tous mes amis sont partis et je les regarde dans la nuit à deux yeux dans la nuit à cent crimes à neuf cent mille lieues d’ici équipages de poutres d’homme roulés dans leur faim que nourrit le fil à plomb
printemps tout ce jeune âge de l’enfance et ses tours de Babel bouleau des parquets de soleil dans les cheminées sumac de mousse et de terriers caravaniers d’avant-garde et sifflets entre les doigts
enroulement nu de vos mains au gré des pucelles jusqu’à ce que le sourcier des soifs et des sources agite les mollets de vos corps allongés sous la supervision des os entés à l’arbre de vie
peut-on vivre autrement sous les arrêts de l’exil et du soleil les bévues de l’aimée l’état de conscience modifié de l’amoureux goémons dans la cour des langues étrangères au plus large des caps et des deux jambes de la dulcinée qui fait la fête
mois de mai / mois d’été seins farouches aux bouts durs en quête d’une consolation rapide de / par l’aimé et le profane épuisé d’énervement mois ouvert sur les dalles et la mosaïque des passions de feuilles torturées durant l’hiver mois de seins de hanches et de jambes plus longues que l’habitat des mages
été des cerceaux de l’enfance des courses de gamin et des jeux de marelle des contes tirés sous la tonnelle des filles inhabituelles sur la piste d’élus mois de chants et de poèmes à la naissance des mousses et des fesses doubles
ces sentinelles de ma vie de bohème gendarmes de mes allées et venues sans cesse et telle qu’une parade sans hommes à l’anche des cimeterres Ô voiles d’immaculées
Ô vieillesse
automne des forêts permanentes porte-bonheur de tous ceux qui espèrent la naissance de l’orme et du genévrier imaginés dans la solitude des gestes et de nos amours dans le son froid des pluies de province et de la prochaine récolte
ce mois de frisquet qui encourage l’intransigeance du cormier vastes jours ouvrables aux caresses des orchidées perpétuelles messes chantées pour le miracle et l’audace de posséder la femme
frileuse saison et quelle que soit la recette de l’eau et des filles défendues ma ville est alarmée contre la désolation des épouses et la dérive des mômes abandonnées
charmes de la fureur d’aimer à toute allure sur cette terre pelée que je regarde sans langues que j’imagine entre les lignes d’une page fatiguée de toute l’obscénité monumentale d’une ville sans moissons
la vasque aux dames des récoltes de cannelle et guimauve à l’attention des défilés d’hommes perdus dans l’amphore des cimetières d’où surgissent poètes et imprimeurs des mots dans le fumier de la ville endormie
hiver des races sans engrais des capitales blanchies par les copeaux de neige à la pénible sensation d’habiter les corps d’ancêtres durs qui maîtrisaient le bois de chauffage dans la connaissance des femmes ignares que l’on ordonne
saison des amants à la tâche pour la synthèse de la chaleur d’aimer au vent des phrases possédées par la femme saison de la douleur de l’homme agité contre les mantes de l’amour myrtilles de l’amitié des petits enfants crayonnés pour la prochaine saison des cigales
tous mes témoins sont partis et je les réclame dans la nuit à deux yeux dans la nuit à deux cent crimes dans l’altitude des morts fleurs d’homme contrarié qui m’ont accompagné dans la métropole des mages passagers plus que prophètes dans mes livres et dans mes rémissions aux nœuds coulants
… car il y eut aussi des hommes dans ma vie ajustés aux nids des oiseaux
Comtés Saint-Léonard / Saint-Michel,
17 juin / 6 juillet 2004
|