ne puis-je croire que je sais
le nom des mots à la belle syllabe
la superficie du silence et de l’étoile
polaire
juste pour une seule fois
ne puis-je croire à la géographie du poème
des lieux et aux saisons des hommes
des promesses si lointaines et aux souvenirs d’enfant
quoique pour une seule fois
le battement des artères s’achève sur le néant
dans la solitude des hommes une fois seuls
avec le cœur bien trop négligé
aux dialogues des poètes interdits
parias à chaque évolution des mots
à chaque imposition des femmes qui pleurent
après la pluie
ne suis-je pas né de la complicité
des hommes et des femmes de la frontière
qu’on assassine
d’un homme et d’une femme amoureux éternels
qui ont embrassé dans la joie
tous les péchés originaux
ô jours bienheureux dans la chair
Ô chair bienheureuse des motifs du poème
des dialogues et promesses inscrites dans la mélasse
et le mot de cœur du poète
condamné à errer dans les rues de la ville
la plus grande rue des ordures
Ô paria étonné qui fit sangloter l’algue
nous sommes tous déchus de nos villes endormies
lacunaires aux pas des nymphes émerveillées
nous sommes des enfants au cœur frais
des poètes aux mains larges de promesses
mais nous sommes habités par nos joies
nos amours sans cesse à recommencer
ne puis-je donc croire que je sais
le nom de la rose folle des mots
la géographie du silence
et quelques poèmes au faîte du désespoir
Ô Poésie belle à triompher
juste pour une seule fois
dialogues d’hommes libres et d’assistés
requêtes devinées d’homme seul avec la page
des pages inscrites au van de la félicité
de ce dialogue avec le poète
paria étonnant et sympathique
qui fit pleurer l’algue et la mer
quoique pour une seule fois
à l’embauchement d’un cœur qui bat
je te célèbre
frère dans les mots
Ô Poète qu’on lit sous la pluie
dans la plus haute tendresse
et dans le plus grand silence
Port-au-Prince, 16 juillet 2001
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