Plan du site
 
Kébek

Braquer des faisceaux de projections
Qui entrecroisent
Le monde, les peuples et leurs actions

Marie Flore DOMOND
 

Festival international du film sur l'art

À vous de juger si le déploiement du Festival International du Film sur l’Art était modeste ou imposant. Pas moins de 280 films venant d’une trentaine de pays, une multitude de catégories à la programmation et huit lieux de diffusion en plein Montréal. De quoi permettre aux amateurs de dénicher des petites trouvailles durant l’événement qui se donne un point d’honneur de créer un lien entre différents domaines et le 7 ième Art. Mieux encore, les séances étaient suivies d’une rencontre avec un membre responsable de chaque film.

Dans le contexte de l’embarras du choix, ce n’est pas une tâche facile d’être les yeux et les oreilles des lecteurs qui n’ont pas eu le temps de profiter, ne serait-ce qu’une journée, des onze jours de festivité partant du 9 au 19 mars 2006.

Il me fallait de l’insolite, de l’inusité, quelque chose qui pourrait me surprendre. J’ai vacillé entre les thématiques de la danse (danser l’invisible), c’est inspirant comme titre. L’art culinaire (le cinéma passe à table), la photographie (le regard engagé). Et pourquoi pas la musique baroque françaisede la scène à l’écran. Malheureusement, un contre-temps m’a forcé à changer de registre. La projection du film était prévue pour 14 heures à la cinquième salle de la place des arts. À 1 h55, j’étais à la station Berri UQAM. J’ai décidé de prendre la direction de la Grande Bibliothèque de Montréal pour le visionnement de FER ET VERRE de la catégorie des métiers d’arts. Puis, TRACE ET EMPREINTES DE FEMMES qui se trouve dans le secteur de l’architecture. Ensuite, L’ALPHABET DE BRULY BOUABRÉ dans la classification du dessin. Soit dit en passant, le film concernant l’écrivain René Depestre: CHRONIQUE D’UN ANIMAL MARIN figurait dans la division littérature.

Anta Germaine Gaye

Anta Germaine Gaye:
Palestinienne sénégalaise

En résumé, Fer et verre est un documentaire qui parle de la vie trépidante d’une femme qui se passionne de la mise en valeur et l’alliage des métaux et du verre. Diplômée de l’école supérieure des métiers d’art au Dakar, elle manipule avec une adresse fascinante toutes les matières qui lui tombent sous la main. Elle croit que posséder le don et l’esprit créateur, c’est la manifestation de Dieu en chaque artiste. Dans l’émancipation de son travail, elle dit avoir trouvé l’équilibre entre sa religion et son métier. Anta Germaine Gaye fait montre d’une conception de vie exceptionnelle. L’auditoire a eu droit à 30 minutes de témoignages et de démonstrations créatives remarquables. Un long et chaud applaudissement faisait vibrer la salle à la fin de la projection, un signe de satisfaction du public.

Le traitement faveur très apprécié par l’assistance était celui d’échanger avec la réalisatrice de traces et empreintes de femmes,  Katy Lena Ndiaye. Ce documentaire dévoile le portrait de quatre femmes Kassenas (du Burkina Faso). Une grand-mère, deux concubines et une jeune fille mère se confrontent et tentent de défendre respectivement deux idéologies (traditionnelle et moderne) La transmission de la technique de la peinture murale, un art traditionnel ancestral exclusif aux femmes n’est pas très évidente pour la jeune fille qui a une vision moderne, ayant fait des études dans la capitale. L’échec de ses études et de sa vie sentimentale la force à revenir s’installer au village où elle se révolte à la pratique de la communauté et pense que la femme est soumise au service de l’homme et que pour former un couple, il y a un minimum à respecter. Néanmoins, elle ne renie pas pour autant sa culture. Elle se cherche. J’ai retracé des enjeux cruciaux qui reflètent d’autres sociétés. C’est dire en matière de conception, de préjugés, de discrimination le monde est bien petit!

’artiste Ivoirien, Bruly Bouabré se livre dans la noble cause de l’alphabétisation des membres de la communauté bétée, troisième ethnie du pays en s’inspirant d’une centaine de pictogrammes dans le documentaire L’alphabet de Bruly Bouabré. Pour conclure sa démarche, il offre un bouquet de pensée philosophique que voici: «Que sais-je dans ce monde si difficile? Et que dois-je enseigner à l’humanité?»

Marie Flore DOMOND