Preuves

à mon père

“Le poème sera notre seule aventure
Nous l’écrirons avec des encres de couleur
Et nous le porterons tel une déchirure
Ce poème que nous n’apprendrons pas par coeur.”
                                                  (Charles Le Quintrec)

Saint-John Kauss
 

l’oeil / l’acquit des caravanes de poussière                                   donne d’une même chevauchée aux flèches des cathédrales

père / promu / poème à célébrer dans la récitation des pages d’un testament

poème après poème où les phonèmes sont habitables aux chemins de la source                                 d’un seul regard codé dans la halte des lettrines

d’enfants nés dans la charte des vertèbres                                   corps à corps incendiés dans le défilé des concubines interrogées à l’encre des épaves

de la grâce quémandée aux épousailles de l’amante et de l’aimé                                    voeux d’espérance de l’oiseau éhonté qui agonise malgré l’apport à l’échéance des flaques d’or --- de l’épi et des fragments de prose assermentés par l’oracle

père / poème / promu à l’injonction des syllabes                                   poète après Vilaire dans la révélation de l’aumônier brocanteur
l’apologue qui tisse les mots du paysage tentateur ou pénitent des femmes à l’apogée du langage et du bavardage des corps

poète après Vilaire qui forma voeu d’assumer la préséance brutale
des thèmes et des lieux
de mes amours qui ont marché vers l’exil
dans le mutisme des confidences et des désolations
que l’éphémère nivela à sa mesure

poète après Brierre ---- le grand barde des îles et des coeurs                                   qui fit voeu de s’approcher des grandes découvertes de la source et de la nuit en partageant les temps obscurs des matins dans le sang de l’homme à peau d’ébène

père / poète / promu à la marche des hommes
Commandant qui fit galoper les étoiles hostiles
mousse farouche aux noces des filles de joie
soif première qui dit l’audace des grands vents
si l’on se dit les malheurs du nouveau-né
je te donne alors les yeux d’une orgue bien vivante
pour rebâtir le domaine de la lumière et de mon enfance

Montréal, 25 octobre 2004

 

 
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