à la rue sir Seewoosagur Ramgoolam, Port-Louis, le Théâtre du Plaza à Rose-Hill, l'Eglise de la Sainte Famille à Camp-Mapou, le Temple Marday Butler à Vacoas, la Gare centrale à Port-Louis et le Collège royal de Curepipe. Telles sont les maquettes que proposent de faire apprécier Mini-Maurice.
Au bout de deux ans de travail, ses maquettes ayant pris forme, Emmanuel Richon, très intéressé par le patrimoine architectural, décide de tenir une exposition en mars 2003. Avec beaucoup d'espoir de susciter une passion, ou tout au moins un vif intérêt chez les autorités concernées, sur ses réalisations, riches à divers égards, pour le Mauricien, à qui, dit-il, "aucune visionproprement esthétique ou architecturale, historique, détachée du fait religieux, ne lui a jamais été offerte". Mais les instances qu'ils pensaient interpeller demeurent dans leur mutisme. Par voie de conséquence, tout en ne perdant pas espoir de trouver un lieu permanent pour faire apprécier du grand public ses maquettes, Emmanuel Richon décide d'avoir recours à l'internet.
Selon M. Richon, pour nombre d'habitants du pays, "la richesse pourtant flagrante de l'architecture mauricienne, variée et aux influences universelles, est pratiquement inconnue". Du point de vue éducatif, le projet, indique M. Richon, éveille chez l'enfant des "fiertés intercommunautaires croisées" tout en faisant admirer et apprécier des monuments "d'une communauté autre que la sienne", ce qui constitue ainsi "un véritable apprentissage de l'altérité". Le concepteur souligne en outre "la richesse et diversité des constructions, des origines, des matériaux et des esthétiques". Le but fondamental? "Familiariser les Mauriciens et les touristes aux patrimoines locaux .
Pour le talentueux réalisateur, l'avantage d'un musée est qu'il est
"un endroit unique où toutes les personnes peuvent effectivement se retrouver, Mauriciens ou touristes, quel que soit l'âge, le sexe, la langue d'origine ou la religion, tous les habitants peuvent s'y rendre sans distinction".
Il ajoute:
"Il est navrant que trop souvent, des touristes quittent le pays sans vraiment avoir soupçonné les richesses culturelles et historiques de l'île. Mini-Maurice offre un regard possible sur la culture et le patrimoine mauriciens".
Musée d'histoire
Au moyen d'étiquettes explicatives bilingues en lien aux bâtiments présentés, le visiteur apprend la date de construction des monuments, les raisons ayant mené à leur construction, les matériaux utilisés, les savoir-faire requis etc. Ces précisions aident ainsi le visiteur "à joindre l'utile à l'agréable"qui a "un grand aperçu visuel et intellectuel de l'ensemble de l'histoire du pays". Par ailleurs, le projet a été conçu de manière à intéresser les scolaires dans leurs programmes d'Histoire, de géographie, d'Arts plastiques, d'Instruction civique etc.
À souligner qu'à l'avenir, d'autres maquettes seront intégrées au projet: l'usine sucrière de Highlands, l'église Immaculée Conception, l'église de Cassis, le Bazar de Port-Louis, l'église Ste Thérèse, l'église Ste Hélène, la bibliothèque Carnegie, l'église St Jean, le cinéma Luna Park, la tabagie "Père Laval" et l'ancienne mosquée de Plaine-Verte. "Songez à la ferveur de leurs constructeurs […] aux gouvernements qui les ont voulus […] aux difficultés, aux souffrances de ces tailleurs de pierre, menuisiers, maçons, pensez aux esclaves et aux coolies qui ont donné d'eux-mêmes. Ils ont ainsi marqué leur époque et nous ont laissé le témoignage incomparable de leur œuvre", nous dit M. Richon.
MUSEE VIRTUEL
Le tour de Maurice sur Internet
lexpress.mu, 21 janvier 2006
Après le musée du dodo et en attendant un musée du train, Emmanuel Richon publie online l’exposition Mini Maurice, un tour d’horizon des richesses architecturales du pays.
Une exposition qu’il avait déjà réalisée, en vrai, en 2003 et que beaucoup souhaitaient voir se transformer en un musée original, éducatif et ludique.
Mini Maurice consiste en une vingtaine de pièces, maquettes reproduites de quelques-uns uns de nos plus beaux monuments et constructions.
En attendant le miracle d’un vrai musée pouvant accueillir ses maquettes, Emmanuel Richon s’est tourné vers Internet où les photos et les explications sur les bâtiments et l’architecture mauricienne sont disponibles. Il a pourtant le matériel, physique et intellectuel, pour la création de ce musée, entre autres.
Virtualisé faute de mieux, l’exposition Mini-Maurice n’en demeure pas moins intéressante et accessible.
On y découvre le travail «monumental» d’un artiste mais surtout d’un passionné d’art, à travers un patrimoine que l’on doit apprendre à reconnaître à sa juste valeur.
Un patrimoine national, architectural, et historique, car les maquettes ne se contentent pas que de proposer un autre regard d’un chef-d’œuvre d’architecture.
Connaître sans comprendre
Quand a été construite la municipalité de Curepipe, ou la Mosquée Jummah de Port-Louis ou le Château Mon Plaisir du Jardin de Pamplemousses, le château de Réduit, ou encore la Pagode Thien Thane ou le Maheshwarnath Mandir de Triolet?
On apprend énormément, sur la construction, sur le pourquoi de la construction, sur l’époque. Une riche documentation disponible en français et en créole, et agrémentée de photos des maquettes et du site réel.
Pour de nombreux monuments, les Mauriciens connaissent sans comprendre. Avec Mini Maurice, c’est un petit fossé que l’exposition vient combler en permettant d’en savoir toujours plus sur ce qui nous entoure, ce que nous voyons tous les jours.
Musée, exposition interculturelle, Mini Maurice permet de jeter un regard avant tout esthétique et historique, quel que soit le type de bâtiment.
Mini Maurice compte aujourd’hui 22 maquettes, auxquelles devraient s’ajouter au cours de l’année, de nouveaux modèles tels que le marché de Port-Louis, l'église Ste Thérèse, la librairie Carnegie, le cinéma Luna Park.
Sonia SERRA
Le patrimoine en modèle réduit
lexpress.mu, 11 septembre 2006
La semaine du patrimoine a permis au public, à tout le moins celui qui s’intéresse au passé, de jeter un regard sur quelques uns des trésors de l’architecture mauricienne.
Nombreux sont les bâtiments, maisons, églises qui font partie du décor mais dont la valeur patrimoniale est inestimable. Emmanuel Richon, restaurateur et membre du comité organisateur de la semaine du patrimoine, a choisi de les reconstituer en modèle réduit. Il a ainsi exposé 28 maquettes de bâtiments, édifices religieux, maisons, dans la salle d’exposition du Mauritius Institute, à Port-Louis.
Au départ, Emmanuel Richon voulait exposer ses maquettes au Vaghjee Hall, la salle de conférence du Governement center. Mais malheureusement il a dû vite déchanter: cette salle n’accueille plus d’expositions. La salle d’exposition du Mauritius Institute a donc été le second choix, “rognée” par un espace pour bureaux.
Néanmoins, Emmanuel Richon a quand même été heureux de pouvoir trouver une salle pour abriter ses maquettes. Car c’est aujourd’hui le manque d’espace qui handicape le plus son projet de création d’un musée permanent. “Je ne peux plus construire de nouvelles maquettes car je ne sais plus où les conserver”, déplore le restaurateur. Il se retrouve un peu isolé et ne bénéficie d’aucune aide pour mener à terme son projet.
Il affirme pouvoir créer encore plus de modèles réduits, des usines, des salles de cinéma. “Ma maquette préférée est toujours celle que je n’ai pas encore faite”, insiste-t-il. Pour créer ses modèles réduits, il utilise du carton et du papier. Cela lui permet de faire des maquettes à une échelle de 1/50e, ce qui aurait été impossible avec le bois.
Exercice à faire régulièrement
Emmanuel Richon veut surtout rendre compte de l’évolution de l’histoire culturelle mauricienne. Il aimerait même “faire d’une pierre trois coups”. Un ensemble qui comprendrait un musée d’histoire avec un volet pour l’architecture, et un autre traitant de l’aventure du train. “à quand un musée du train”, interroge-t-il.
Mais nous n’en sommes pas encore là. La semaine du patrimoine 2006, elle, aura été intéressante. Elle aura permis à quelque 50 000 Mauriciens de se replonger dans le passé de leur île. L’exercice devrait désormais se faire régulièrement. Avec pourquoi pas un nouveau thème chaque année. “Les boutiques sont des univers extrêmement riches et puis il y a aussi le patrimoine qui ne voit pas comme la langue créole”, suggère Emmanuel Richon.
Il y a donc des choses à découvrir ou redécouvrir. Malheureusement les Mauriciens ne connaissent pas suffisamment leur patrimoine. Emmanuel Richon est là pour le leur apprendre. Savent-ils, par exemple, qu’il y a des tableaux fabuleux à la Jummah mosque ou à la cathédrale de Port-Louis ? “Si l’état fait son boulot celui de classer les monuments, il est grand temps que la population s’approprie un peu mieux ses sites historiques et son patrimoine”, conclut Emmanuel Richon.
UN PASSIONNE DU PATRIMOINE
Emmanuel Richon est consultant à mi-temps pour les sites culturels au ministère du Tourisme. Son intérêt pour le patrimoine ne date pas d’hier. Il a collaboré à la restauration du musée de Mahébourg et du Mauritius Institute.
Entre 2001 et 2002, il a participé à la restauration de la collection d’œuvres du Blue Penny Museum. Actuellement posté au Lycée Labourdonnais, il a été coopérant du ministère français des Affaires étrangères auprès du ministère mauricien des Arts et de la Culture.
Thierry CHATEAU
|