butineuse l’abeille exponentielle mêlée à la chair morte de l’adobe telle une Croisée inconsolable aux lippes des pages lourdes de nos filles mutilée la femme intégrale née dans le grès et dans l’accouplement immense de la sève brute des auges
la barre des jours vécus sur la chaussée plus large que les golfes et plus vaste que la révolution des hommes et leurs accents de grande tolérance
si près de l’ourlet de la phrase plus grave que la caution du condamné à revêtir la langue d’anses nouvelles et de chartes saisonnières
si près des petits mots nourriciers de la fumée des cathédrales plus basse que ces cornets de pluie
la pêche à la corbeille de femmes à mettre au lit des amours si proches de la délinquance et de nos premières défaillances réglementée en hauts lieux par l’Officiant en marche dans l’évocation des poètes oubliés qui furent des hommes tels qu’espérés
de si bons pisteurs que nous étions / qu’ils furent à la plénitude de nos demandes et sollicitations aux dieux de la rivière aux redresseurs de torts terrestres que l’on mesure dans l’éclosion des songes et des visions de haute tractation
dois-je t’interroger à la cueillette d’aranmacées de feuilles d’oponces et d’aloès baissant le ton à chaque pelletée de terre muette qui nous précède
dois-je bientôt annoncer l’insinuation parfaite de la libellule à l’entrée des forêts la mutation et l’alliance des basses îles de l’archipel aux villes saintes
statut de femmes réglées pour la magnificence en haute mer des gloses et des hommes de toute race
peau brune et ardente comme l’araine sur la berge
peau couleur d’argile comme des cruches dans le vent
peau blanche comme la neige à la sangle du bonheur
statut de filles immaculées et qui s’en vont au pas des hommes maquillés de rumeurs
hommes en quête de Belles à verrines
hommes en proie à la chaleur de filles minces et usagées
hommes sauvages jusqu’à l’intégration et dans l’urane de la nuit
mon refuge est un volcan au bilan lourd de porteuses d’histoires / de flancs de jeunes filles
associées à mon apprentissage au-delà des stances nouvelles
mon poème est fait de gantelets doux et de rotins de phonèmes imaginés sans que la fleur n’ait point commerce avec les cochenilles ivres de genièvre mon poème est une grande île d’arbouses nues dans la nuit
nous n’avions point tenu en liesse la libellule éduquée qui voyage entre les hommes libres et nos femmes
et pourtant dans l’oratoire dissident du dieu nouveau maître du luthier et des crécelles
j’ai pris la liberté d’offrir à chaque vague des hautes mers ma prise de tous les jours le souci des terres lointaines comme menuaille de même gîte
comme ce guéret si vaste et si austral que le Poète au gîte de sa bien-aimée témoigne de la rudesse des deux hanches des cannelures dans son ventre pour le passage des aveugles à la veillée du voyageur
nous fûmes nomades dans les berges amants sans chiffre des nourrices de plaisance --- hautes mangles sur l’étendue des cœurs que nous fûmes anneaux du haleur imaginaire que l’on fréquente à chaque mouvement d’hommes étranges
fût-ce sur la noyée des chroniques alezanes qu’il en soit fait du peuple des mots des poètes et grands songeurs de phrases lointaines qu’il en soit fait ainsi de la mémoire et de la parole du peuple des sans-gêne aux rampes des enchères et signataires d’aubes nouvelles
debout vers l’Arbre du péché qu’en est-il de nos filles amoureuses de l’océan des amours de jeunesse ouvertes à l’étale des songes
les Belles-de-nuit sont au hublot immortelles sur l’étendue des carcasses de vivants au vin de l’homme avec son dieu
partageons les dîmes / les femmes et les interrogations du voyageur qui se soucie de la jeune rose du prêteur à gages où gisent l’ardent et tant de rêves à nos histoires humaines
ô tant de morts sur la chaussée du quotidien des poètes
et tant de rumeurs à vérifier dans la stèle et le feu
ô Terre
Outremont (Montréal),
septembre 2005
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