Mayé an kréyol : LE CAS d'HAÏTI
Le mariage d'Aristide s'était tenu en créole. Plus qu'aucun autre potentat, Titid fait usage de la langue populaire.
La plupart des mariages en Haïti sont depuis nanni-nannan célébrés en créole. Cette réalité s'impose dans tous les milieux, en ville comme dans les campagnes. Que le célébrant soit pasteur ou prêtre, la langue créole est utilisée à toutes les étapes de la cérémonie.
Le célébrant salue les invités: «Mésyédam, bonswa.» Et, généralement, renchérit en ces termes : «Aswè-a nou réyini la pou n sélébre maryaj matmwazèl… ak mèsyé…» Arrive un moment où il dit: «Si pami nou la gen moun ki konn yon rézon valab ki ka anpéché maryaj la fèt, kè l deklaré sa kounyé a, sinon apré l ap two ta.»
Le sermon se fait en créole. Les versets sont souvent lus en français, à la campagne comme en ville. (La Bible de Louis Second est traduite en créole haïtien).
A la fin, on entend le célébrant dire en français (en ville surtout), ou en créole: «Que les mariés s'embrassent! Maryé yo kapab anbrasé kounyé a.» D'autres préfèrent dire: «Maryé yo kapab bo kounyé a.»
En Haïti, on se marie à l'église seulement, qui a compétence légale pour unir les couples (c'est aussi le cas dans les pays anglophones proches de nous), ou bien on ne fait qu'un mariage civil, sans lecture biblique ni commentaire religieux. A part cela, les mêmes choses se disent, en créole, en fonction des futurs époux, de leur rang social, en fonction aussi de l'officier d'état-civil. Car, chose qui peut surprendre, il y a en Ayiti des officiers d'état-civil qui ne parlent pas ahak de français.
Il n'y a pas encore des textes de loi écrits en créole entre les mains des officiers. Pour la circonstance, quelqu'un les interprète en créole. Une commission des langues à la secrétairerie d'état à l'alphabétisation planche sur la traduction en créole de l'ensemble des textes de loi, mais rien n'est encore public.
Mais, ce jour-là, à St Laurent du Maroni, c'était bien la toute première fois que les textes officiels du code civil étaient officiellement traduits et prononcés dans notre langue créole.
A moins que nos amis de l'île Maurice, La Réunion, les Seychelles ou ailleurs ne nous fassent la preuve du contraire… ce que nous ne manquerions pas de signaler à nos éclairés visiteurs.
- d'après des informations recueillies par voie électronique auprès d'enseignants-écrivains haïtiens: Jean Armoce Dugé à Port-au-Prince, Emmanuel W. Védrine à Boston.
Jean-S. Sahaï, Nov. 2004.
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