"Métamorphoses"
(préface de Gérald Alexis)

Patrice Dilly - Philippe Bernard

Métamorphoses

Ce livre accompagnait l'exposition «Métamorphoses» qui a eu lieu à la Maison de l'Amérique Latine à Paris du 26 mars au 20 mai 2004 à l'occasion du Bicentenaire d'Haïti. Il présente le travail des Bosmetals et du peintre-sculpteur Lionel Saint-Éloi.

Auteurs: Patrice Dilly, Philippe Bernard Préface de Gérald Alexis Publié par Vents d'ailleurs en mars 2004.

Patrice Dilly et Philippe Bernard, sous le «charme» du métal forgé

Le Nouvelliste, 17-18 mai 2005

En plus du plaisir qu'ils éprouvent de contempler les sculptures et fers des «Bos métal d'Haïti», Patrice Dilly et Philippe Bernard semblent saisir la manière dont les artistes sidérurgiques s'épient et se plient aux exigences de leur art. Strident. Aérien. Dans «Métamorphoses», ouvrage paru en français et en anglais aux «Editions Vents d'ailleurs» (France), ils s'appliquent à revisiter la culture haïtienne ou quelques-uns de ses arrêts commandés. Le vodou, l'art de la métamorphose; l'imaginaire merveilleux... tout y est.

«S'il vous arrive de traverser la nuit, la plaine de l'Artibonite, on vous dira peut-être que les boeufs que vous voyez couchés dans les champs sont des hommes changés en bêtes pour surveiller les récoltes. Ils ont été métamorphosés», écrit l'historien de l'art haïtien bien connu, Gérald Alexis dans sa préface d'une très belle facture et écrite sans alchimie ni hermétisme.

Patrice Dilly se consacre depuis quelque temps à l'art haïtien. Avec son épouse Sylvie, il a créé le Centre d'Art haïtien Espace Loas à Nice (France). Ses liens d'amitié et privilégiés avec la Communauté des Bòsmetal de la Croix-des-Bouquets, le peintre-sculpteur Lionel Saint-Eloi et d'autres artistes lui ont permis de mieux cerner l'expression artistique du terroir.

Quant à Philippe Bernard, journaliste, navigateur et photographe, il a fait une rencontre déterminante avec la littérature haïtienne. Docteur en Littérature comparée à la Sorbonne-Paris-1V, il est actuellement professeur de lettres dans le Sud de la France. Auteurs de «Rêve et littérature romanesque haïtienne» (L'Harmattan, 2004), l'univers culturel de notre pays ou ce qu'il en reste lui intéresse au premier plan.

«En Haïti, note-t-il, la pratique de la récupération est élevée au rang d'art. Ainsi, tous les récipients métalliques, par la grâce de quelques coups de burin, de marteau, de soudure, bénéficient d'une nouvelle vie: cuves, braseros ou réservoirs pour les plus gros, mais les plus petits ne sont pas oubliés; gridap (lampes à pétrole locales réalisées à partir de bottes de lait condensé), valises (à base des canettes alu (...), tambours métalliques pour la musique des rara et carnavals, et même jouets en forme de taptap miniature».

Dans «Métamorphoses» c'est toute une variété de créatures des Bòsmétal qui est passée en revue: le fer battu et recyclé, les haut-lieux vodou du milieu, les sociétés secrètes à but criminel qui vous ôtent toute envie d'aller vous promener la nuit soudain trop noire, le ciselage de la tôle, les créatures révélées par la magie de ces fers sauvés d'un enfer promis par la grâce d'un geste, bref toutes les facettes de l'art haïtien de la forge attirent l'attention de ces deux talents étrangers dont le livre sur la culture haïtienne vaut véritablement la peine d'être lu. Et dire que ce qui rapproche de nous cet ouvrage est plus évident que ce qui nous en sépare en cette décennie du Bicentenaire de l'indépendance.

Robenson Bernard